Читаем Sur la dalle полностью

— Et moi aussi. Mais il avait plus sa tête, et tu le sais. C’est pour ça que je te dis que maintenant qu’il s’était lancé, il ne se serait jamais arrêté. Il y a des hommes comme ça, fœtus ou pas fœtus, bosse ou pas bosse. Il aurait continué à tuer et à tuer. Déréglé, il était. Tu me crois ?

— Oui, Johan, dit Adamsberg en se servant un verre de chouchen et souriant enfin.

— Alors colle-toi un bon truc dans le crâne : tu t’es démerdé comme un chef. Parole de Johan.

L’aubergiste s’éloigna et Adamsberg lut un mot tout juste reçu du vieux Lucio : Hola, hombre, t’as creusé loin, ¡por la verdad !

Suivaient tous les messages de félicitations adressés par les membres de la Brigade restés à Paris, dont certains avaient failli désespérer de la réussite d’Adamsberg.

— Johan parle d’or, dit Matthieu, assis à ses côtés. Maël avait sombré dans la démence. Si tu ne l’avais pas coffré à temps, ne va pas croire qu’il s’en serait tenu là. Pas du tout. Une fois découvert le plaisir de poignarder – quarante coups sur Robic – il aurait persévéré, au nom d’une folie ou d’une autre. Victime sur victime.

— Vrai, dit Adamsberg, le visage à nouveau apaisé.

— Mais je suis incapable de comprendre comment tu t’y es pris, ajouta le commissaire avec un large sourire.

— Je ne sais pas, Matthieu. De minuscules fragments d’algues se décrochent, s’emmêlent, montent. Je les attends, je les guette.

— Et parmi ces fragments, il y en avait un que tu as vite identifié mais que tu n’as pas voulu voir : Maël dérapait, et tes idées l’avaient détecté depuis les commencements.

— Tu crois cela ?

— J’en suis certain. Preuve en est que tu as pressenti qu’il était le Boiteux, sans le moindre élément de preuve. Un truc encore que je voulais te dire.

— Quoi ?

— Eh bien, bon sang, oui, Adamsberg, c’était une abomination et un affreux foutoir, qui manqua de t’être mortel, et tu t’en es sacrément bien tiré.

— C’est qu’ici, Matthieu, on est aidés par le dolmen.

— Par ton dolmen.


Le lendemain, la presse, la radio, Internet, et tous les habitants de Louviec, de Combourg et des environs s’agitaient fiévreusement autour des dernières informations. Johan avait vu juste : horrifiés d’apprendre que Pierre Robic avait voulu assassiner la petite Rose, sauvée de justesse par l’intervention policière, plus une seule voix ne critiquait l’action des commissaires Adamsberg et Matthieu. L’opinion s’était instantanément renversée et les portait aux nues, si bien que les deux hommes n’eurent pas un moment pour souffler face au déferlement des questions des journalistes, à l’exception du temps des pauses-repas pendant lesquelles Johan ne laissait entrer que les huit policiers et fermait sa porte à double tour pour qu’ils aient la paix, faisant traîner le service en longueur.


L’équipe de Paris reprenait le train le jour suivant. Au soir venu, les adieux furent cordiaux, et plus que cela, chaleureux, tous se frappant les uns les autres sur le dos et les épaules. Johan demanda à Retancourt la permission de l’embrasser sur les joues et Berrond, enhardi, fit de même.

XLVIII

Le mardi vers onze heures, enfin loin du tumulte, Adamsberg attendait tranquillement avec Josselin l’arrivée du garde du corps aux yeux bleus. L’ânon – une femelle – était avec eux, mangeant du foin à son rythme, frottant parfois sa tête contre celle du commissaire. Elle avait le dos gris pâle, le ventre et les pattes blanches.

— Elle est belle, elle est douce, dit Josselin.

— Elle est parfaite.

Le garde, en tenue civile puisqu’il était de relâche, arrivait vers eux, non pas en marchant mais en courant, propulsé par son impatience de découvrir son « idée de vie » enfin sur pied. Il entoura le cou de l’ânon, lui caressa fortement la crinière, admiratif et déjà aimant. Si l’intelligence des yeux purs du garde ne s’était pas communiquée dans le regard du jeune animal, son affection s’y était indiscutablement propagée.

— Merci, monsieur de Chateaubriand, merci monsieur le commissaire.

Fébrilement, tout à sa joie, il régla à Josselin les trois cent vingt euros qu’avait coûtés l’ânon.

— J’ai négocié le prix, dit Josselin, le propriétaire en voulait trois cent soixante, car cette petite est robuste, vous verrez cela. On va la mettre au champ ? Lui faire rencontrer Harmonica ?

Les yeux du garde s’allumèrent à sa façon si singulière, et les trois hommes se mirent en route, suivis par l’ânon qui s’arrêtait çà et là pour brouter au hasard du chemin.

— Je sais comment je vais l’appeler, dit le garde : « Vicomte ». C’est un nom d’homme, je le sais bien, mais j’y tiens. C’est bien, n’est-ce pas ? Il paraît qu’on vous appelle comme cela.

— Mais je ne suis pas vicomte, dit Josselin avec son léger sourire.

— Et elle non plus, dit le garde en caressant son ânon. C’est ça le truc, justement.

Et sur le sentier boisé qu’ils suivaient, Adamsberg entendait l’heureux garde répéter à mi-voix : « C’est tout de même quelque chose, un dolmen. »

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