Une nouvelle étape dans l’étude du gaullisme, et de l’histoire politique du RPF en particulier, s’est ouverte au tournant des années 1960–1970 et surtout après la mort du général de Gaulle, en 1970. Les mérites de De Gaulle en tant que chef de la France libre et premier président de la Ve
République sont reconnus dans le monde entier. Le 10 novembre 1970, dans le télégramme du Gouvernement soviétique adressé à Georges Pompidou, nouveau président de la République, on lit: «Homme d’État éminent ayant un haut prestige moral international, le général de Gaulle a beaucoup fait pour faire renaître la grandeur de la France sur la voie de l’indépendance politique… Il a joué un rôle primordial dans le rapprochement entre l’Union soviétique et la France dans le climat de la détente, dans l’esprit de la sécurité européenne et de la coopération entre tous les pays»[628]. Toute la presse soviétique a publié ce télégramme. Dès ce moment-là les historiens soviétiques deviennent plus objectifs et plus libres dans l’appréciation de la politique de De Gaulle et du RPF, son premier mouvement.Les communistes français eux aussi formulent des appréciations plus pondérées a objectives de l’activité du général de Gaulle. Au XXIe
congrès extraordinaire du PCF qui s’est tenu en 1974, le secrétaire général, G. Marchais, déclare que dans la personnalité du général de Gaulle les Français voient «le symbole de l’indépendance et de la grandeur de la France»[629]. Dans les années 1960–1970 les chercheurs français, en premier lieu le politologue J. Charlot, publient une série de monographies sur l’histoire du gaullisme[630]. On voit apparaître un grand nombre de mémoires gaullistes. Les historiens soviétiques commencent à étudier les sources sur l’histoire du gaullisme, à se familiariser avec les études des spécialistes du gaullisme de l’historiographie française, La sphère des intérêts des chercheurs soviétiques s’élargit. Ils accordent une grande attention à l’étude des documents du programme du RPF, de ses rapports avec les autres partis de la IVeRépublique, des raisons de son essor politique rapide. Il est vrai que les historiens soviétiques ne mettent pas en doute la caractéristique du RPF comme d’un parti bourgeois de droite. Mais en même temps ils commencent à étudier son activité sous un autre aspect: en premier lieu, du point de vue du développement du réformisme bourgeois français.Il faut citer avant tout la monographie de l’historienne T. Fadeeva intitulée
Il existe, à l’époque, dans l’historiographie soviétique une autre conception du gaullisme qu’une partie des chercheurs soviétiques considère comme l’idéologie du capital monopoliste d’État. Par exemple, l’historien kazakh J. Ibrachev dans son livre
Au début des années 1980, on voit paraître trois monographies consacrées aux aspects différents de l’histoire de la IVe
et de la VeRépubliques[634]. Leurs auteurs étudient l’activité du RPF en rapport avec les problèmes de la vie politique sous la IVeRépublique ou en rapport avec l’évolution du gaullisme.