Il éclate en sanglots.
Walter se penche à l'oreille de Marie
walter
(chuchotant): Tu n'aurais pas dû le laisser seul aussi longtemps.Marie confirme discrètement de la tête, mais Fred s'en aperçoit.
fred
: J'ai compris… Vous me prenez pour un fou, c'est ça? Vous m'avez toujours pris pour un fou dans cette famille… Vous ne comprenez donc pas! La moitié du monde va quitter le Moyen Âge grâce à moi!Il pleure à nouveau, cette fois Mildred se lève de table pour
se pencher vers lui. Avec des gestes attentionnés, elle le conduit vers un fauteuil puis sort une bouteille de cognac et lui en verse un verre.mildred
: Moi, je vous crois, Fred.fred
: Merci… Merci, ma fille… Votre esprit est bien supérieur à tous ceux de cette table réunis… Vous aurez été la première, Mildred… Je saurai m'en souvenir.mildred
: Et si vous nous disiez par quel miracle vous avez réussi ce miracle, Fred.fred:
Rien de plus simple, mais je ne suis pas sûr qu'ils (oeillade vers les autres) pourront comprendre.MILDRED: Faites-le au moins pour moi.
Il avale une gorgée de cognac qui le réconforte.
fred
: L'idée était toute bête, c'est son application physique qui posait problème. J'ai mis au point un programme de répartition mondiale des stocks lipidiques par un système de transadipisme.
– Marco?
J'ai entendu mon nom quelque part…
Je lève la tête. Il fait nuit. Chacun est devant son écran.
– Tu as besoin d'un coup de main, Marco?
Au-dessus du Vieux, je ne vois qu'un nuage de fumée.
– Non, merci. Vous pouvez partir, je vais en avoir pour un petit moment.
– Nous avons tous une séquence à bricoler. Tu as besoin de quelque chose?
– S'il reste un peu de vodka au poivre. Je relis la dernière phrase, quatre, cinq fois. Il faudra la revoir avec un toubib ou un économiste. Ou quelqu'un à mi-chemin entre les deux.
Les convives se regardent encore, Bruno se tapote la tempe de la main, Camille regarde gravement sa mère, les autres restent interdits. Seule Mildred écarquille les yeux.
mildred
: Fred…? Ne me dites pas que…fred
: Si, je sais comment transfuser les tissus graisseux, j'ai fait des expériences sur des cobayes dont les systèmes sanguins étaient parfaitement incompatibles. La graisse est désormais une matière première universelle!mildred
: Ce serait trop beau, Fred… J'ai foi en vous, mais…fred
: Je sais que la foi a besoin de preuves.Il fonce vers son labo et en revient en tenant dans ses bras un
chat à la silhouette svelte.Silence consterné.
bruno
: Mais… on dirait… Ulysse! C'est Ulysse!marie
: Impossible, Ulysse a disparu depuis deux semaines et en plus il était gras comme un pape.camille
: C'est lui, regarde la tache blanche sur le flanc droit.jonas
: Madame Giroux croyait qu'il était mort…Fred ouvre un panier d'osier à ses pieds. Un autre chat
beaucoup plus rond, en sort.