Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Il sait bien que Talleyrand, évêque ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé, attaché au mariage des prêtres - et pour cause, il songe à se marier - est réticent à cet accord. Et bien d'autres, idéologues, savants comme Monge ou Laplace, généraux qui font profession d'athéisme, et tant de voltairiens d'occasion sont hostiles à tout rapprochement avec le pape.

Que comprennent-ils à ma politique ? Pour pacifier et tenir le pays, il faut un retour à la religion.

Il l'a expliqué aux uns et aux autres. « Après une armée victorieuse, je ne connais point, dit-il, de meilleurs alliés que les gens qui dirigent les consciences au nom de Dieu. »

Il faudra le redire. Et surtout prendre en main directement la négociation, comme chaque fois que l'enjeu est d'importance. Et lequel ne l'est pas quand on gouverne ?

C'est pour cela que le diplomate François Cacault est parti pour Rome avec des instructions précises. « Traitez le souverain pontife comme s'il avait deux cent mille hommes ! » lui a dit Napoléon.

Mais ce n'est pas parce que l'adversaire est puissant qu'il faut le ménager ou capituler devant lui.

Après tout, Henri VIII a fondé la religion anglicane. D'autres souverains sont protestants. Et les rois de France étaient gallicans !

Pourquoi faudrait-il que je m'incline ?

L'abbé Bernier vient à sa rencontre. Napoléon a confiance dans cet ancien agent général de l'armée vendéenne, rallié par ambition et réalisme. Bernier a un corps de paysan, mais il parle avec la douceur persuasive d'un curé et possède l'intelligence et l'habileté d'un jésuite.

Mgr Spina vient d'arriver, annonce Bernier. Il faut l'accueillir avec urbanité et en même temps l'inquiéter, lui montrer qu'on ne cédera sur rien d'essentiel. Lui faire comprendre qu'il peut en coûter cher à la papauté si elle refuse l'accord. Elle perdra les Légations, ces territoires auxquels elle tient.

Dès les premières phrases, Napoléon voit passer l'inquiétude dans les yeux de Mgr Spina. Il faut l'impressionner plus encore, renoncer au langage douceâtre et dissimulé de la diplomatie romaine.

- C'est avec moi qu'il faut vous arranger, dit Napoléon tout en marchant dans le salon.

Parfois il s'arrête pour aspirer une prise de tabac.

- C'est en moi qu'il faut avoir confiance, reprend-il, et c'est moi seul qui peux vous sauver !

Il s'approche de l'archevêque.

- Vous réclamez les Légations ? Vous voulez être débarrassé des troupes françaises ? Tout dépendra de la réponse que vous ferez à mes demandes, et particulièrement au sujet des évêques.

Spina se tasse sur son siège. Il balbutie. C'est comme si chaque mot que prononçait Napoléon le frappait.

C'est maintenant qu'il faut donc charger furieusement, comme à la guerre.

- Je suis né catholique et je n'ai rien plus à cœur que de rétablir le catholicisme, commence Napoléon d'une voix lente.

Puis tout à coup il parle sur un ton saccadé.

- Mais le pape s'y prend de manière à me donner la tentation de me faire luthérien ou calviniste, en entraînant avec moi toute la France.

Maintenant il martèle les phrases, les accompagnant d'un mouvement de la main.

- Que le pape change de conduite et qu'il m'écoute ! dit-il. Sinon, je rétablis une religion quelconque, je rends au peuple un culte avec les cloches et les processions, je me passe du Saint-Père et il n'existera plus pour moi.

Il tourne le dos à l'archevêque, se dirige vers le parc, et lance :

- Envoyez aujourd'hui même un courrier à Rome pour lui dire tout cela.

Il est satisfait. Au moment de quitter la Malmaison, Spina a parlé avec la douceur de quelqu'un qui est déjà soumis.

« On peut donner une impulsion aux affaires, dit Napoléon à Talleyrand, après elles vous entraînent. »

Il est persuadé d'avoir trouvé le ton juste, celui de quelqu'un qui ne se laisse pas impressionner par un adversaire, fût-il le pape. Il sait ce qu'il veut, un concordat qui lui laisserait le droit de désigner les évêques. L'accord rendrait à la papauté l'autorité sur l'Église de France, mais en échange de la perte de sa prééminence. Le catholicisme ne serait plus que la religion pratiquée par le Premier consul, et l'Église renoncerait à ses biens vendus comme biens nationaux.

Il est sûr d'avoir les meilleures cartes en main dès lors qu'il ne craint pas de les jouer. Et un homme, fût-il pape, pourrait-il l'en empêcher ?

L'abbé Bernier lui a confié que Spina a murmuré que le Premier consul lui « fait perdre la boussole ».

Tant mieux ! C'est ainsi qu'on l'emporte.

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