Читаем Avé, Christ полностью

À gauche, tu trouveras une échelle qui t'attend et, sous l'escalier, il y a un canot que j'ai moi-même préparé. Enfuis-toi avec. Le vent t'emportera vers la côte. Mais, écoute bien ! Va vivre sur d'autres terres et change de nom. À partir d'aujourd'hui, pour Rome et pour ta famille, tu as disparu dans les eaux.

Le jeune homme a voulu réagir et affronter dignement la situation, néanmoins, il s'est souvenu que si Corvinus avait pris sa place dans la mort, il devait le remplacer dans la vie, et sentant dans une de ses mains le poids de la bourse que le héros lui avait confiée, humblement il s'est tu, en larmes.

Prends avec toi les bagages du vieux, mais laisse tes papiers — l'a informé Flave Subrius déterminé — Opilius Veturius doit se certifier que tu as bien disparu pour toujours.

Mais à cet instant alors que le jeune prenait dans ses mains l'héritage de l'apôtre, le bâton d'Helcius Lucius a touché brutalement la porte.

Subrius a poussé Varrus derrière une armoire et a répondu à la porte.

Le commandant ivre est entré, il a lancé un éclat de rire glacial en observant le fardeau sanglant, et a dit :

Très bien, Subrius ! Ton efficacité est étonnante. Tout est prêt ?

Parfaitement — a répondu l'assesseur d'un ton servile.

Chancelant, Helcius a appliqué quelques bastonnades au cadavre et fit observer :

Gros malin, notre Opilius. Ce pauvre Varrus aurait pu être éliminé dans n'importe quelle ruelle de Rome. Pourquoi lui faire l'hommage de le tuer en mer ? Enfin, je comprends. Un patricien décent ne doit jamais blesser la sensibilité d'une belle femme.

Il a demandé à l'assistant les papiers du défunt et d'une voix égayée, il a ordonné :

Donne-le en pitance aux poissons, aujourd'hui même, et n'oublions pas d'informer la noble Cintia Julia que son mari, en mission de surveillance contre la peste nazaréenne, a été assassiné par des esclaves chrétiens sur les galèrœ..

D'un rire sarcastique, il a ajouté :

Veturius se chargera de dire le reste.

Le commandant s'est retiré et, incité par Subrius, Varrus a lancé un dernier regard aux restes de son ami.

Emportant avec lui ses souvenirs, il s'est éloigné le pas vacillant, a descendu l'escalier de service et s'est installé dans le minuscule canot.

Seul dans la nuit froide et claire, il est resté un long moment dans le bateau, à penser, et repenser...

Le vent, qui sifflait, semblait lécher ses larmes, l'induisant à aller de l'avant, mais le jeune homme torturé par une amère incertitude au fond aurait désiré se jeter à la mer et mourir également.

Et pourtant Corvinus avait marqué son cœur pour le reste de sa vie. Son sacrifice lui imposait d'être courageux. Il fallait lutter. Pour Cintia et pour son cher fils, il n'existait plus, mais il avait une mission à l'église de Lyon qu'il devait remplir.

Peu importe ce que cela lui coûterait, il atteindrait les Gaules déterminé à servir la grande cause.

S'en remettant à Dieu, le jeune homme détacha le canot et ramant dé-ci, dé-là, il s'est laissé aller au gré du vent.

Indifférent aux dangers du voyage, il n'a ressenti aucune crainte de la solitude sur l'abîme obscur.

Fortement entraîné par le courant, à l'aube, il a accosté sur une large plage.

Il a changé de vêtement et enfilé la tunique usée de Corvinus. Résolument, il a jeté son noble habit patricien à la mer, décidé à revenir au monde sous l'apparence d'un autre homme.

Accueilli dans un village littoral où il trouva quelque chose à manger, il a marché jusqu'à Tarracina, une ville balnéaire florissante du Lazio.

Il n'eut pas de mal à identifier le domicile de quelques compagnons de foi. Malgré la terreur qui faisait rage dans la vie publique, le gouvernement de Bassianus-Caracalla laissait les chrétiens relativement en paix, bien qu'accompagnant chacun de leurs mouvements d'une sévère surveillance.

En se déclarant pèlerin de l'Évangile en transit pour les Gaules, Varrus, fatigué et malade, put trouver de l'aide chez Dacius Acursius, un homme bon et charitable qui gardait un abri destiné aux indigents.

Soutenu par des amis anonymes, pris d'une fièvre violente il a déliré pendant trois jours et trois nuits ; mais sa robuste jeunesse réussit à vaincre la maladie dont il souffrait.

Comme il ne pouvait rien dire le concernant et en raison des missives qu'il portait venant des chrétiens de Rome aux confrères lyonnais dont le messager était un certain « frère Corvinus », c'est ainsi qu'il a été désigné par ses nouvelles relations.

Pris d'une inspiration supérieure, plein d'émotion, il s'est mis à prêcher la Bonne Nouvelle et la communauté de Tarracina touchée dans ses fibres les plus intimes, bien que voulant le retenir, l'a aidé à organiser son voyage en Gaules où le jeune homme a accosté après de nombreuses difficultés et d'énormes privations.

Il dut passer un temps à Massilia10 quand finalement il est arrivé à destination.

(10) Aujourd'hui, Marseille. (Note de l'auteur spirituel)

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