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C’était exactement le chapitre XV, où monsieur Salomon va consulter une voyante !
Je commençais d’ailleurs à être sérieusement épluché. Car il n’y a pas que la critique parisienne, laquelle a autre chose à faire qu’étudier sérieusement les textes : il y a aussi tous ceux qui ont le temps de lire et qui ne se bornent pas à patiner à la surface de l’actualité.
Un jour, je reçus une jeune et belle journaliste de
Et de continuer, tout tranquillement :
— La phrase de Madame Rosa, tant de fois citée par la critique : « Il n’est pas nécessaire d’avoir une raison pour avoir peur », vous l’avez déjà employée dans
… Je me rappelai, du coup, que cette maudite phrase était prononcée aussi par le personnage joué par Jean-Pierre Kalfon, dans mon film
Je ne bronchai pas. J’avais un système de défense tout prêt. Je l’avais déjà employé pour parer à la démonstration d’une jeune professeur de français, Geneviève Balmès, fille d’une amie de jeunesse, qui m’avait fait remarquer que les rapports de Momo avec Madame Rosa dans
Je jouai la vanité d’auteur, toujours très convaincante.
— Évidemment, dis-je. Personne ne s’est aperçu à quel point Ajar est influencé par moi. Dans les cas que vous citez si justement, on peut même parler de véritable plagiat. Mais enfin, c’est un jeune auteur, je n’ai pas l’intention de protester. D’une manière générale, l’influence qu’exerce mon œuvre sur les jeunes écrivains n’est pas assez soulignée. Je suis heureux que vous vous en rendiez compte…
Les beaux yeux de Laure Boulay me dévisageaient attentivement. J’espère qu’au moment où paraîtront ces pages, elle aura réalisé son rêve : être grand reporter. Pendant toute la durée de notre entretien, j’en fus éperdument amoureux. Je m’attache très facilement.
Je ne crois pas qu’elle fut dupe. Je crois que, par gentillesse, elle m’a épargné…
Cela commençait à pleuvoir de tous les côtés. Un professeur de français à la retraite, M. Gordier, me faisait remarquer que le fétiche de Momo, « le parapluie Arthur », était déjà celui de la petite Josette, dans
Je répondis une fois de plus qu’il ne fallait pas trop en vouloir à un jeune auteur…
— Comprenez bien, monsieur, il est normal qu’un écrivain de ma stature influence les jeunes…