Читаем Sur la dalle полностью

— Qu’est-ce que tu trimballes là-dedans ? finit par lui demander Veyrenc, en longeant le quai de la gare. Une réserve d’artillerie lourde ?

— Non, mon matériel de pêche. Enfin, celui que j’ai emprunté à Voisenet. J’ai repéré sur la carte une petite rivière un peu au nord du village, joliment nommée la Violette, visitée par des carpes, des ablettes, des brochets, des saumons atlantiques et je ne sais quoi d’autre.

— Parce que tu pêches maintenant ? dit Veyrenc en marquant un temps d’arrêt.

— Mais non. Je n’ai même pas emporté d’appâts, d’hameçons, juste un petit morceau de plomb pour enfoncer la ligne, dans le cas où je serais vu. Il faut être crédible.

— Qu’est-ce que vous tramez, commissaire ? demanda Mercadet qui avait suivi la conversation.

— Des échappées, lieutenant, des échappées. Dans un petit village comme Louviec, on ne disparaît pas comme cela. Au lieu que si vous prétextez une partie de pêche, tout le monde comprend qu’il vous faut du silence et vous fout la paix.

Tous connaissaient le besoin d’Adamsberg d’aller marcher et s’isoler, en quête de pensées hasardeuses.

— Bonne astuce, dit Retancourt en montant dans le train. Mais qu’est-ce que vous ferez de vos poissons en rentrant ?

— Mais je n’aurai pas de poissons, Retancourt.

— Et comment vous expliquerez cela ?

— Tout simplement en disant que je les ai relâchés.

— Vous aurez l’air bizarre, dit Noël.

— De toute façon, j’ai l’air bizarre, lieutenant. Ça ne les choquera pas plus que ce que fabrique Josselin de Chateaubriand.

— Qui est ? demanda Veyrenc.

— De partir presque chaque matin dans les bois cueillir des champignons et de les donner aux amateurs car lui n’aime pas cela.

— Il est taré ? demanda Retancourt qui ne faisait jamais dans la nuance quand il s’agissait de psychologie.

— Pas le moins du monde. Excentrique peut-être, mais je le prendrais plus volontiers pour un flâneur, un rêveur, un fugueur ou les trois. Cueillir des champignons toute la matinée est une manière d’échapper au monde. Or cet homme, charmant par ailleurs, est contraint tout le reste du jour à s’exposer aux troupes de touristes venus spécialement, y compris de l’étranger, pour le voir et se faire photographier à ses côtés. Il y a de quoi éprouver le besoin de se dérober à cette pression qui lui est si pénible.

— Cette ressemblance, demanda Mercadet, elle est à ce point frappante ?

— Pas frappante, lieutenant, ahurissante. C’est une totale énigme. Je n’ai pas insisté trop longuement sur ce point pendant la réunion car cela ne concernait pas de près les autres agents. Mais voici le portrait du célèbre écrivain en 1809, dit Adamsberg en faisant circuler le petit livre que lui avait offert Matthieu. Il a environ quarante ans.

— Séduisant, commenta Retancourt.

— Et voici la photo de Josselin, que m’a transmise le commissaire, prise à peu près au même âge.

Veyrenc se concentrait sur les deux portraits, allant de l’un à l’autre, aussi ébahi que ses collègues, qui en restaient muets d’incompréhension.

— Son sosie parfait, dit Adamsberg. Josselin est à coup sûr un descendant de son aïeul François-René, mais on comprend qu’une telle ressemblance à tant d’années de distance fascine et que Josselin s’en échappe comme il peut. Aussi, voici les consignes : quand vous le verrez le soir à l’Auberge des Deux Écus où il dîne – les photos y sont interdites –, surtout ne montrez en rien que vous le reconnaissez. Rien ne lui plaît tant que d’être ignoré et traité comme un homme comme un autre.

— On comprend cela, murmura Veyrenc qui ne pouvait détacher les yeux des deux portraits.

— Sachant par le patron – un géant blond avec lequel il n’a pas de secrets – que nous sommes une équipe de flics engagés dans une affaire où il est gravement impliqué, il viendra certainement nous saluer et se présenter. Ne marquez aucune surprise, ne le dévisagez surtout pas.

— Compris, dit Noël. On essaiera.

— Vous avez à peine accordé d’attention au portrait de l’écrivain, lui fit remarquer Adamsberg.

— C’est que je le connais par cœur, répliqua Noël avec un sourire un peu sarcastique. Les Mémoires d’outre-tombe étaient le livre de chevet de mon parrain et j’en ai hérité. L’édition comportait ce portrait. Et ce livre, je l’ai lu deux fois. Et dans la foulée, René et Atala. Cela vous souffle, hein ? Parce qu’à cause de mes manières directes, de mon langage grossier et de mes réactions souvent brutales, vous me prenez tous pour un abruti – sauf Retancourt –, tout juste bon à démolir la gueule des criminels. Eh bien, je ne suis pas un abruti.

— Personne ne le pense, Noël, dit Adamsberg, dont la voix enveloppa assez le lieutenant pour le convaincre. Si abruti il y a, c’est moi. Avant de venir à Combourg, je ne connaissais de Chateaubriand que son nom.

— Mais le nom de Combourg me disait quelque chose, dit Retancourt.

— Moi de même et ça ne va pas plus loin, ajouta Mercadet.

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