Читаем Révolte sur la Lune полностью

En outre, je me demandais si j’allais pouvoir retourner dans l’enceinte du Complexe sans me faire pincer. Prof étant fiché, il continuait à coucher au Raffles. Ils savaient qu’il avait participé à la réunion et suivaient de près ses déambulations, mais il n’y a eu aucune tentative d’arrestation. Quand nous avons appris qu’on avait tenté d’arrêter Wyoh, j’ai commencé à me sentir plus anxieux. Et moi, étais-je encore considéré comme inoffensif ? Ou bien attendaient-ils tranquillement leur moment pour me cueillir ? Il fallait que je sache.

J’ai appelé Mike pour qu’il simule une petite gastro. Il s’est exécuté et ils m’ont appelé. Parfait. Outre le fait qu’il m’a fallu montrer mon passeport à la station, puis à un nouveau poste de surveillance dans le Complexe, tout se passait comme à l’ordinaire. J’ai bavardé avec Mike, pris livraison d’un millier de plaisanteries nouvelles (et je lui ai fait comprendre que nous en examinerions une centaine par conversation téléphonique, tous les trois ou quatre jours, mais pas plus) et je lui ai dit de bien se soigner ; puis je suis retourné à L City, m’arrêtant en chemin pour facturer à l’ingénieur en chef mon temps de travail, mon déplacement, mes fournitures, la location de mes outils, mes heures supplémentaires et tout ce que j’ai pu trouver d’autre.

Par la suite, j’ai rendu visite à Mike environ une fois par mois. Nous restions prudents, je n’allais jamais le voir autrement qu’à leur demande, pour des avaries dépassant les compétences de leur personnel. J’étais toujours à même de réparer les dégâts ; parfois j’avançais assez vite, parfois il me fallait une bonne journée de travail et de nombreux essais. Je prenais grand soin de laisser des traces d’outils sur les couvercles et aussi des brouillons d’essais derrière moi, avant et après réparation, pour bien montrer où la panne s’était nichée, comment je l’avais décelée et corrigée. Mike fonctionnait toujours parfaitement après mes visites ; je leur étais indispensable.

Ainsi donc, après avoir préparé son nouveau voder-vocoder, je n’ai pas hésité à lui demander de feindre un malaise. L’appel est arrivé trente minutes plus tard. Mike avait fait très fort : sa « maladie » provoquait des oscillations brutales dans le système de climatisation de la résidence du Gardien. Il chauffait au maximum puis laissait retomber la température selon un cycle régulier de onze minutes, tout en faisant baisser la pression d’air toutes les deux secondes environ : largement assez pour vous filer une migraine de tous les diables et vous rendre affreusement nerveux.

La climatisation d’une résidence ne devrait jamais dépendre entièrement d’un ordinateur-maître. Dans les tunnels Davis, nous contrôlions celle de la maison et de la ferme à l’aide de commandes simples et désuètes, avec des systèmes d’alerte réagissant à chaque mètre cube. Quelqu’un devait se dévouer pour gérer le système manuellement jusqu’au moment où l’on avait trouvé la cause de la panne. Si les vaches avaient froid, cela ne faisait pas de mal au maïs ; si la lumière faiblissait au-dessus du blé, les légumes n’en souffraient pas. Que Mike puisse mettre sens dessus dessous la résidence du Gardien et que personne ne soit capable d’imaginer la moindre solution pour y mettre fin suffit à montrer l’aberration qui consiste à tout faire exécuter par des ordinateurs.

Mike en riait aux larmes. C’était vraiment là le genre d’humour qu’il adorait. À vrai dire, je rigolais bien moi aussi, et je lui ai dit de continuer de s’amuser pendant que je sortais mes outils et ma petite boîte noire.

À ce moment, l’informaticien de garde est venu frapper à la porte. J’ai pris mon temps pour répondre et j’ai saisi mon bras numéro cinq dans la main droite, laissant voir les nerfs à vif ; ça rend pas mal de gens malades – en tout cas, ça ne laisse personne indifférent.

— Qu’est-ce que tu viens fabriquer ici, mon vieux ? lui ai-je lancé.

— Écoute, le Gardien fait un foin terrible ! As-tu trouvé la cause de la panne ?

— Transmets mes compliments au Gardien et dis-lui que je vais faire des pieds et des mains pour trouver le circuit défectueux et lui rendre son précieux confort… surtout si on ne me retarde pas avec des questions idiotes. Tu comptes laisser cette porte ouverte ? Ça crée un courant d’air terrible et ça envoie de la poussière sur les machines alors que j’ai enlevé les capots protecteurs… Je te préviens – comme c’est toi qui es de service –, si la poussière endommage les machines, crois-moi, tu te chargeras de les réparer. Je n’ai pas envie de quitter mon petit lit douillet pour rien ! Va dire ça à ton fichu Gardien !

— Surveille tes paroles, mon vieux !

— Surveille les tiennes, bagnard ! Est-ce que tu vas te décider à fermer cette porte ? Si tu ne t’exécutes pas, c’est moi qui fous le camp ! Je repars fissa à Luna City ! (et j’ai levé mon bras numéro cinq comme une massue).

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