Читаем Avé, Christ полностью

À de nombreuses reprises, Hélène divaguait en silence se demandant : — Serait-il cohérent de croire en ces paroles qu'elle avait entendues ? Orosius était un sorcier. Le miraculeux pouvoir dont il s'affublait afin de l'impressionner venait certainement de l'influence d'êtres infernaux, ou de qui donc alors ? Peut-être que la vision d'Émilien n'était qu'une simple démence. Elle était jeune, au début de la vie. Elle avait le droit de choisir son propre chemin... Ne vaudrait-il pas mieux se défaire de cette obligation qui était pour elle un sombre fardeau ? De quel droit l'âme de son amant revenait-elle de la tombe pour lui imposer un aussi lourd devoir ?

Prise de constantes hésitations, elle est arrivée à l'île, affectueusement assistée par Anaclette et par son vieil oncle.

Salamine, l'ancienne capitale belle et prospère dans le passé, fut détruite par une énorme révolution judaïque sous l'empire de Trajan.

L'exode de la population avait été lent mais progressif. Différents villages et exploitations agricoles se formaient autour de la ville en décadence.

Dans l'un de ses bourgs minuscules, Apollodore avait bâti son nid domestique.

Hélène fut reçue avec beaucoup de respect et d'estime. Toujours soutenue par Anaclette, elle engagea à son service une vielle esclave nubienne, Balbine, à qui elle promettait la liberté et le retour à sa patrie dès qu'elle ne serait plus soumise à son traitement. Et, malgré les protestations affectueuses de son hôte, elle loua une villa confortable en pleine campagne, alléguant son besoin d'air pur et de repos absolu.

Les jours passaient les uns après les autres.

Prise de dégoût et de désespoir, la jeune femme patricienne décida de tenter certaines méthodes pour échapper à sa situation.

Subtilement, elle réussit à faire parler Balbine qui lui donna quelques informations sur les herbes qu'elle prétendait appliquer.

La servante, sans percevoir ses intentions, mais dotée d'expérience lui a donné les renseignements dont elle disposait. Et Hélène en personne, sans rien dire à sa gouvernante, a préparé le breuvage une certaine nuit puis s'est mise au lit pour le boire avant de s'endormir.

Elle déposa le gobelet sur un meuble à portée de main et se mit à réfléchir quelques instants. Elle s'est alors plongée dans une profonde introspection et quand elle s'est efforcée mentalement de prendre le verre argenté et d'en boire le contenu, elle s'est sentie prise d'une étrange torpeur. Bien que consciente, mais comme si elle rêvait éveillée, elle vit Émilien pâle et abattu auprès d'elle.

Il tenait sa main droite sur son thorax blessé comme dans la vision d'Orosius et lui adressant la parole, il lui a parlé, attristé :

Hélène, pardonne-moi et aie pitié !... La violente séparation de mon corps fut une terrible épreuve. Ne me blâme pas ! Je donnerais tout pour rester et t'épouser, mais que pouvons-nous faire quand les cieux se prononcent contre nos désirs ? Peux-tu imaginer le martyre d'un homme mené outre-tombe sans pouvoir soutenir la femme qu'il aime ?

La jeune femme, provisoirement coupée de son corps physique, l'écoutait, atterrée... Si elle l'avait pu, elle se serait enfuie sans attendre. Émilien était à peine l'ombre du désirable athlète qu'elle avait connu. Il ressemblait à un fantôme que la mort avait habillé de douleur. Seuls ses yeux vivants et fascinants étaient les mêmes. Elle voulut reculer et se cacher, cependant, elle se sentait comme plombée au sol et retenue à son amant par des liens impondérables.

Montrant son intention de la tranquilliser, le jeune défunt s'est approché avec plus d'affection et lui a dit :

Ne crains rien. La mort est une illusion. Un jour, toi aussi tu seras ici, comme tous les mortels... Je sais combien l'horizon te semble orageux. Presque une enfant et tu as été surprise par de pénibles problèmes de cœur... Néanmoins, il vaut mieux toujours connaître la vérité le plus tôt possible...

Au fond, la jeune fille désirait savoir pourquoi il revenait du monde des ombres la faire souffrir.

N'avait-elle pas déjà suffisamment de sujets d'impatience ?

Et tout en pensant que son amant était exempté de tous devoirs moraux, malgré elle sa conscience parlait plus fort et elle se demandait : — Pourquoi Émilien insiste-t-il tant à vouloir m'accompagner alors qu'au fond il est libre ? N'a-t-il pas quitté la terre pour le royaume de la paix ?

Laissant comprendre qu'il saisissait ses paroles non prononcées, le visiteur inattendu lui a répondu :

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