Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

« Nos sujets d'Italie sont naturellement plus dissimulés que le sont les citoyens de la France, écrit-il à Eugène. N'accordez votre confiance entière à personne... Parlez le moins possible, vous n'êtes pas assez instruit et votre éducation n'a pas été assez soignée pour que vous puissiez vous livrer à des discussions d'abandon. Sachez écouter... Quoique vice-roi, vous n'avez que vingt-trois ans... Montrez pour la nation que vous gouvernez une estime qu'il convient de manifester d'autant plus que vous découvrirez des motifs de l'estimer moins. Il viendra un temps où vous reconnaîtrez qu'il y a bien peu de différence entre un peuple et un autre. »

Le peuple ? Il l'observe, il l'écoute tout au long du voyage de retour en France, dans les premiers jours du mois de juillet 1805.

Dans les environs de Lyon, il fait arrêter la berline sur un chemin de traverse. La foule, dans les champs, va vers la route, sans doute pour l'acclamer, le voir.

Il descend de voiture et commence à marcher en se dirigeant vers la petite montagne de Tarare. Il éconduit ceux qui veulent le suivre. Il désire être seul, se mêler à la foule, voir le peuple.

Personne ne le reconnaît. Il monte lentement, interroge une vieille femme. Que fait-elle là ? L'Empereur va passer, dit-elle.

Il bavarde avec elle, guettant ses moindres mimiques.

Elle est le peuple qui vit loin des palais.

- Vous aviez le tyran Capet, dit-il, vous avez le tyran Napoléon. Que diable avez-vous gagné à tout cela ?

Il se penche sur la vieille femme. Il lit son désarroi sur son visage ridé.

- Mais pardonnez-moi, Monsieur, dit-elle. Après tout, il y a une grande différence.

Elle hoche la tête, sourit, malicieuse.

- Nous avons choisi celui-ci, et nous avions l'autre par hasard.

Elle hausse la voix.

- L'un était le roi des nobles, l'autre est celui du peuple, c'est le nôtre !

Napoléon redescend d'un pas vif la côte. Il sifflote et prise.

- J'aime le gros bon sens qui court les rues, dit-il à Méneval. Puis il monte dans la berline.

34.

Est-ce la chaleur lourde de cette fin de juillet 1805 ? Ou bien est-ce l'attente des nouvelles des escadres ? Mais, plusieurs fois par jour, Napoléon se laisse emporter par la colère. Il convoque Murat, qui arrive empanaché dans son uniforme de grand amiral et prince, de Grand Aigle de la Légion d'honneur, de chef de la 12e cohorte, qui parle, avant qu'on l'interroge, de la collection de tableaux qu'il a réunie dans son palais de l'Élysée !

C'est bien le moment et le lieu de parler de tableaux ! Où en sont les troupes ? Manœuvrent-elles ? Les fournitures sont-elles assurées ? Murat bafouille.

Napoléon s'emporte dans le parc du château de Fontainebleau, marche le long des pièces d'eau.

Le temps est orageux, mais l'averse ne tombe pas et la chaleur s'entasse sous un ciel bas que fracturent les longs éclairs.

C'est comme si l'électricité de la foudre glissait sur ma peau.

Napoléon frissonne. Il rentre.

Quelles nouvelles ? Où sont ces amiraux ? Que fait Ganteaume ? Que fait Villeneuve ? Sait-on où se trouve Nelson ?

Il écrit à Ganteaume : « De grands événements se passent ou vont se passer ; ne rendez pas inutiles les forces que vous commandez... Ayez de la prudence mais aussi de l'audace. »

Il écrit à Villeneuve : « Pour le grand objet de favoriser une descente chez cette puissance, l'Angleterre, qui, depuis six siècles, opprime la France, nous pourrions tous mourir sans regretter la vie. Tels sont les sentiments qui doivent animer tous mes soldats. »

Il examine, penché sur sa table de travail, les états des différentes flottes : soixante-quatorze navires pour les Français et les Espagnols, à peine cinquante-quatre pour les Anglais !

Mais qu'attendent donc les amiraux pour agir !

Il se sent ligoté, englué. La chaleur poisseuse colle à la peau. Les courriers partent, avec mission de crever les chevaux mais d'atteindre Brest, Vigo ou Cadix sans jamais faire halte.

Comment se décider s'il ne sait pas où sont, que font les escadres ?

Pendant ce temps, Talleyrand le confirme, l'Angleterre pousse l'Autriche à s'engager dans le conflit, et la Russie a déjà partie liée avec Londres. Si Vienne ose, alors...

Il reçoit Cambacérès et le ministre des Finances, Barbé-Marbois.

Napoléon se tient debout devant la croisée ouverte. Pas un souffle de vent. Si, sur l'océan, le temps est identique, alors jamais les flottes n'atteindront Boulogne.

Il se tourne vers Cambacérès. L'archichancelier est inquiet. Barbé-Marbois est encore plus préoccupé. Les financiers renâclent, explique-t-il. Ils nous serrent à la gorge. Ils craignent l'entreprise hasardeuse de l'invasion de l'Angleterre.

Napoléon se met à marcher, les mains derrière le dos.

- Rassurez les hommes d'argent, dit-il d'une voix sourde. Que peut-il contre eux ? que peut-il sans eux ?

- Faites-leur entendre, reprend-il, qu'il ne sera rien hasardé qu'avec sûreté.

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