Ce fut une consolation pour nous, au moment où éclate une nouvelle guerre, de voir Votre Majesté déclarer qu’un des ses motifs pour prendre les armes, c’était la protection que pour la propriété même du commerce et de l’industrie de France, elle devait accorder aux villes Anséatiques. En effet, Sire, le commerce est un lien d’amitié entre les peuples, un lien qu’une guerre, même longue et acharnée ne rompt pas entièrement. Mais la paix et la confiance avaient resserré ce lien entre les ville de France et celles d’Allemagne; des relations multipliées et de la plus haute importance existaient entre Hambourg, Lubeck, Bremen, Leipzig, et toutes les villes de commerce de France, aucune faillite ne pourrait éclater dans aucune de ces villes, sans causer au commerce Français, et à celui de notre ville en particulier, une perte proportionnée à son importance, une perte qui retomberait immédiatement sur les manufactures. Aucune grande calamité ne peut atteindre ces villes, sans que des faillites nombreuses en soient la suite. La mauvaise foi profite alors des malheurs publics, le payement des dettes les plus sacrées est suspendu ou refusé, la méfiance arrête toute espèce de transactions, les contrecoups des pertes qu’éprouve la ville la plus éloignée de l’Allemagne, sont ressentis d’une extrémité à l’autre de la France, et occasionnent au Commerce Français, par les faillites nombreuses qui en sont la conséquence dans toute l’Europe, une perte égale ou peut-être supérieure à celle qui aura éprouvé les villes étrangères.
Tandis que le commerce Français serait appellé à souffrir de toutes les souffrances de tous les commerçants de l’Europe, les manufactures françaises sont plus particulièrement intéressées à la conservation de l’antique propriété d’une ville d’Allemagne, qui était le marché général, le marché presque unique de tout le Nord et le Levant de l’Europe. Les foires de Leipzig étaient le débouché le plus important des manufactures françaises destinées à une consommation étrangère, et la suppression du Commerce de cette ville, en détruisant toute exportation, ruinerait presque tous les ateliers de France, et réduirait les ouvriers à manquer de pain. De beaucoup la plus grande partie de l’horlogerie et de la bijouterie de notre ville était vendue à Leipzig, toutes nos exportations pour l’Allemagne, le Danemarc, la Suède, la Hongrie, la Pologne, la Russie, et la Turquie avaient cette destination. Mais les foires de Leipzig seraient abandonnées par tous les étrangers qui venaient y acheter les marchandises françaises, s’ils ne trouvaient plus dans cette ville la sûreté pour leurs propriétés dont ils jouissaient auparavent. Les fabricants Français les abandonneraient à leur tour, si les marchands de Leipzig autrefois leurs dépositaires, étaient ruinés par des contributions ou des saisies, de manière à ce qu’ils n’eussent plus de garantie à donner pour leurs propriétés à ces fabricants.
En recommandant à la clémence et à la protection spéciale de Votre Majesté, toutes les villes commerçantes de l’Allemagne, nous avons cru devoir insister seulement sur des considérations commerciales, et sur l’avantage de vos propres sujets, car sans doute nos prières trouveront Votre Majesté déjà disposée d’elle même à épargner une classe d’homme toujours étrangère aux prétentions ou aux fautes de ses ennemies toujours amie au milieu de la guerre, toujours utile à la France qu’elles qu’aient été les révolutions des Gouvernements sous lesquels elle vivait. Mais Sire, vous jouirez aussi en protégeant les négociants d’Allemagne, et en les sauvant de la ruine, d’avoir travaillé ainsi à la propriété de vos sujets Français.
Genève 10 Novembre 1806.
Nous Sommes de Votre Majesté. Les très humbles et très fidèles sujets.
J. Sh. Léon Simonde Sismondi, Secrétaire de la chambre du Commerce.
Elie Audra.
J. Odier-Chevrier — Vice-président.
Violliens.
Henri Martin.
Hentz.
IX
Нац. арх.
AF. IV — 1060, pièce n° 81.
Paris, le 5 août 1807.
Rapport sur la question de savoir ce que peut désirer le commerce des différents princes qui composent la Confédération du Rhin, quelles sont les mesures à prendre pour y introduire les produits de nos manufactures.
Rapport à Sa Majesté l’Empereur et Roi.
Sire,
Votre Majesté m’a ordonné de répondre à la question suivante:
Que peut désirer le commerce des différents princes qui composent la Confédération du Rhin? quelles mesures à prendre pour y introduire les produits de nos manufactures?
En donnant à l’Allemagne une forme et une constitution nouvelle, le Genie et la Victoire de Votre Majesté lui ont aussi donné de nouveaux intérêts, de nouveaux rapports et ont resserré surtout les liens que l’unissaient à la France. Il suffira presque au Commerce français de jouir en liberté les effets naturel de cette grande révolution, les intérêts commerciaux de la France et de l’Allemagne ne sont presque opposés sur aucun point, et les circonstances réciproques sont presque toutes favorables aux étrangers.