Читаем Orchéron полностью

Leur étreinte se prolongea jusqu’à ce que les grandes eaux reviennent investir le territoire qu’elles leur avaient abandonné pour quelques heures. Les premières caresses d’eau bouillante tirèrent des glapissements à Orchéron, qui, accompagné par le rire malicieux d’Alma, courut se réfugier sur les rochers noirs en oubliant ses vêtements.

Ils passèrent le reste de la journée sur l’herbe de la lande, si pleins l’un de l’autre, si serrés l’un contre l’autre que Double-Poil lui-même n’aurait pas trouvé de passage entre eux. À la tombée de la nuit, Alma posa la tête sur le ventre d’Orchéron et garda les yeux fixés sur les satellites qui se levaient tous les deux dans le ciel assombri.

« Les deux satellites là-haut sont Vox et Xion, dit-elle d’une voix alanguie. Nous sommes sur Ester, sur la planète d’où viennent nos ancêtres. L’océan bouillant a gardé leur souvenir. Il a recouvert les terres après leur départ et celui des Qvals, puis la planète a recouvré son équilibre, et il est revenu dans son ancien lit. Il pleure maintenant la disparition de ses gardiens, de ses enfants. La création est le jardin des créatures vivantes, elle n’a pas d’autre raison d’être.

— La légende de l’Estérion dit que nos ancêtres sont partis parce que leur étoile menaçait d’exploser…

— Est-ce que c’était la réalité ? Ou une simple peur ? C’est la grande question, Orchéron : de la matière ou de l’esprit, qui vient en premier ?

— Nous ne trouverons jamais la réponse.

— Sans doute que non. Mais, s’il nous est possible de franchir les immensités de l’espace, donc le temps, quelle est notre véritable relation avec la création, quelle est l’étendue de notre rôle ? »

Il se pencha sur elle et l’embrassa ; il n’existait pas à sa connaissance de réponse plus sensée. Elle se dégagea en riant et s’allongea sur lui.

« Nous devons… Non, non, aucun devoir… Le présent nous invite à rentrer chez nous, Orchéron.

— Tu ne disais pas que ce monde, Ester, désirait adopter des enfants ?

— Réglons d’abord les problèmes les plus urgents sur le nouveau monde. Nous reviendrons peut-être un jour sur l’ancien. Qui sait ce que nous réserve le présent ?

— Restons encore un peu. S’il te plaît. Je te demande de m’offrir ce présent. »

Elle obtempéra d’autant plus facilement qu’elle-même mourait d’envie de prolonger la magie de l’instant.

« L’entrée du nid », lâcha Jozeo en désignant la bouche sombre ouverte au milieu du lit.

Les ténèbres avaient continué de décroître et de s’éclaircir en même temps, dévoilant peu à peu le fond de la gorge. Avant d’entamer leur descente, les deux lakchas avaient attendu d’apercevoir l’ancien lit d’une rivière jonché de grands rochers translucides. La lumière de Jael avait empli toute la faille et dissipé les dernières aires de pénombre.

Ils avaient alors dévalé la paroi jusqu’en bas, empruntant tour à tour les murailles verticales et les voies moins raides entre les rochers. Les ténèbres avaient abandonné un froid intense comme seul vestige de leur règne. Ils avaient suivi l’ancien cours de la rivière en direction de l’est et laissé le disque flamboyant de Jael derrière eux.

« Eh, eh, il faut toujours se fier à son instinct… »

Les rochers les avaient jusqu’alors empêché de voir l’homme et la femme allongés sur le ventre devant la porte. Nus tous les deux, ils remuaient faiblement mais ils restaient incapables de se relever, comme s’ils avaient abusé de l’alcool de manne. Jozeo tira son poignard et se dirigea vers l’homme, qu’il retourna sur le dos de la pointe de sa botte. Ankrel reconnut leur gibier, Orchéron fili Orchale, ou Lobzal fili Lilea. Il n’avait pas changé physiquement mais il avait perdu son regard d’homme traqué. Dans ses yeux clairs se lisaient une grande sérénité, une immense confiance, bien qu’il ne fût pas en position de se défendre contre ses deux poursuivants. Cet homme-là n’avait pas peur de la mort et moins encore de la vie. Ankrel observa rapidement la fille : petite, menue, des cheveux blonds, une peau claire, un regard à la fois perçant et compatissant, une beauté originale, émouvante. C’était bien la même femme qu’ils avaient aperçue la veille et qui avait été enlevée par l’umbre. Il aurait aimé découvrir l’amour avec quelqu’un comme elle, dans l’obscurité silencieuse et parfumée d’une chambre, dans un long froissement de tendresse.

« Tu nous as facilité la tâche, Orchéron ou Lobzal », s’exclama Jozeo.

Il appuyait chacun de ses mots d’une pression de sa botte sur la poitrine de l’homme à terre.

« Tu nous as débarrassés du nid des umbres. Nous n’avons plus besoin de toi. Nous allons donc éteindre une fois pour toutes ta lignée, la lignée maudite issue de Lahiva et d’Elleo, les deux fautifs qui ont engendré ton grand-père. Et c’est mon jeune frère qui va te délivrer de tes chaînes familiales. Moi, j’ai mieux à faire : je dois donner la bénédiction de Maran à notre charmante amie. »

Il se retourna vers Ankrel, les lèvres étirées en un sourire cruel.

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