Мои воспоминания. Под властью трех царей

Lorsque du premier bal, la gr^ace enchanteresse
Verse `a flots ses tr'esors de lumi`ere et de fleurs,
Et que d’un air dansant, le son rempli d’ivresse
Vous fait r^ever, enfant, et palpiter le coeur,
Lorsque d’un pas l'eger, vous parcourez la salle
Au son brillant de l’air, qui gaiement retentit
Et que l’oeil anim'e, vous effleurez la dalle,
Le plaisir est bien grand et votre coeur bondit.
Mais apr`es ce plaisir, o`u l’^ame s’abandonne
Que reste-t-il, enfant? Un brillant souvenir?
Pas toujours, et d'ej`a, votre coeur en frissonne,
Au souvenir se joint un douloureux soupir.
Lorsqu’en rentrant du bal, votre t^ete se penche
Sur la main d'egant'ee ou brillent des joyaux
Quel sont tous les pensers dont votre esprit s’'epanche,
Pourquoi sont-ils amers, vos sentiments nouveaux?
Pourquoi le lendemain voit-on planer une ombre
Sur votre bleu regard hier encore si riant?
Pourquoi ce front candide a-t-il pris un air sombre
Lorsque la veille encore il 'etait si brillant?
Pourquoi vous surprend-on `a faiblement sourire
Pendant un long r'ecit, que vous n’'ecoutez pas
Et lorsque par hasard, d’heureux 'eclats de rire
S’'echappent pr`es de vous, soupirez-vous tout bas?
Ah! c’est que votre esprit est au bal de la veille,
C’est qu’il vous montre encorе ses tableaux enivrants
C’est que des mots flatteurs enchantent votre оreille
Pendant qu’autour de vous babillent des enfants.
Autour de vous toujours, le quadrille se presse
Vous vous sentez encore dans le flot tournoyant
Et vos regards ferm'es contemplent dans l’ivresse
La foule admiratrice `a vos pas s’attachant.
Et si dans cette foule, un ^etre se d'etache
Pour qui, pr^ete `a rougir, tu sens battre ton coeur,
Vers qui le plus souvent ton souvenir s’attache
Et redit mille fois son compliment flatteur,
Enfant! Je t’en conjure, ah! Laisse-l`a ce r^eve,
Ce plaisir dangereux qui trouble ton repos,
Renverse les ch^ateaux que ton 'esprit 'el`eve.
Ne fais point le roman, dont il est le h'eros.
Retourne `a tes devoirs, `a ton Dieu, vers ta m`ere,
Cesse, ma pauvre enfant, ces r^eves de langueur,
Ce n’est pas pour r^ever que l’on est sur la terre.
Au foyer seulement se trouve le bonheur!333