Читаем Vas-y, Béru ! полностью

Nous quittons l'usine à bouffe et accomplissons un détour pour aller récupérer le dentier d'Alonzo au garage. La ville-étape est en pleine fiesta. Sur un podium, Zézette Bordemer, la virtuose de l'accordéon, joue « Prends ma figue mais fais gaffe aux pépins», sur un arrangement de Milliat Frères. Un peu plus mieux loin, sur une autre estrade, c'est Tono Rissi qui murmure sa toute dernière chanson (créée en 1935) : « Y a une voie d'eau à ma gondole».

Et je passe sous silence (afin de ne pas réveiller les voisins) les nombreux publicitaires en délire qui, dans les carrefours et sur les plages, virgulent aux passants des harangues terribles pour glorifier la mayonnaise en tube Machine ; la poudre à éterauer Chose ou le filtre à yé-yé Truquemuche (s'adapte sur tous les transistors et diffuse le grand Largo de Haendel à la place de « Ça pue les collins»).

Le garage est sis au fond d'une obscure venelle chaotique.

Il est fermé par une large porte de fer à bascule à l'intérieur de laquelle on a percé une porte plus petite. Une sonnette lumineuse met dans l'ombre une tâche ver-luisante.

Béru engloutit la minuscule lumière sous la spatule de son index. On perçoit le timbre réverbéré par l'immensité du garage. On mijote un bout de moment, et puis, comme rien ne se passe, il sonne à nouveau.

— Les veilleurs de nuit sont en fait des dormeurs de nuit, observé-je avec ce sens de l'humour dont je vous fais profiter si largement.

— Bouge pas, riposte Sa Majesté, je vas y frictionner les étiquettes.

Et le voilà qui interprète un solo de batterie sur la chétive sonnette lumineuse.

Toujours pas de réponse.

— C'est bien la province, rouscaille l'Enflure-masseuse. Dès poltron-minette, les gus en écrasent. Bon, eh bien le maillot jaune n'aura droit à son râtelier qu'au moment du départ…

— Et son entrecôte matinale, Gros, il la sucera?

— Que veux-tu que j'y fasse? désinvolte Bérurier.

— Bouge pas, j'ai mon sésame. Il remplace avantageusement les veilleurs de nuit endormis.

Je sors de ma profonde mon ouvre-boîtes universel et il ne me faut pas deux minutes pour mettre la serrure au courant de mes intentions. Nous passons la petite porte de fer et je me mets à tâtonner à la recherche de l'interrupteur. Le vaste local est éclairé par des tubes fluorescents récents.

Le Gravos siffle en matant les bagnoles serrées comme sardines en boîtes. Toutes appartiennent à la caravane du Tour et la plupart sont hérissées de vélos, roues en l'air.

— Ça va être coton pour retrouver mon baquet dans ce parkinge, lamente-t-il. Quand j'ai arrivé le garage était quasiment vide…

— On pourrait interviewer la Belle au Bois dormant qui exerce les fonctions de gardien de nuit ici, fais-je en montrant un petit appentis, sur la gauche. Un écriteau émaillé recommande justement de « S'adresser au Gardien».

Je m'approche du box et toque à la porte.

En vain.

— Pour moi, décide le Mastar, au lieu de jouer les sentinelles le gars est allé écouter la musique en ville.

Je pousse la porte qui n'est fermée qu'au loqueteau.

— Je ne crois pas, fais-je.

Et je montre à mon cher équipier abasourdi, un bon vieillard ligoté sur un lit-cage.

<p>CHAPITRE IX</p>

On a beau en avoir vu d'autres, ça fait toujours quelque chose. Je m'approche promptement du bonhomme. C'est un petit chétif d'une septentaine d'années, avec les cheveux blancs et des lunettes aux verres épais comme des culs de bouteilles.

On l'a bâillonné avec un bas de femme, et on lui a lié les pieds et les mains aux montants de son plumard métallique. Je m'hâte de le libérer et il pare au plus pressé en chialant comme un veau.

— Eh ben, pépé ! je m'apitoie, des petits misérables sont venus sucer le tiroir-caisse à ce qu'on dirait?

Il hoche le chef, hoquette et bredouille.

— Ils n'ont rien pris…

— Des farceurs z'aiors ! incrédulise Béru.

— On a sonné, j'ai ouvert, récite le septuagénaire en arrimant son vieux râtelier que le bâillon a déplacé, ils étaient deux, avec des bas sur la tête.

Je note au passage que le coup du bas se fait de plus en plus. La faute du cinoche qui a vulgarisé le gag. De nos jours, Marny ne fait plus seulement parler la jambe, il fait aussi causer la bouille.

— Et alors? engagé-je.

— L'un des deux hommes m'a mis un revolver sur la poitrine.

— Et aftère? demande Béru.

— Ils m'ont entraîné ici et m'ont ligoté.

— Et aftère? s'obstine l'Imperturbable, assoiffé de curiosité.

Le petit bâillonné-de-nuit secoue sa pauvre tête persécutée.

— Je les ai entendus qui faisaient basculer la porte et qui rentraient avec un camion.

— Et puis?

— Plus rien. Au bout d'un instant quelqu'un a sonné que sonneras-tu, je pense que ça devrait être vous…

— Vous n'avez pas entendu repartir le camion? lui demandé-je.

— Non.

— Donc il se trouve toujours ici?

— Donc oui, convient le ligoté-de-nuit.

— Voilà qui serait bizarre si ça n'était pas avant tout étrange, phrase Béru.

— Si je comprends bien, coupé-je, l'agression est récente?

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