Votre oncle* est parti il y a une dizaine de jours pour Carlsbad et m’a laissé dans un assez grand embarras… Il a bien voulu à son départ m’accréditer comme ch d’aff auprès de Gise*, mais en m’exhortant en même temps de ne pas en faire l’annonce au Ministère à Pétersb. C’est comme si on envoyait une lettre à la poste sans mettre l’adresse dessus. Malgré tout mon bon vouloir, il m’a été impossible de déférer à ce désir, car le lendemain même de son départ j’ai reçu des papiers que je ne pouvais me dispenser de transmettre au département. Voilà donc son incognito à Carlsbad sérieusement compromis.
Munich est désert. Le mois dernier je suis allé en courrier à Vienne où j’ai passé une quinzaine de jours. Ma femme n’est pas encore de retour*. Je l’attends dans le courant de cette semaine. A Munich on ne voit que des femmes grosses ou accouchées. Au nombre des premières il y a la belle Mad. Anna*, qui s’est établie dans la maison Maillot au jardin Anglais. C’est à l’heure qu’il est le seul endroit habité de Munich… Et encore va-t-il bientôt devenir inaccessible… Le Pe Charles s’est déjà mis en oraison*, et Weber a déjà presqu’entièrement achevé la layette… Je ne vous parle pas du mariage de Bourgoing avec Mlle Ida*, pas plus que de l’attentat d’Alibaud*. Ces énormités se savent toujours assez tôt… Presque toutes les têtes du corps diplomatique sont parties, et on ne voit traîner ici que quelques membra disjecta* de l’animal. Ce qui n’empêche pas toutefois qu’il ne fasse le plus beau temps du monde, et cela depuis 2 semaines. Mad. de Cetto est à Egloffsheim en tête-à-tête avec le nonce, tête-à-tête que je n’irai pas assurément troubler. Quant aux… mais c’est assez des noms propres comme cela.
Adieu.
T. Tutchef
ПереводМюнхен. 7/19 июля 1836