Читаем Avé, Christ полностью

Les chrétiens que tu ne comprends pas maintenant sont à la base de la gloire à venir. Humiliés et décharnés, vilipendés et offerts en sacrifice, ils représentent la promesse de la paix et la sublimation pour le monde.

Un jour viendra où personne ne se souviendra du faste de nos célébrations mensongères. Le vent fort qui souffle des monts glacés répandra sur le sol obscur les cendres de notre misérable grandeur alors convertie en lamentation et poussière. Mais le renoncement des hommes et des femmes qui se laissent aujourd'hui immoler pour une vie meilleure sera de plus en plus sanctifié et plus vivant dans la fraternité qui régnera souveraine !...

Remarquant peut-être la profonde surprise du jeune homme qui l'écoutait, tremblant et abattu, Varrus Quint insista :

Prépare-toi à être un valeureux soldat du bien. Bientôt, nous retournerons à l'école de la chair. Tu seras pour moi l'étoile du matin me montrant l'arrivée du soleil à chaque jour qui passera. De toute évidence, des souffrances cruelles qui sont le lot des serviteurs de la vérité s'abattront sur nous, dans cette nuit de flagellation tourmentée. Sans aucun doute, la douleur guette nos existences car la douleur est la marque du perfectionnement moral dans le monde... Nous connaîtrons la séparation et l'infortune, la haine et le martyre, mais le pain de la grâce céleste entre les hommes pour de nombreux siècles encore sera pétri à la sueur et aux afflictions des serviteurs de la lumière ! Je suivrai tes pas tel un chien fidèle, et j'espère qu'uni à mon cœur, tu pourras répéter plus tard :

Ave, Christ ! Ceux qui vont vivre pour toujours te glorifient et te saluent !...

Le messager fit une longue pause alors que des oiseaux nocturnes gazouillaient bruyamment dans le bois plongé dans les ténèbres.

Rome dormait maintenant d'une lourde quiétude.

Varrus Quint s'inclina et affectueusement serra son fils contre sa poitrine, puis l'embrassa sur le front.

À cet instant, cependant, peut-être parce que des sensations contradictoires tourmentaient son for intérieur, Tatien ferma les yeux pour interrompre le flux des larmes copieuses qui lui montait aux yeux, mais en les rouvrant, il observa que son père avait disparu.

Le paysage était inchangé.

La statue d'Apollon brillait, reflétant le clair de lune palissant à l'aube.

Affligé d'angoisses, Tatien a élancé ses bras dans la nuit qui lui semblait alors désolée et vide, s'écriant désespérément :

— Mon père ! Mon pèret..

Et parce que ses cris restaient sans écho dans l'immensité, fatigué et abattu, il s'est allongé par terre, en sanglots...

Des années et des années ont ainsi passé après ces événements.

CŒURS EN LUTTE

Dans sa villa décorée de rosés, sur les collines de l'Aventino du côté du Tibre, Varrus Quint, jeune patricien romain, était plongé dans ses pensées...

Après avoir effectué une longue mission sur la galère de la flotte commerciale d'Opilius Veturius pour qui il assumait les fonctions de commandement, il était rentré chez lui pour se reposer un peu. Une fois qu'il eut affectueusement embrassé sa femme et son fils qui prenait du plaisir à jouer dans le triclinium, il se reposa en lisant quelques écrits d'Aemilius Papinianus dans le pavillon fleuri du jardin.

En l'an 217, Rome passait par une lourde atmosphère de crimes et de tourments alors que les dernières heures de l'empereur Marc Aurèle Antonin Bassianus, surnommé Caracalla (3), avaient sonné.

(3) Bien qu'étant d'une certaine manière tolérant vis-à-vis des chrétiens qui se trouvaient dans une position sociale privilégiée dans la vie publique, le gouvernement de Caracalla permettait la persécution méthodique d'esclaves et de plébéiens voués à l'Évangile, considérés comme étant des ennemis de l'ordre politique et social. (Note de l'auteur spirituel)

Depuis la mort de Papinien cruellement assassiné par ordre de César, l'Empire avait perdu toutes ses illusions quant au nouveau dominateur.

Loin de respecter les traditions paternelles dans la sphère gouvernementale, Bassianus avait lancé une vaste conspiration tyrannique contre le droit établi nourrissant non seulement la persécution des groupes nazaréens les plus humbles, mais aussi tous les citoyens honorables qui osaient désapprouver sa conduite.

Enthousiasmé par les sages idées du célèbre jurisconsulte, Varrus les avait comparées aux enseignements de Jésus qu'il avait en mémoire, réfléchissant aux possibilités de conversion de la culture romaine aux principes du christianisme dès que la bonne volonté pourrait pénétrer l'esprit de ses compatriotes.

Descendant d'une famille notable dont les racines remontaient à la République, malgré la grande pauvreté matérielle où il se débattait, c'était un partisan passionné des idéaux de liberté qui envahissaient le monde.

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