Читаем Révolte sur la Lune полностью

— Je reste, m’goy !

— Je t’en prie.

— C’est sérieux, je te remercie vraiment, même si je ne suis pas habituée à recevoir des cadeaux. Je suis une Femme Libre.

— Félicitations ! Je suis sérieux.

— Ne me fais pas marcher, maintenant. Tu es un homme solide et respectable… Je suis heureuse que tu sois de notre côté.

— Rien n’est moins sûr.

— Comment ?

— Du calme. Je ne suis pas du côté du Gardien, et je ne parlerai pas… Je n’aimerais pas que le Nabot – que Bog accueille son âme généreuse – revienne me hanter ! Mais votre programme n’est pas réalisable.

— Enfin, Mannie, tu ne comprends pas ! Si chacun de nous…

— Suffit, Wye ; ce n’est plus le moment de faire de la politique. Je suis fatigué et j’ai faim. Quand as-tu mangé pour la dernière fois ?

— Oh, mon Dieu ! (Tout à coup, elle semblait toute petite, toute jeune, fatiguée.) Je ne sais pas. Dans le bus, je crois. Des rations intercasques.

— Que dirais-tu d’une belle pièce de bœuf de Kansas City bien saignante, avec des pommes vapeur, de la sauce Tycho, une salade verte, du café… et un apéritif pour commencer ?

— Merveilleux !

— C’est bien ce que je pensais, mais vu l’heure et l’endroit, nous pourrons nous estimer heureux d’avoir de la soupe d’algues et des sandwichs. Que veux-tu boire ?

— N’importe quoi. De l’éthanol.

— D’accord.

Je suis allé vers le monte-charge et j’ai sonné pour le service.

— Le menu, s’il vous plaît.

Lorsqu’il est arrivé, j’ai commandé deux côtes de bœuf garnies et deux chaussons aux pommes à la crème fouettée, avec un demi-litre de vodka glacée que j’ai commencé à biberonner.

— Ça te gêne si je prends un bain avant ? m’a demandé Wyoh.

— Vas-y. Tu sentiras meilleur.

— Salaud ! Tu puerais aussi après douze heures dans une combinaison pressurisée… Le voyage en bus était horrible. Je me dépêche.

— Un instant. Est-ce que ce truc s’en va au lavage ? Tu pourras en avoir besoin au moment de partir… peu importe où et quand, d’ailleurs.

— Oui, ça s’en va. Mais tu en as acheté trois fois plus que nécessaire. Je suis désolée, Mannie ; j’ai l’habitude de prendre du maquillage pour mes voyages politiques, on ne sait jamais ce qui peut arriver, la preuve ! Mais ça n’a jamais été aussi grave que ce soir. Dire que j’étais en retard de quelques secondes ; j’ai manqué une capsule et failli manquer le bus.

— Va te récurer.

— Oui, mon capitaine. Euh… je n’ai pas besoin qu’on m’aide à me frotter le dos, mais je vais laisser la porte ouverte, histoire que nous puissions parler. Ne prends pas ça comme une invitation à autre chose !

— Comme tu veux ! J’ai déjà vu comment une femme est faite.

— Comme elle a dû être excitée !

Elle a grimacé un sourire et m’a envoyé une autre bourrade – bien sentie – dans les côtes, avant d’aller dans la salle de bains remplir la baignoire.

— Mannie, veux-tu prendre un bain le premier ? L’eau sera bien assez propre ensuite pour ce maquillage, sans parler de cette puanteur dont tu te plains.

— L’eau n’est pas rationnée, ma chère. Tu peux la faire couler comme tu veux.

— Quel luxe ! À la maison, pour mes bains, j’utilise la même eau trois jours de suite. (Elle a laissé échapper un sifflement doux et heureux.) Es-tu riche. Mannie ?

— Non, mais je ne suis pas à plaindre.

Le monte-charge a bourdonné. Il apportait les martinis et la vodka glacée. Le cocktail mélangé, j’ai donné à Wyoh son verre puis je me suis assis dans le salon, hors de vue – et incapable de rien voir : elle était plongée dans la mousse jusqu’aux épaules.

— Pavlnoï Jensni ! ai-je dit.

— À ta santé aussi, Mannie. C’est tout à fait le traitement médical dont j’avais besoin. (Après un silence pour boire son antidote, elle a continué :) Mannie, tu es marié. Da ?

— Da. Ça se voit ?

— Oui. Tu es galant envers les femmes mais sans excès, et tu es indépendant. Tu es donc marié depuis longtemps. Des enfants ?

— Dix-sept, divisé par quatre.

— Un mariage familial ?

— Exact. J’ai été choisi à quatorze ans et je suis le cinquième de neuf maris. Donc, dix-sept enfants, c’est normal. Cela fait une grande famille.

— Ce doit être agréable. Je n’ai jamais connu beaucoup de familles groupées, il n’y en a pas beaucoup à Hong-Kong. Nous avons quantité de clans et de groupes, la polyandrie reste courante, mais les mariages familiaux n’ont jamais pris.

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