Читаем Oms en série полностью

Il répéta son appel, se retourna pour fuir, et s’étala de tout son long, la tête pleine des échos douloureux d’un coup de gourdin.

Un grand om noir se pencha sur lui en ricanant, le jeta comme une plume sur son épaule et courut vers le Buisson.

D’autres silhouettes vinrent à sa rencontre. Des questions se croisèrent.

— Qu’est-ce qu’il a dit?

— C’est un de la bande de Brave?

— J’ai rien compris.

— Qu’est-ce qu’on en fait?

— Dis-le à la Vieille!

Terr eut vaguement conscience d’être porté de main en main. Il échoua brutalement sur un tas de foin. Une giclée d’eau en pleine figure rappela ses sens.

Il s’assit en secouant la tête et se vit au milieu de visages inconnus. Devant lui, une silhouette recroquevillée. Une vieille ome noire, aux membres secs, à la chevelure blanche et crépue, le considérait sans bienveillance. Une pluie de questions rauques s’abattit:

— Que faisais-tu sur not’ territoire?

— Je… venais vous avertir.

— De quoi?

— De la désomisation de demain. Les draags…

— Tiens, tiens! Et qui t’a dit de venir nous avertir?

— Personne. C’était une idée personnelle.

— Une idée quoi?

— Personnelle. Une idée à moi.

— Tu causes comme un draag, petit. Pourquoi que tu causes comme un draag?

— On me l’a déjà dit. C’est parce que j’ai passé mon enfance chez les draags, et parce que je me suis un peu instruit.

— Ouais… Rigolez pas, vous autres, laissez-le s’expliquer un peu. Alors, comme ça, tu venais nous avertir que… quoi donc?

— Les draags vont désomiser. Ils vont tuer tous les oms du parc, ou les faire prisonniers, je ne sais pas… C’est inscrit sur l’écriteau, à la porte du parc.

Un grand om aux cheveux rouges l’interrompit:

— L’écoute pas, Vieille, c’est un truc de la bande à Brave pour nous faire quitter le Buisson!

— Ferme-la, Rouquin, dit la vieille. Et toi, petit, comment sais-tu ce qu’il y a sur l’écriteau?

— Je l’ai lu. J’ai appris à lire chez les draags, et ça rend toutes sortes de services.

La vieille se gratta les cheveux à deux mains puis, fatiguée de chercher un pou, fit signe à l’om noir qui avait assommé Terr.

— Gratte-moi, fils.

L’om noir lui étrilla vigoureusement la tête avec ses ongles.

— Ça va, ça va, dit la vieille. Et maintenant…

Elle attira son fils et lui dit quelque chose à l’oreille.

L’om noir s’éloigna sous une voûte de branches entrecroisées.

— Maintenant que vous êtes au courant, risqua Terr, je voudrais bien retourner avec Brave. Je…

— La ferme! dit l’ome.

Et comme il insistait, le rouquin lui envoya une gifle qui le fit rouler sur le tas de foin.

Furieux, Terr se releva lentement, l’œil mauvais. Et d’un seul coup, sans prévenir, il bondit sur son adversaire et lui envoya dans l’estomac un coup de tête qui le plia en deux.

Les autres s’en mêlèrent. Une pluie de coups abrégea sa victoire, il sentit sa main se nouer sur une gorge, ses dents crocher dans un bras et reperdit connaissance.


Quand il rouvrit les yeux, il se sentit ligoté. Des liens métalliques enserraient ses chevilles et ses poignets. Devant lui, la vieille ome se tordait de rire.

— Ben vrai! Ah! Ben vrai, tu m’en as amoché trois, petit! Hé, vous autres, ah, ah, le petit vous a donné du mal, pas vrai? C’est encore jeune, bien sûr, mais dans quelques jours, quand il aura grandi, ça fera un fameux gaillard!

Elle s’enroua dans une toux pénible, sa gorge siffla. Elle parut perdre la respiration et reprit enfin le contrôle d’elle-même, haletant et s’essuyant les yeux.

— Ouais, dit-elle plusieurs fois, ouais, ouais.

Puis se tournant vers son fils:

— Donne ça, toi.

L’om noir lui tendit un grand carré de papier bariolé. Elle le déplia devant Terr et cligna un œil.

— Voilà une étiquette, dit-elle. Si tu sais lire, dis-moi donc si ce qu’il y avait dans la boîte est bon à manger.

Terr se tut, il n’avait pas digéré sa correction. La vieille rit encore.

— Regardez-le, dit-elle, non, mais regardez-le! Ça boude, ça a mauvais caractère!

Puis soudain plus sérieuse:

— Écoute, petit. Tu me plais. J’aime bien les gars comme toi, durs et tout. T’es jeune, mais tu promets, pour sûr! Alors voilà. J’aurais plutôt envie de te croire, pour la… désomation. Mais je veux être sûre, tu comprends, sûre que tu m’as pas raconté des blagues. Si tu me réponds juste pour cette étiquette, je te laisse filer… Compris? Alors, dis-moi si c’est bon à manger, ce que dit l’étiquette. Prouve un peu que tu sais lire.

— Ça ne se mange pas, jeta brusquement Terr, c’est de la pâte Irsaan, pour colorer les vêtements des draags! De la pâte verte!

La vieille jeta autour d’elle des regards ravis.

— Bravo, dit-elle. Déliez-le, vous autres.

De mauvaise grâce, les oms obéirent et Terr se trouva libre en un clin d’œil.

— T’en vas pas tout de suite, dit la vieille tandis que l’adolescent se massait les poignets.

Elle s’approcha et lui parla sous le nez:

— Je te laisse filer, petit gars, mais si je m’aperçois que j’ai eu tort, prends garde. Je te retrouverai toujours! Au contraire, si tu nous as pas raconté des blagues, tu pourras toujours me demander quelque chose si tu en as besoin.

— J’ai dit la vérité, déclara Terr.

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