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– Oh, l’amour n’est rien, s’il n’est pas de la folie, une chose insensée, défendue et une aventure dans le mal. Autrement c’est une banalité agréable, bonne pour en faire de petites chansons paisibles dans les plaines. Mais quant à ce que je t’ai reconnue et que j’ai reconnu mon amour pour toi, – oui, c’est vrai, je t’ai déjà connue, anciennement, toi et tes yeux merveilleusement obliques et ta bouche et ta voix, avec laquelle tu parles, – une fois déjà, lorsque j’étais collégien, je t’ai demandé ton crayon, pour faire enfin ta connaissance mondaine, parce que je t’aimais irraisonnablement, et c’est de là, sans doute c’est de mon ancien amour pour toi que ces marques me restent que Behrens a trouvées dans mon corps; et qui indiquent que jadis aussi j’étais malade…[145]

Его зубы стучали. Он вытащил одну ногу из-под скрипучего кресла и, продолжая фантазировать, выставил ее вперед, эту ногу, а коленом другой ноги коснулся пола, и вот он уже стоял преклонив колено, опустив голову и дрожа всем телом. – Je t’aime, – лепетал он, – je t’ai aimée de tout temps, car tu es le Toi de ma vie, mon rêve, mon sort, mon envie, mon éternel désir…[146]

– Allons, allons! – сказала она. – Si tes précepteurs te voyaient…[147]

Но он с отчаянием покачал головой, склоняясь лицом к ковру, и ответил:

– Je m’en ficherais, je me fiche de tous ces Carducci et de la République éloquente et du progrès humain dans le temps, car je t’aime![148]

Она осторожно погладила его по коротко остриженным волосам на затылке.

– Petit bourgeois! – сказала она. – Joli bourgeois à la petite tache humide. Est-ce vrai que tu m’aimes tant?[149]

Вдохновленный ее прикосновением, уже встав на оба колена, откинув голову и закрыв глаза, он продолжал:

– Oh, l’amour, tu sais… Le corps, l’amour, la mort, ces trois ne font qu’un. Car le corps, c’est la maladie et la volupté, et c’est lui qui fait la mort, oui, ils sont charnels tous deux, l’amour et la mort, et voilà leur terreur et leur grande magie! Mais la mort, tu comprends, c’est d’une part une chose mal famée, impudente qui fait rougir de honte; et d’autre part c’est une puissance très solennelle et très majestueuse, – beaucoup plus haute que la vie riante gagnant de la monnaie farcissant sa panse, – beaucoup plus vénérable que le progrès qui bavarde par les temps, – parce qu’elle est l’histoire et la noblesse et la piété et l’éternel et le sacré qui nous fait tirer le chapeau et marcher sur ta pointe des pieds… Or, de même, le corps, lui aussi, et l’amour du corps, sont une affaire indécente et f âcheuse, et le corps rougit et pâlit а sa surface par frayeur et honte de lui-même. Mais aussi il est une grande gloire adorable, image miraculeuse de la vie organique, sainte merveille de la forme et de la beauté, et l’amour pour lui, pour le corps humain, c’est de même un intérêt extrêmement humanitaire et une puissance plus éducative que toute la pédagogie du monde!.. Oh, enchantante beauté organique qui ne se compose ni de teinture à l’huile ni de pierre, mais de matière vivante et corruptible, pleine du secret fébrile de la vie et de la pourriture! Regarde la symétrie merveilleuse de l’édifice humain, les épaules et les hanches et les mamelons fleurissants de part et d’autre sur la poitrine, et les côtes arrangées par paires, et le nombril au milieu dans la mollesse du ventre, et le sexe obscur entre les cuisses! Regarde les omoplates se remuer sous la peau soyeuse du dos, et l’échine qui descend vers la luxuriance double et fraîche des fesses, et les grandes branches des vases et des nerfs qui passent du tronc aux rameaux par les aisselles, et comme la structure des bras correspond à celte des jambes. Oh, les douces régions de la jointure intérieure du coude et du jarret avec leur abondance de délicatesses organiques sous leurs coussins de chair! Quelle fête immense de les caresser ces endroits délicieux du corps humain! Fête à mourir sans plainte après! Oui, mon dieu, laisse-moi sentir l’odeur de la peau de ta rotule, sous laquelle l’ingénieuse capsule articulaire sécrète son huile glissante! Laisse-moi toucher dévotement de ma bouche l’Arteria femoralis qui bat au front de ta cuisse et qui se divise plus bas en les deux artères du tibia! Laisse-moi ressentir l’exhalation de tes pores et tâter ton duvet, image humaine d’eau et d’albumine, destinée pour l’anatomie du tombeau, et laisse-moi périr, mes lèvres aux tiennes![150]

Он открыл глаза, только когда сказал все это; откинув голову, простирая руки, в которых держал серебряный карандашик, он все еще стоял на коленях, трепеща и содрогаясь. Она сказала:

– Tu es en effet un galant qui sait solliciter d’une maniére profonde, а l’allemande[151].

И она надела на него бумажный колпак.

– Adieu, mon prince Carnaval! Vous aurez une mauvaise ligne de fiеvre ce soir, je vous le prédis[152].

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Волшебная гора
Волшебная гора

«Волшебная гора» – туберкулезный санаторий в Швейцарских Альпах. Его обитатели вынуждены находиться здесь годами, общаясь с внешним миром лишь редкими письмами и телеграммами. Здесь время течет незаметно, жизнь и смерть утрачивают смысл, а мельчайшие нюансы человеческих отношений, напротив, приобретают болезненную остроту и значимость. Любовь, веселье, дружба, вражда, ревность для обитателей санатория словно отмечены тенью небытия… Эта история имеет множество возможных прочтений – мощнейшее философское исследование жизненных основ, тонкий психологический анализ разных типов человеческого характера, отношений, погружение в историю культуры, религии и в историю вообще – Манн изобразил общество в канун Первой мировой войны.

Алиса Клевер , Анна Яковлева , Рози Бэнкс , Томас Манн

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