Читаем Révolte sur la Lune полностью

— Hé ! J’aimerais mieux qu’on oublie cela.

Prof a souri et m’a cligné de l’œil.

— Bon…, ai-je dit, mal à l’aise. D’accord, si ça peut être utile.

— Cela nous servira beaucoup plus que n’importe quelle statistique sur nos ressources naturelles.


* * *


Notre pilote ex-humain nous a fait alunir d’un seul coup, sans prendre la précaution de se mettre en orbite d’attente. Cela a provoqué un choc terrible, car le petit vaisseau était très sensible et la décélération d’environ 2 500 kilomètres par seconde : en moins d’une demi-minute, nous sommes arrivés à Johnson City. J’ai plutôt bien supporté l’alunissage, juste une terrible contraction clans la poitrine et une effrayante palpitation cardiaque – comme si un géant me serrait le cœur –, puis tout a été fini. Je respirais sans gêne, tout heureux d’avoir recouvré ma pesanteur habituelle. Mais ce pauvre vieux Prof en est presque mort.

Mike m’a dit plus tard que le pilote avait refusé de se plier aux ordres de la tour de contrôle ; Mike, lui, aurait fait descendre tout doucement le vaisseau, sans décélération brutale, il nous aurait manœuvrés comme on manie un panier d’œufs frais, sachant que Prof se trouvait à bord. Mais peut-être ce cyborg savait-il ce qu’il faisait ; une descente progressive dépense beaucoup de carburant et le Lotus-Alouette était au bord de la panne sèche.

Nous n’y aurions pas prêté attention si cette descente en catastrophe n’avait mis Prof en mauvaise posture. C’est Stu qui l’a remarqué le premier, alors que j’étais encore en train de reprendre mon souffle ; immédiatement, nous avons bondi tous les deux à ses côtés : stimulants cardiaques, bouche-à-bouche, massages. Il a finalement ouvert les yeux, nous a regardé et a souri.

— Chez nous, a-t-il murmuré.

Nous l’avons forcé à se reposer une vingtaine de minutes avant de lui permettre de revêtir sa combinaison pressurisée pour quitter le vaisseau ; il était passé aussi près de la mort que possible, même s’il n’avait pas entendu chanter les anges. Pendant ce temps le commandant du vaisseau faisait le plein, impatient de nous quitter et d’embarquer des passagers… ce flibustier ne nous avait pas adressé un seul mol pendant tout le trajet ; sans doute regrettait-il que l’argent l’ait convaincu d’entreprendre un voyage qui pouvait fort bien le ruiner ou le tuer.

Puis Wyoh est entrée dans le vaisseau ; elle avait mis une combinaison pour venir à notre rencontre. Stu n’avait jamais dû la voir dans cette tenue ; je suis en tout cas certain qu’il ne l’avait jamais connue blonde ; il se tenait près d’elle, à attendre que je le présente. Puis, l’étrange « homme » en combinaison l’a serré dans ses bras.

J’ai entendu la voix étouffée de Wyoh :

— Bon sang, Mannie ! mon casque.

Quand j’ai soulevé son casque, elle a secoué ses boucles blondes et lui a souri.

— Stu, tu n’es pas heureux de me voir ? Tu ne me reconnais pas ?

Son visage s’est lentement fendu d’un large sourire, comme l’aurore qui vient éclairer nos mers.

— Strasvoutié, gospoja ! Je suis ravi de te revoir.

— Et gospoja, avec ça ! Pour toi, mon cher, je m’appelle Wyoh, comme avant. Mannie ne t’a donc pas dit que j’étais redevenue blonde ?

— Si, mais il y a une sacrée différence entre savoir et voir !

— Tu t’y habitueras.

Elle s’est penchée sur Prof, l’a embrassé, l’a enlacé puis elle s’est redressée pour m’accueillir, sans casque cette fois, ce qui nous a tous les deux fait pleurer malgré ces sacrées combinaisons. Puis elle s’est retournée vers Stu pour l’embrasser.

Comme il reculait légèrement, elle a interrompu son mouvement.

— Stu, me faudra-t-il redevenir noire pour que tu acceptes de me dire bonjour ?

Stu m’a lancé un coup d’œil, puis l’a embrassée. Wyoh lui a consacré autant de temps et d’ardeur qu’à moi.

J’ai compris plus tard la raison de son curieux comportement. Stu, même s’il était engagé volontairement parmi nous, n’était pas encore un vrai Lunatique – et dans l’intervalle, Wyoh s’était mariée. Mais où était le problème ? Sur la Terre, d’accord, cela avait de l’importance, et Stu ne savait pas encore, jusque dans la moelle de ses os, qu’une Lunatique est sa propre maîtresse. Pauvre nouveau débarqué, il pensait que je pouvais, moi, me fâcher !

Après avoir aidé Prof à revêtir sa combinaison, nous avons mis les nôtres et sommes partis, moi avec le canon sous le bras. Une fois dans le sous-sol, en atmosphère pressurisée, nous nous sommes dévêtus et j’ai vu avec plaisir que Wyoh portait sous la sienne la robe rouge que je lui avais offerte il y avait une éternité. Après l’avoir défripée, elle a fait bouffer sa jupe.

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