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Le jour de mon arrivée, je fis seulement connaissance de la chambre que je devais occuper dans le bateau qui s’appelait le Cygne. Bien qu’elle fût toute petite, cette chambre, deux mètres de long sur un mètre à peu près de large, c’était la plus charmante cabine, la plus étonnante que puisse rêver une imagination enfantine.

Le mobilier qui la garnissait consistait en une seule commode, mais cette commode ressemblait à la bouteille inépuisable des physiciens qui renferme tant de choses. Au lieu d’être fixe, la tablette supérieure était mobile, et quand on la relevait, on trouvait sous elle un lit complet, matelas, oreiller, couverture. Bien entendu il n’était pas très-large ce lit, cependant il était assez grand pour qu’on y fût très-bien couché. Sous ce lit était un tiroir garni de tous les objets nécessaires à la toilette. Et sous ce tiroir s’en trouvait un autre divisé en plusieurs compartiments, dans lesquels on pouvait ranger le linge et les vêtements. Point de tables, point de sièges, au moins dans la forme habituelle, mais contre la cloison, du côté de la tête du lit, une planchette qui, en s’abaissant, formait table, et du côté des pieds, une autre qui formait chaise.

Un petit hublot percé dans le bordage et qu’on pouvait fermer avec un verre rond, servait à éclairer et à aérer cette chambre.

Jamais je n’avais rien vu de si joli, ni de si propre ; tout était revêtu de boiseries en sapin verni, et sur le plancher était étendue une toile cirée à carreaux noirs et blancs.

Mais ce n’étaient pas seulement les yeux qui étaient charmés.

Quand, après m’être déshabillé, je m’étendis dans le lit, j’éprouvai un sentiment de bien-être tout nouveau pour moi ; c’était la première fois que des draps me flattaient la peau, au lieu de me la gratter ; chez mère Barberin je couchais dans des draps de toile de chanvres raides et rugueux ; avec Vitalis nous couchions bien souvent sans draps sur la paille ou sur le foin, et quand on nous en donnait, dans les auberges, mieux aurait valu, presque toujours, une bonne litière ; comme ils étaient fins ceux dans lesquels je m’enveloppais ; comme ils étaient doux, comme ils sentaient bon ! et le matelas comme il était plus moelleux que les aiguilles de pin sur lesquelles j’avais couché la veille ! Le silence de la nuit n’était plus inquiétant, l’ombre n’était plus peuplée, et les étoiles que je regardais par le hublot ne me disaient plus que des paroles d’encouragement et d’espérance.

Si bien couché que je fusse dans ce bon lit, je me levai dès le point du jour, car j’avais l’inquiétude de savoir comment mes comédiens avaient passé la nuit.

Je trouvai tout mon monde à la place où je l’avais installé la veille et dormant comme si ce bateau eût été leur habitation depuis plusieurs mois. À mon approche, les chiens s’éveillèrent et vinrent joyeusement me demander leur caresse du matin. Seul, Joli-Cœur, bien qu’il eût un œil à demi ouvert, ne bougea pas, mais il se mit à ronfler comme un trombone.

Il n’y avait pas besoin d’un grand effort d’esprit pour comprendre ce que cela signifiait : M. Joli-Cœur qui était la susceptibilité en personne, se fâchait avec une extrême facilité, et une fois fâché, il boudait longtemps. Dans les circonstances présentes, il était peiné que je ne l’eusse pas emmené dans ma chambre, et il me témoignait son mécontentement par ce sommeil simulé.

Je ne pouvais pas lui expliquer les raisons qui m’avaient obligé, à mon grand regret, de le laisser sur le pont, et, comme je sentais que j’avais, du moins en apparence, des torts envers lui, je le pris dans mes bras, pour lui témoigner mes regrets par quelques caresses.

Tout d’abord il persista dans sa bouderie, mais bientôt, avec sa mobilité d’humeur, il pensa à autre chose, et, par sa pantomime, il m’expliqua que, si je voulais aller me promener avec lui à terre, il me pardonnerait peut-être.

Le marinier que j’avais vu la veille au gouvernail était déjà levé et il s’occupait à nettoyer le pont : il voulut bien mettre la planche à terre, et je pus descendre dans la prairie avec ma troupe.

En jouant avec les chiens et avec Joli-Cœur, en courant, en sautant les fossés, en grimpant aux arbres, le temps passa vite ; quand nous revînmes, les chevaux étaient attelés au bateau et attachés à un peuplier sur le chemin de halage : ils n’attendaient qu’un coup de fouet pour partir.

J’embarquai vite ; quelques minutes après, l’amarre qui retenait le bateau à la rive fut larguée, le marinier prit place au gouvernail, le haleur enfourcha son cheval, la poulie dans laquelle passait la remorque grinça, nous étions en route.

Quel plaisir que le voyage en bateau ! les chevaux trottaient sur le chemin de halage, et, sans que nous sentissions un mouvement, nous glissions légèrement sur l’eau ; les deux rives boisées fuyaient derrière nous, et l’on n’entendait d’autre bruit que celui du remous contre la carène dont le clapotement se mêlait à la sonnerie des grelots que les chevaux portaient à leur cou.

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