Читаем Avé, Christ полностью

D'ailleurs, je dois te dire que j'ai fait pour toi des sacrifices à Esculape. Je crains pour ta santé. Veturius laisse entendre que les chrétiens sont fous. Tu ne remarques certainement pas combien de changements transparaissent dans ton comportement à mon égard depuis le début de tes nouvelles pratiques ? Après de longues absences loin de ta famille lorsque tu reviens, tu n'es plus le mari affectueux du passé. Au lieu de te reporter à notre douce intimité, tu gardes ta pensée et tes paroles tournées vers les succès de ce culte abominable. Par le passé, Sabine affirmait que la dangereuse mystique de Jérusalem affaiblit les liens de l'amour que les divinités domestiques nous ont légués et dirait que ce Christ te domine de l'intérieur en t'éloignant de moi...

Cintia, maintenant, qui avait le visage contrarié, séchait ses larmes nerveusement alors que son fils souriait, ingénu, dans ses bras.

Grande stupide ! — objecta son mari, inquiet — comment peux-tu penser que je puisse t'oublier ? Où habite l'amour si ce n'est dans le sanctuaire du cœur ? Je te veux comme toujours. Tu es tout dans ma vie...

Mais... et la dépendance dans laquelle nous vivons ? — s'écria Cintia, désenchantée — la pauvreté est épouvantable. Tu es l'employé d'Opilius et nous habitons dans une maison qu'il nous fait la faveur de nous céder... Pourquoi ne te lances-tu pas comme mon cousin dans le monde des affaires pour que nous ayons aussi des navires et des esclaves, des palais et des fermes ? Ne te sens-tu pas humilié par notre position d'infériorité ?

Varrus Quint exprimait une amertume manifeste sur son visage calme. Il caressa la jolie chevelure de sa femme et objecta, contrarié :

Pour quelle raison te tortures-tu ainsi ? N'apprécies-tu pas notre richesse de caractère ? Serait-il convenable de vivre dans l'opulence sur le malheur des autres ? Comment retenir des esclaves quand nous essayons de les libérer ? Apprécierais-tu de me voir réaliser des transactions inavouables perdant ainsi la droiture de ma conscience ?

Son épouse pleurait, malheureuse, mais voulant changer le cours de la conversation, Varrus lui dit :

Oublions ces futilités. Voyons ! Allons plutôt écouter les paroles de Corvlnus? Une voiture nous y conduira dans la soirée...

Pour revenir à la maison épuisée ? — lui répondit sa femme tout en versant de copieuses larmes. — Non ! Je n'irai pas ! J'en ai assez. Que peuvent bien nous enseigner les Gaulois barbares dont les pythies lisent les augures dans les viscères encore chaudes des défunts soldats ?

Le jeune époux laissa alors transparaître dans ses yeux une invincible tristesse et lui

dit :

De la cruauté pour les Gaulois ? Et nous ? Avec tant de siècles de culture, nous noyons encore des femmes désarmées dans les eaux polluées du Tibre, nous assassinons des enfants, nous crucifions la jeunesse et manquons de respect pour la vieillesse en condamnant des personnes âgées et vénérables livrées à l'appétit des fauves, et cela tout simplement parce qu'ils se consacrent à des idéaux de fraternité et de travail honorant la vie de tous. Jésus...

Varrus allait évoquer une citation évangélique faisant appel aux paroles du Divin Maître quand Cintia levant le ton s'est faite plus sèche et s'est mise à crier :

Le Christ !... Touj ours le Christ !... Rappelle-toi que notre condition sociale est misérable... Fuis la punition des dieux en rendant hommage à César pour que la fortune nous sourie. Je suis malade, accablée... Je n'ai pas la vocation de la croix ! Je déteste les nazaréens qui attendent le ciel entre les discussions et les poux !...

Le jeune patricien a alors dévisagé sa compagne, compatissant, comme s'il déplorait en son for intérieur les paroles insensées qu'elle prononçait et remarquant que leur enfant pleurait lui tendant les bras, il s'approcha pour le caresser en disant :

Pourquoi tant de références à la pauvreté ? Notre fils n'est-il pas à lui seul un véritable trésor ?

Immédiatement, Cintia ravit l'enfant à la tendresse paternelle et reculant précipitamment, elle s'exclama :

Tatien ne sera jamais chrétien. C'est mon fils ! Je le consacrerai à Dindymène. La mère des dieux le défendra contre la sorcellerie et la superstition.

Puis, elle est tout de suite entrée à l'intérieur prise d'une incompréhensible torture

morale.

Varrus Quint n'est pas retourné à sa lecture.

Perdu dans de profondes réflexions, il s'est penché contre le mur qui séparait le jardin de la voie publique et s'est attardé à la contemplation d'un groupe de garçons qui étaient là, occupés à jouer. Ils lançaient des petites pierres dans l'eau et, la pensée tournée vers son petit Tatien, ne pouvant définir les sombres pressentiments qui oppressaient sa poitrine, il remarqua qu'une étrange angoisse envahissait son cœur.

Перейти на страницу:

Похожие книги