Читаем Tango chinetoque полностью

Lorsque inévitablement nous serons arrêtés, elle contribuera à renforcer nos rôles d'alpinistes égarés.

— En route, Gros !

Il a encore la bouche pleine. Il se la torchonne du coude et grimpe à la place passager.

— Ce coup de camembert, fait-il, ça vient de me doper le mental, Gars.

J'aurais un petit litron de juliénas à mettre par-dessus, je me sentirais tout à fait Zorro.

Nous partons. La voiture tangote sur les cailloux. A perte de vue ce n'est que caillasse et encore caillasse.

Béru lève les yeux et fait de l’œil à la lune.

— C'est poilant, dit-il, j'ai l'impression qu'on se baguenaude sur la lune et que c'est la terre qu'on voit briller tout là-haut !

<p>CHAPITRE QUATRE</p>

— C'est pas folichon, grommelle Sa Majesté au bout d'une heure de tape-séant. Pas étonnant qu'ils veulent s'expanser, les Chinetocks, s'ils ont que la mer de sable d'Ermenonville en guise de potager ! Où qu'on va au juste ?

— On longe la chaîne du Tibet, renseigné-je.

— Et on la longe pendant combien de temps ?

— Elle mesure plusieurs centaines de kilomètres.

Ça le fait bondir Béru. Il se vrille la tempe d'un index qui a l'habitude de désigner les misères de la vie.

— Et après, demande-t-il ?

— On n'est pas du tout certain d'avoir un après.

Il gamberge un moment, le passe-montagne bas sur la vitrine car la nuit est froide comme une dame patronnesse. Puis il renifle puissamment afin d'éviter la formation de stalactites et demande :

— Bon, on est venu ici pour repérer une base ; seulement la Chine, c'est grand à ce que je m'ai laissé dire, non ?

— Environ vingt fois la France, Gros.

Il relève sa visière de laine.

— Et t'as la prétention d'arpenter le patelin jusqu'à ce que tu trouves la base en question ? Compliments !

Je file un coup de patin qui envoie le naze de Sa Majesté dans le pare-brise.

— Dites donc, Illustre Bérurier, fulminé-je, cette prétention, c'est vous qui l'avez émise, ce me semble !

Ça le mortifie, mais mon argument est sans réplique !

— J'étais naze, plaide-t-il.

— Ce qui ne fait qu'aggraver votre cas, mon cher.

— Tu dois bien avoir un plan, soupire le réprimandé.

— Crois-tu ?

— T'en as toujours un en réserve, Mec. J'ai jamais vu un type que les cellules grises fourmillent autant. Et, les tiennes, elles font pas la colle comme le caviar.

— Ne me faites pas la lèche, Bérurier, je vous prie. Ce sont-là de basses manœuvres que je réprouve !

— T'as fini de me vouvoyer ! proteste le Piteux. Après cette séance de vol plané j'ai pas envie de te servir de puchinge-balle, tu sais ?

Je lui souris parce que c'est plus fort que moi. Il y a toujours un moment où l'on est obligé de sourire à Béru. On a beau tenter de garder son sérieux, ça part. On pouffe !

— A quoi pensais-tu, Gros, tandis que tu vagabondais dans l'espace ?

— A toi, dit-il gravement. Je t'attendais.

Sidéré, j'essaie de lire son expression sous la visière du passe-montagne. Il galèje ou quoi, le Gros ? Il me file un coup de brosse à reluire ou s'il m'oint la vanité d'huile d'amande douce ? Pourtant non, sa bouille si pénétrable reste calme, grave, sereine.

— Comment ça, tu m'attendais.

— Je me disais que t'allais sûrement tenter quèque chose pour me récupérer, que c'était impossible que j'aille me goinfrer de pissenlits avec toi au-dessus de moi ! J'avais confiance, quoi !

Cher Béru, comme l'existence est réelle pour lui. Comme elle est solide pour cet homme dépourvu de toute angoisse métaphysique.

— T'as pas répondu à ma question, San-A. Quel est ton plan ?

Je pianote mon volant. L'air est frais. Et le silence entier de la nature éteinte me siffle aux oreilles comme le Mistral dans une coquille de bigorneau.

— Les Services Secrets amerlocks ont la certitude que la base en question se trouve dans le Turkestan oriental.

— C'est loin, ce machin ?

— Nous y sommes, Gros.

Béru file un coup de saveur hautement réprobateur sur le désert de rocaille qui nous entoure.

— Je préfère les Pyrennées-Orientales soupire-t-il, c'est plus joyce.

Puis, redevenant professionnel :

— Et pourquoi les Ricains supposent-ils ça, Gars ?

— La province de Sinkiang où nous nous trouvons est un désert quasi absolu, par conséquent elle est propice à toutes les expériences nucléaires et à l'établissement des bases de lancement. De plus, c'est après y avoir pénétré que tous les agents ont disparu.

— Et alors ?

— L'avantage d'un désert, Gars, c'est que tout ce qui n'est pas le désert s'y remarque. En admettant que la chance soit avec nous…

Béru acquiesce.

— Si elle y serait pas, fait-il, en ce moment j'aurais la bouille déguisée en bouse de vache !

Nous repartons dans la nuit froide. Ça ne roule pas vite vu que nous nous déplaçons non pas sur une route ou même, une piste, mais dans une immensité caillouteuse. Par instants, malgré la clarté lunaire, je heurte de gros blocs qui meurtrissent durement la calandre de la Jeep.

— Tu crois pas qu'on ferait mieux d'attendre le jour ? suggère Sa Majesté. On va finir par démolir la charrette.

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