Читаем Vie de Napoléon полностью

La Russie approuva à Tilsitt les projets de l’empereur sur l’Espagne.

Ces projets consistaient à donner une principauté dans les Algarves à don Manuel Godoy, si connu sous le nom de prince de la Paix; au moyen de quoi le prince, le seul auteur de la proclamation qui perdait l’Espagne, livrait à Napoléon son roi et son bienfaiteur. En vertu du traité de Fontainebleau, conclu par le prince de la Paix, l’Espagne fut inondée de troupes impériales. À la fin, ce favori, aussi puissant que ridicule, s’aperçut que Napoléon se moquait de lui; il eut l’idée de fuir au Mexique; le peuple voulut retenir son roi; de là les événements d’Aranjuez qui appelèrent Ferdinand VII au trône et renversèrent le plan de Napoléon. Le 18 mars 1808, ce peuple si stupide et si brave, se souleva. Le prince de la Paix, aussi abhorré qu’il méritait de l’être, passa du pouvoir souverain dans un cachot. Un second mouvement força le roi Charles IV à abdiquer en faveur de Ferdinand VII. Napoléon fut très surpris: il avait cru avoir affaire à des Prussiens ou à des Autrichiens, et que disposer de la cour, c’était disposer du peuple. Au lieu de cela, il trouvait une nation et, à sa tête, un jeune prince adoré d’elle et étranger en apparence à l’avilissement qui pesait sur l’Espagne depuis quinze années. Ce prince pouvait avoir les faciles vertus de sa position et allait être environné d’hommes intègres attachés à la patrie, inaccessibles aux séductions et soutenus par un peuple inaccessible à la crainte. Tout ce que Napoléon savait du prince des Asturies, c’est qu’en 1807 il avait osé lui écrire pour lui demander la main d’une de ses nièces, fille de Lucien Bonaparte.

En Espagne, après les événements d’Aranjuez, l’enthousiasme était dans toutes les classes. Cependant l’étranger au sein de l’État commandait dans la capitale, occupait les places fortes et se trouvait le véritable juge entre Ferdinand VII et le roi Charles IV, qui venait de révoquer son abdication et d’invoquer le secours de Napoléon.

Dans cette position unique, par un nouveau trait de cette ineptie raisonnante qui caractérise les ministres d’un peuple depuis si longtemps étranger aux progrès de l’Europe, Ferdinand VII résolut de s’avancer au-devant de Napoléon. Le général Savary fit deux courses en Espagne pour presser ce prince d’arriver à Bayonne, mais jamais il ne lui offrit de reconnaître son titre. Les conseillers du nouveau roi, qui avaient peur des vengeances de Charles IV, contre lequel ils avaient conspiré, ne voyaient de sûreté qu’auprès de Napoléon et brûlaient d’arriver auprès de lui avec leur prince.

Ces grands événements semblent curieux de loin, mais, en s’en rapprochant, on ne les trouve que dégoûtants. Les ministres espagnols sont trop bêtes et les agents français trop forts. C’est la vieille politique stupidement perfide de Philippe II luttant contre le génie tout moderne de Napoléon[84]. Il y a deux traits qui reposent l’âme: celui de M. Hervas, frère de la duchesse de Frioul, qui, au péril de plus que sa vie, arriva à Valladolid et fit tout ce qui est humainement possible pour ouvrir les yeux à la stupide suffisance des ministres de Ferdinand VII. Le garde général des douanes sur la ligne de l’Èbre, homme simple et brave, proposa à ce prince de l’enlever avec deux mille hommes dont il disposait: il fut sévèrement réprimandé. Voilà bien l’Espagne telle qu’elle allait se montrer pendant six ans: stupidité, bassesse et lâcheté dans les princes; dévouement romanesque et héroïque de la part du peuple.

Ferdinand VII arriva à Bayonne le 20 avril au matin et y fut reçu en roi. Le soir, le général Savary vint lui annoncer que Napoléon avait résolu de placer sa propre dynastie sur le trône d’Espagne. Napoléon exigeait en conséquence que Ferdinand VII abdiquât en sa faveur. Dans le même moment l’empereur avait avec le ministre Escoïquiz cette curieuse conversation qui développe si bien et son caractère et toute sa politique envers l’Espagne[85].

Le plan de Napoléon était vicieux en ce qu’il offrait aux princes, chassés d’Espagne, l’Étrurie et le Portugal: c’était laisser du pouvoir à des ennemis.

Ferdinand VII, victime d’un vil favori, d’un père aveugle, d’un conseil imbécile et d’un voisin puissant, était, dans le fait, prisonnier à Bayonne. Comment sortir de ce mauvais pas? À moins de devenir oiseau, il ne restait aucune possibilité de s’évader, tant les précautions étaient bien prises. Chaque jour elles redoublaient. Les remparts de la ville étaient, jour et nuit, couverts de soldats, les portes gardées avec le plus grand soin, tous les visages examinés à l’entrée et à la sortie. Des bruits de tentative d’évasion se répandirent; la surveillance acquit une nouvelle activité. C’était une captivité déclarée. Le conseil de Ferdinand n’en refusait pas moins ferme d’accepter l’Étrurie en échange de l’Espagne.

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