Olivier de La Marche merite d'etre nomme en premier lieu parmi les chroniqueurs qui glorifiaient la cour bourguignonne. Il grandit a la cour des ducs de Bourgogne et a passe toute l'echelle des promotions, en commencant par l'office de page jusqu'au maitre d'hotel et au capitaine de la garde. A la cour des ducs de Bourgogne, il y avait beaucoup de descendants de leurs possessions septentrionales, voire etrangers. A l'oppose, Olivier de La Marche etait bourguignon: il appartenait a un noble famille originaire de Bresse au comte de Bourgogne et fut baptise a l'eglise de Villegaudin pres de Chalon-sur-Saone dans le duche de Bourgogne. La date de naissance d'Olivier de La Marche eveilla une discussion dans l'historiographie, mais on sait qu'en 1439, il entra au service du duc de Bourgogne Philippe le Bon. Bien sur, ce n'etait pas sans patronage. Ses parents etaient Philippe de La Marche et Jeanne de Bouton. Ces familles avaient deja ete sont en service bourguignon depuis de nombreuses annees. Apres la mort du pere d'Olivier de La Marche, son oncle du cote maternel Jacques de Bouton a contribue a son introduction a la cour de Guillaume de Luyrieux et de son epouse Anne de La Chambre, comme les familles de Luyrieux et de Bouton etaient en relations etroites. Ce fut Luirieux qui le presenta en 1439 a Antoine de Croy, premier chambellan et consillier de Philippe le Bon, qui, a son tour, sollicita son acceptation a la cour ducale. Grace a ce patronage, La Marche devint page d'une des plus influente et puissante personne de l'Europe du Moyen Age tardif. Puis, il faisait une brillante carriere aupres de Charles le Temeraire, fils de Philippe le Bon. Il servait en tant que premier maitre d'hotel et capitain de son garde. Aussi connaissaitil la cour bourguignonne de l'interieur.
En organisant la vie quotidienne de la cour pendant trente ans, Olivier de La Marche l'a appris a fond et l'a reflete dans ses oeuvres. On attribue a La Marche environ 15 poemes et 8 traites. Les Memoires, son ouvrage le plus grand et le plus celebre, fut finit peu avant sa mort en 1502. Les oeuvres d'Olivier de La Marche et surtout ses Memoires sont traditionnellement consideres comme la quintessence de l'idee chevaleresque bourguignonne.
Dans ce livre, nous tenons a presenter au lecteur deux traites appartenant a Olivier de La Marche qui sont lies a l'histoire de la cour bourguignonne. Il s'agit de Estat de la maison du duc Charles de Bourgoingne, dit le Hardy, dont le but etait de decrire la cour de Charles le Temeraire et de Traite des nopces de monseigneur le duc de Bourgoingne et de Brabant, choisi comme un des temoignages les plus frappants du ceremonial bourguignon.
Le titre Estat de la maison du duc Charles de Bourgoingne, dit le Hardy parle de luimeme: le traite est consacre a la description de la cour de Charles le Temeraire. Selon Olivier de La Marche luimeme, il fut acheve en novembre 1474 lors du siege de Neuss, en Allemagne. Le texte fut redige par ordre d'avitailleur de Calais. Cette ville, le seul que les Anglais gardaient en France apres la fin de la guerre de Cent Ans, restait dans une certaine mesure en etat de siege, de sorte que l'office d'avitailleur etait d'une importance strategique. Il faut mentionner que le traite fut ecrit pendant les reformes que Charles le Temeraire engaga dans tous les domaines de gestion de ses terres. Le recit d'Olivier de La Marche reflete ces transformations conformement a la nouvelle ordonnance de la cour signee en 1474. Par ce document, Charles le Temeraire augmenta significativement le nombre de membres de son hotel et introduisit egalement de nouveaux postes qui n'existaient pas auparavant, par exemple, ceux de pensionnaires et de grand maitre d'hotel. Olivier de La Marche fait aussi l'attention aux changements dans la sphere de l'organisation militaire de la cour. En poursuivant la reforme de l'armee, le duc Charles le Temeraire reorganisa sa garde, qui comprenait les ecuyers de quatre services de la cour (echansons, panetiers, ecuyers trenchants et ecuyers d'ecurie). Au debut, la garde fut divisee en dix douzaines, dirige par un dizenier, tandis qu'apres la reforme chaque service commenca a former un escadron distinct, a l'interieur duquel se distinguaient quatre «chambres». Les seuls changements qui n'ont pas ete refletes dans le texte d'Olivier de La Marche concernent l'organisation de la procedure juridique. La Marche ne mentionne pas la creation en 1473 du Parlement de Malines qui assuma les fonctions de la cour supreme dans la partie septentrionale de l'Etat bourguignon.