Pétersbourg. Mercredi. 13 novembre
Voilà encore deux postes qui ne m’ont rien apporté. Mais au moins je sais par une lettre, que Dmitry a reçu hier de sa sœur, que tu n’es pas malade. C’est donc que tu ne te soucies pas de m’écrire. Eh bien, j’aime encore mieux cela.
Pauvre Dima et moi, nous sommes entièrement démoralisés. Il y a quelque temps vous parliez encore de votre retour comme d’une chose qui devait se faire à une date plus ou moins précise, mais rapprochée. La lettre d’hier ne dit plus rien à ce sujet et a même l’air de révoquer en doute l’ouverture prochaine de la fabrique. — Je commence à craindre que l’excellent Basile*
ne nous ait mis dedans. Ce que je vois de plus clair jusqu’à présent, c’est que cette bienheureuse a absorbé non seulement le capital, mais même le revenu courant. — Mais s’il en était ainsi, si, en effet, c’est le manque d’argent qui vous retint à la campagne, eh bien, je ne m’y résignerai pas, j’irai vous y rejoindre. Je me mépriserai trop de rester ici. — Quant à la question de la fabrique, je me persuade, de plus en plus, que nous aurions beaucoup mieux fait au lieu d’une fabrique de sucre d’établir une distillerie.C’est ce soir, à 9 heures, que l’Impératrice est attendue à Tsarskoïé*
. — Anna voulait m’envoyer prévenir par le télégraphe de son arrivée. Il est donc probable que demain j’irai dîner chez elle. Aujourd’hui je devais dîner chez le PHier, mardi, soirée chez la Protassoff — qui m’a donné plus de mélancolie encore que d’ennui — c’est tout dire.
Je me résume, en répétant ce que j’ai déjà dit: Voilà une fin d’existence bien malarrangée.