La presse du Parti reprend ses invectives contre le RPF à maintes occasions: au mois d’octobre 1947 lors des élections municipales, le 17 juin 1951, jour des élections législatives, en avril-mai 1953, en commentant les élections municipales, les dernières auxquelles le RPF a pris part. Les jugements sur le RPF dont les activités se réalisaient en pleine guerre froide restaient toujours les mêmes: «Comploteurs du RPF qui visent à priver les Français de toutes leurs libertés»[599]
; «parti pro-américain» et «clique de De Gaulle»[600], «soutien des forces réactionnaires, pro-fascistes»[601]. La presse soviétique accusait le RPF non seulement d’avoir l’intention de subordonner les intérêts de la France à ceux de l’impérialisme américain – ce qui était diamétralement opposé au but de De Gaulle d’assurer «la grandeur nationale de la France» – elle condamnait aussi sa soi-disant volonté «d’instaurer en France une dictature fasciste», contre laquelle le Général a lutté de façon intrépide, persévérante et conséquente durant les années de la Deuxième Guerre mondiale. Telles sont les caractéristiques les plus frappantes du RPF à l’époque: «Le parti néo-fasciste de De Gaulle qui s’est attribué le nom menteur de «Rassemblement du peuple français» met en exécution le programme et la tactique qui ne sont que los répliques françaises du programme et de la tactique du fascisme allemand et avant tout du fascisme italien»[602]. Le RPF et de Gaulle personnellement «sont soutenus par le bloc des partis réactionnaires agissant sur l’ordre de Washington pour frayer le chemin à de Gaulle, candidat au dictateur fasciste»[603].Après les élections législatives de 1951, la
D’autres journaux soviétiques reprennent les invectives de l’organe du CC du PCUS. Entre autres, la
Si la presse soviétique ne justifie généralement pas ses opinions négatives au sujet du RPF et ne cite jamais le programme de ce parti, les archives appartenant naguère au PCUS[606]
témoignent d’une autre approche. Ayant des contacts constants et suffisamment étroits avec les responsables du mouvement communiste français, les fonctionnaires de la section internationale du CC du PCUS suivent avec attention les activités du RPF, étudient les orientations de son programme. Néanmoins, la guerre froide, le regain de la répression en URSS, l’hystérie anti-impérialiste toujours plus intense, l’hostilité à l’égard de tout «parti bourgeois», «défenseur du régime capitaliste», toutes ces particularités du moment contribuent au fait que les documents du Parti de même que la presse soviétique officielle attribuent à l’activité de De Gaulle et de son Rassemblement des caractéristiques défavorables, le plus souvent injustes et fausses, basées sur les informations largement subjectives fournies au CC du PCUS par les dirigeants du Parti communiste français. Suivant le principe que «celui qui ne se range pas du côté du PCF est l’ennemi du socialisme», le mouvement gaulliste était présenté comme la menace principale à l’indépendance nationale de la France et au maintien du régime républicain. L’intention de De Gaulle d’instaurer «un pouvoir fort» est considérée comme sa volonté d’établir la dictature; l’idée gaulliste de «grandeur nationale» est interprétée comme une preuve de la «politique impérialiste d’expansion»; les réformes sociales avancées par le RPF – comme celles n’ayant pour but que de détruire la solidarité de classe des travailleurs français afin «d’intensifier par la suite leur asservissement par le grand capital»[607].