La création des régions a été faite pour avoir des entités plus efcaces. Les provinces, trop étendues ne présentaient pas réellement une unité géographique cohérente. L’opposition, pourtant attachée aux provinces avait choisi (la mauvaise idée) de boycotter le référendum et la révision fut adoptée. Habilement, Marc Ravalomanana s’appliqua à museler l’opposition Aux législatives du 27 septembre 2007, le TIM rafa les 82 % des sièges à l’Assemblée Nationale. L’opposition parlementaire était réduite à rien. Des mesures vexatoires furent prises par les nouveaux chefs de régions à l’endroit de l’opposition qui avait beaucoup de difcultés à organiser meetings et réunions publics. Des stations radiophoniques appartenant à l’opposition furent interdites d’émettre et fermées. La couverture nationale fut interdite aux radios et télévisions privées, mais pourtant autorisée de facto pour la MBS, la radiotélévision du président. La dérive autoritaire du régime était devenue une réalité vécue et ressentie particulièrement du côté des intellectuels et des syndicats comme le SECES (Syndicat des Enseignants Chercheurs de l’Enseignement Supérieur) et le SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar). La bonne gouvernance était annoncée par le pouvoir, déclarée dans les bonnes intentions politiques, mais de ce côté-là, les arbres du progrès masquaient la forêt des anciennes pratiques des démocraties post-coloniales. Et en vérité, des eforts tangibles ont été faits sur les trois initiatives suivantes:
L’amélioration de la gestion fnancière à travers l’adoption et la mise en œuvre d’un plan de réforme;
La lutte anti-corruption par la création du Bureau Indépendant Anti-corruption (BIANCO) et de la SAMFIN;
le renforcement de la société civile et des medias, en particulier dans les actions de développement[781]
.Mais les résultats ont été mitigés et souvent ces mesures ont abouti à un sentiment d’inégalité de traitements parmi la population malgache.
Toujours est-il que l’on ne pourra pas nier chez Marc Ravalomanana d’avoir eu cette volonté de faire avancer les choses et de faire bouger le cocotier. Il a le mérite d’avoir cru aux ressources de la population malgache et aux potentiels du pays. Il a cette conviction qu’en travaillant dur, vite et bien, le peuple malgache pourrait démarrer l’économie et sortir de la pauvreté. Il revient aux dirigeants de donner un cadre bien défni et apporter des mesures appropriées. Les mesures prises lors du premier mandat ont démontré l’efcacité du pragmatisme de l’homme d’afaire malgache: distribution de kit scolaire pour encourager la scolarisation, recours aux compétences étrangères pour relancer les sociétés d’État en difculté, pour avoir des bons résultats et vite, RRI (Rapid Results Initiative) oblige!
Si au cours du premier mandat le document de référence était le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), en 2006, le gouvernement malgache élabore le Madagascar Action Plan (MAP), une approche intégrée du développement et de la lutte contre la pauvreté qui s’appuie largement sur les Objectifs du millénaire pour le Développement (OMD). C’est la feuille de route du gouvernement malgache pour la période allant de 2007 à 2011. Elle est bien partie, mais fut brutalement interrompue par le coup d’État d’Andry Rajoelina et ses partisans.
Si on observe les tendances des indicateurs sur les années 2006–2008, on observe une nette amélioration de la situation sur l’économique et le social. Après la longue tendance récessive des années 80 et 90, le PIB s’est mis à croître durant les années de présidence de Marc Ravalomanana. Et, ce, malgré le ralentissement de l’économie mondiale et la crise mondiale de 2008[782]
. Il est vrai que, pour une longue période entre 1960 et 2007, le PIB par tête a reculé de plus d’un tiers! Et même si l’atteinte des objectifs du millénaire semble peu probable, la remontée est réelle.