Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Napoléon, tout en gagnant son cabinet, donne ses instructions à Talleyrand qui le suit à quelques pas.

Le nouvel ambassadeur de Russie, Markof, vient d'arriver à Paris.

- Demandez-lui des passeports pour la Russie, où je désire expédier un officier, le citoyen Caulaincourt, colonel des carabiniers.

Napoléon fait signe à Talleyrand qu'il peut s'asseoir, mais celui-ci se contente de poser la main sur le dossier d'une chaise.

- Je veux, dit Napoléon, que l'on fasse comprendre à Markof que cet officier doit avoir une communication directe avec Sa Majesté l'empereur Alexandre.

Talleyrand approuve.

Il faut toujours écarter les entourages, essayer de parler en tête à tête avec celui qui décide.

J'ai la certitude alors de pouvoir le convaincre.

Et il faut parler sans détour, comme je l'ai fait avec le cardinal Consalvi. Dire à Markof, qui s'est plaint au nom de la Russie que la France occupe le Piémont et lèse ainsi le roitelet de Sardaigne : « Eh bien, qu'elle vienne le reprendre ! »

Les diplomates et les souverains ne sont que des hommes comme les autres.

A-t-il, même quand il n'était qu'un lieutenant en second de seize ans, jamais pensé autrement ? Peut-être, lorsqu'il songeait à Pascal Paoli, imaginait-il qu'il s'agissait là d'une personnalité hors du commun, supérieure à toutes les autres ? Puis, à Corte, il a approché Paoli, et les illusions se sont dissipées. Et, depuis, il a vu tant d'hommes de toute sorte qu'à trente-deux ans il a le sentiment de ne plus pouvoir être surpris.

Il a, si jeune, conduit des milliers d'hommes à la mort. Il a ordonné qu'on ouvre le feu sur d'autres. Il a fait fusiller. Il a refusé la grâce des condamnés.

Il se souvient du camp de Jaffa, du désordre qui régnait parmi les soldats, des femmes qu'ils avaient avec eux et de l'ordre qu'il avait donné de rassembler toutes ces femmes qui semaient le trouble dans le camp, dans la cour du lazaret. Elles furent conduites là, toutes.

Une compagnie de chasseurs les attendait, et elle ouvrit le feu. Il en avait donné l'ordre.

Il sait qu'on le traita, ce jour-là, de « monstre inhumain faisant verser le sang plus par plaisir que par nécessité ».

Il n'est atteint ni par ce souvenir, ni par ce jugement qu'il lut alors, écrit dans des lettres d'officiers.

Que savent-ils, ceux qui me jugent, de la nécessité qui empoigne celui qui commande ?

« Il y a des cas où dépenser des hommes est une économie de sang. »

C'est pour toutes ces guerres qu'il a faites et gagnées qu'il veut la paix.

Il le répète à Talleyrand. Il faut faire comprendre à l'Angleterre que le désir de conclure un traité est sincère.

- Expliquez-leur, citoyen ministre, que, dans la position où se trouve la France, je fais de la diplomatie avec toutes les puissances et que j'ai pris pour règle de ne jamais donner une teinte de mauvaise foi.

Talleyrand entend-il ?

Napoléon hausse le ton. Talleyrand doit, comme dans la négociation avec le pape qui n'en finit pas, fixer une limite.

- Si on veut nous pousser plus loin, je suis décidé à rompre, et je veux que tout soit fini avant le 10 vendémiaire (2 octobre).

Napoléon s'avance vers Talleyrand :

- Dites cela avec quelque fierté : ils risquent de tout perdre, comme l'empereur d'Autriche, s'ils veulent avoir davantage.

Mais que peuvent les mots si les armes, la force ne les soutiennent pas ?

Napoléon convoque les généraux et les préfets : il veut que de la Gironde aux bouches de l'Escaut, on construise des redoutes, on rassemble des pièces d'artillerie, on arme des navires de toutes tailles, on mette en place partout les postes du télégraphe. L'Angleterre doit craindre l'invasion et savoir qu'elle ne peut rien contre la République. La flotte de Nelson a, à deux reprises, été repoussée à Boulogne par l'amiral Latouche-Tréville. Voilà l'exemple qu'il faut suivre. C'est à coups de canon qu'on fait entendre raison.

Le 11 octobre 1801, à la Malmaison, un courrier apporte la nouvelle : les préliminaires de paix ont été signés à Londres. L'Angleterre s'engage à restituer leurs colonies à la France, à l'Espagne et à la Hollande. Malte sera rendue aux chevaliers de Saint-Jean, et l'île d'Elbe sera sous la souveraineté française.

Napoléon médite quelques minutes, tenant la dépêche en main. Rien n'est dit sur l'extension territoriale de la France sur le continent ; la Louisiane, Saint-Domingue, le commerce maritime ne sont pas davantage mentionnés. On a évité ainsi ce qui faisait vraiment question.

« Qu'on fasse tonner le canon, dit Napoléon. Et qu'on proclame la signature dans Paris, ce soir, avec des flambeaux. »

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