Читаем Vie de Napoléon полностью

Les projets de descente en Angleterre furent abandonnés parce que l’empereur ne trouva pas dans la marine les talents à jamais admirables que la Révolution avait fait naître dans les troupes de terre. Chose singulière, des officiers français semblèrent manquer de caractère. Par la conscription, l’empereur avait quatre-vingt mille hommes de rente[72]. Avec les pertes des hôpitaux cela suffit pour donner quatre grandes batailles par an. On pouvait, en quatre ans, tenter huit fois la descente en Angleterre, et pour qui connaît les bizarreries de la mer, une de ces descentes pouvait fort bien réussir. Voyez la flotte française partir de Toulon, prendre Malte et arriver en Égypte. L’Irlande, opprimée par la plus abominable et la plus sanguinaire tyrannie[73], pouvait fort bien, dans un accès de désespoir, accueillir l’étranger.

En mettant le pied en Angleterre, on divisait aux pauvres les biens des trois cents pairs; on proclamait la constitution des États-Unis d’Amérique, on organisait des autorités anglaises, on encourageait le jacobinisme, on déclarait qu’on avait été appelé par la partie opprimée de la nation, qu’on avait seulement voulu détruire un gouvernement aussi nuisible à la France qu’à l’Angleterre elle-même et qu’on était prêt à se retirer. Si, contre toute apparence, une nation dont le tiers est à l’aumône, n’écoutait pas ce langage, en partie sincère, on brûlait les quarante villes les plus importantes. Il était très probable que quinze millions d’hommes, dont un cinquième est poussé à bout par le gouvernement, et qui tous n’ont que du courage sans aucune expérience militaire, ne pourraient pas, de deux ou trois ans, résister à trente millions d’hommes obéissant avec assez de plaisir à un despote homme de génie.

Tout cela manqua parce qu’il ne se trouva pas de Nelson dans notre marine[74]. L’armée française quitta le camp de Boulogne pour une guerre continentale qui vint donner un nouvel éclat à la réputation militaire de l’empereur, et l’éleva à un point de grandeur que l’Europe n’avait vu dans aucun souverain, depuis les temps de Charlemagne. Pour la seconde fois, Napoléon vainquit la maison d’Autriche et fit la faute de l’épargner; seulement il lui prit ses États de Venise et força l’empereur François à renoncer à son ancien titre impérial et à l’influence qu’il lui donnait encore en Allemagne. La bataille d’Austerlitz est peut-être le chef-d’œuvre du genre. Le peuple remarqua avec étonnement que cette victoire fut remportée le 2 décembre, anniversaire du couronnement. Dès lors, personne ne fut plus choqué en France de cette cérémonie ridicule.

Chapitre XXXIII

Prusse

L’année suivante, l’empereur vainquit la Prusse qui n’avait pas eu le courage de se joindre à l’Autriche et à la Russie. Chose sans exemple dans l’histoire, une seule bataille anéantit une armée de deux cent mille hommes et donna tout un grand royaume au vainqueur. C’est que Napoléon savait encore mieux profiter de la victoire que vaincre. Le 16 octobre, il attaqua à Iéna, non sans quelque crainte, cette armée qui semblait soutenue par la grande ombre de Frédéric; le 26, Napoléon entra dans Berlin[75]. À notre grand étonnement, la musique jouait l’air républicain: «Allons, enfants de la patrie.» Napoléon, pour la première fois en uniforme de général et chapeau brodé, était à cheval à vingt pas en avant de ses troupes au milieu de la foule. Rien de plus aisé que de lui tirer un coup de fusil d’une des fenêtres de l’Inter-Linden.

Une chose bien triste à ajouter, c’est que la foule silencieuse ne l’accueillit par aucun cri.

Pour la première fois, l’empereur rapporta de l’argent de ses conquêtes. Outre l’entretien de l’armée et son équipement, l’Autriche et la Prusse payèrent environ cent millions chacune. L’empereur fut sévère envers la Prusse. Il trouva les Allemands les premiers peuples du monde pour être conquis. Cent Allemands sont toujours à genoux devant un uniforme. Voilà comment le minutieux despotisme de quatre cents princes a arrangé les descendants d’Arminius et de Vitiking.

Ce fut alors que Napoléon commit la faute qui l’a précipité du trône. Rien ne lui était plus aisé que de mettre qui il aurait voulu sur les trônes de Prusse et d’Autriche; il pouvait également donner à ces pays le gouvernement des deux Chambres et des constitutions à demi libérales. Il abandonna le vieux principe des Jacobins de chercher des alliés contre les rois dans le cœur de leurs sujets. Comme nouveau roi, il ménageait déjà, dans le cœur des peuples, le respect pour le trône[76].

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