Читаем Tango chinetoque полностью

— Merde, y a une corde ! dit-il.

Prompt comme l'éclair, il sort un couteau de sa ceinture et tranche la sangle chargée de l'ouverture de son parachute.

— Il est crazzy ! s'exclame l'Américain.

Le Béru, plus bas, semble patauger dans les nuages.

Tout cela se déroule dans un laps de temps extrêmement mince.

C'est quasi de l'instantanéisme. Je vois le vide absorber le Gros. Cet idiot n'avait pas vu l'Américain fixer la sangle, il a cru à un accident technique et il l'a tranchée. Il ne lui reste plus que son ventral.

Il l'actionne. Mal sans doute, car à peine déballé de son sac, le parachute se met en torche. Béru est foutu.

L'avion décrit un arc de cercle.

— Débouclez-moi l'attache du dorsal ! dis-je à l'officier.

— Mais, fait-il.

— Vite !

Il obéit. Je me défais du parachute. Il ne me reste plus que mon ventral.

Je saisis une cantine de fer pleine de matériel et je saute dans le vide avec ce lest, car il faut que je pèse plus lourd que Sa Pomme pour pouvoir le rejoindre.

Heureusement que son parachute en torche freine sensiblement sa chute !

Je marche dans l'air. J'essaie de me rapprocher de la forme blanchâtre qui tombe là-bas, sous moi. Je ne pense plus. Tout s'opère dans une quatrième dimension que le cerveau humain n'est pas apte à discerner. Je ne suis plus qu'un objectif ! J'oublie la mission, l'endroit où nous sommes, l'avion qui continue de bourdonner là-haut (il bourdonne moins que moi, croyez-le). J'oublie le sol qui monte à ma rencontre. Je me veux projectile. Je suis une masse pesante. Un bloc minéral.

Je trouve-que ça ne va pas suffisamment vite ! Ça traînaille, ça lambine, ça musarde. Un moment, je crois qu'il me sera impossible, malgré la charge de la cantine, de rattraper Béru avant le sol. Il est beaucoup plus bas que moi. Il chute librement, lourdement, en tournoyant un peu, because son pébroque fermé qui lui compose un long panache blanc.

Et puis, non, je gagne de l'espace (j'allais dire du terrain, misère !) sur lui. Un coup de périscope sous moi. Le sol, en bas, plus noir que le ciel. Impossible d'évaluer la distance qui me sépare encore de lui. Au moins nous nous écrabouillerons, Béru et moi, avant même d'avoir commencé notre mission ? Vais-je contacter le territoire chinois avec les dents ?

Je continue de vagabonder dans un élément cotonneux. Ça me file sommeil, parole ! Je suis dans la crème Chantilly…

Je vous parie ce que vous savez contre ce que vous n'avez pas, mes choutes, que Béru a repris son somme. Je le vois à faible distance. Un courant d'air vicelard nous écarte. Je vais arriver à sa hauteur. Je rame farouchement pour regagner l'écart.

Me voici à la hauteur de son parachute en vrille. Je tends la main. Malédiction ! Il est trop loin. Deux bons mètres nous séparent. Je passe devant le Gros. Je vois à la lumière de la lune son visage gonflé. On dirait un fœtus dans son bocal, Béru. Il a retrouvé sa position de départ. Il est résigné, presque inconscient. A peine sait-il ce qui se prépare. La volupté de la dégringolade annihile ses réactions. Il prend son fade dans cette chute superbe et définitive.

Je gueule. Un cri atroce, terrible. Un cri qui est l'agonie du Gros. Ça y est, je l'ai dépassé, plus lourd que lui j'arriverai le premier sur les pâquerettes si je n'y prends garde.

Alors, je lâche la lourde cantoche. Je me sens allégé démesurément, J’ai presque la sensation de faire un bond en hauteur.

Je prends un gnon terrible sur le cassis. Miracle ! C'est un talon du Gravos. De quoi assommer un attelage de bœufs. Attention de pas te laisser aller dans le sirop, San-A. Vos deux vies se jouent au mètre et à la fraction de seconde.

Je lance mes deux bras et je saisis les jambes du Gros. Premier point. Maintenant, le plus duraille reste à faire.

Tout en le tenant solidement de ma main droite, je m'écarte de lui, je décris un arc de cercle afin de libérer mon ventral et j'actionne l'ouverture de celui-ci. Maintenant de deux choses l'une : ou il s'ouvre ou il ne s'ouvre pas. S'il ne s'ouvre pas, il va y avoir dégustation de terre jaune dans moins que pas longtemps.

Mais s'il s'ouvre de deux choses l'une : Ou bien il est capable de nous sustenter tous les deux, ou bien il s'avère insuffisant.

J'entends un claquement. Puis je subis une secousse dans les épaules. Je lève des yeux fervents vers le ciel : la blanche corolle d'un parachute me l'intercepte. Celui du Gros n'a pas enrayé l'épanouissement du mien.

Bravo, San-Antonio, cela s'appelle la baraka. J'étreins maintenant Sa Bérurerie à deux bras. Nous voilà enlacés farouchement pour le meilleur et pour le pire. Sa trogne me surplombe légèrement.

— T'as pas de crampe, Mec ? me demande-t-il.

Je suis frappé par le calme de sa voix.

— Non, ça ira, fais-je. Mais l'atterrissage risque d'être sévère, because le pébroque n'est pas à deux places.

— Quand on sera à un mètre du sol t'auras qu'à me larguer, je finirai le reste à pied, dit-il.

Croyez-moi si vous voulez, mais j'éclate de rire.

— Replie tes flûtes, Béru, on approche du terminus.

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