Pour finir, Claude souriant lui a donné l'accolade alors qu'une émouvante mélodie d'hosanna vibrait sous le ciel plein de scintillantes étoiles...
Pleurant de joie, le défunt s'est approché du sublime messager et lui dit humblement :
Ami dévoué, tes paroles ont touché le fond de mon âme. Je les reçois comme une incitation charitable à ma pauvre bonne volonté puisque que je ne les mérite vraiment pas... Je sais que ta générosité m'ouvre à de nouveaux horizons, que ta bonté peut me conduire aux sommets, néanmoins, si cela est possible laisse-moi sur terre... Je me considère, pour l'instant, incapable d'aller de l'avant justement parce que ma tâche n'est pas terminée. Quelqu'un...
Claude a caressé sa tête et a interrompu sa phrase en soulignant :
Je sais. Tu te rapportes à Tatien. Fais comme tu veux. La décision t'appartient. Tu as reçu l'autorisation de l'aider pendant un siècle et tu as un solde de temps à ta disposition.
Il a alors fixé ses yeux doux et pénétrants qui extériorisaient la beauté de son âme et lui demanda :
Comment désires-tu prolonger ta tâche ?
J'aimerai renaître dans la chair et servir auprès du fils que le ciel m'a confié — a répondu Varrus, humblement.
L'émissaire a réfléchi quelques instants et a déclaré :
Au nom de nos Supérieurs, je peux autoriser l'exécution de ta demande, néanmoins, je dois te dire que Tatien a perdu les meilleures occasions de la jeunesse physique. De précieuses opportunités lui ont été offertes, en vain, pour qu'il s'élève à la gloire du bien.
Maintenant, bien que soutenu par ton affection, il sera visité par la piqûre de la douleur, afin qu'il s'éveille, rénové, aux bénédictions divines.
Varrus a esquissé un sourire de patience et de compréhension et a prononcé d'émouvants remerciements.
Le brillant banquet fraternel s'est poursuivi et quand les compagnons se sont dit adieu pour retourner à leurs obligations quotidiennes, le héros de Lyon, incité par le vieux Corvinus au repos, a désiré revoir Tatien, avant de partir...
Le vénérable ami a immédiatement répondu à sa demande.
Heureux et unis, ils se sont rendus en Gaule lugdunienne et ont pénétré, tranquilles, dans l'enceinte du palais où le prêtre avait été un modeste jardinier.
Ils n'ont pas eu besoin de faire des recherches dans l'intérieur domestique.
À leur approche, ils ont perçu les appels mentaux du jeune patricien à une courte distance...
Incapable de se défaire de l'angoisse qui l'absorbait depuis qu'il s'était éloigné du cadavre paternel, rongé de douleur, Tatien avait abandonné ses appartements particuliers et était descendu au jardin, en quête d'air frais. Pris d'une terrible affliction, il est allé sur la place aux rosiers où si souvent il avait échangé des impressions avec son père alors transformé en affectueux infirmier.
Il semblait encore entendre les références et les commentaires d'antan, récapitulant les précieuses conversations concernant des écrivains et des philosophes, des éducateurs et des hommes de sciences.
Il revoyait, mentalement, son visage calme et ce n'est que maintenant qu'il reconnaissait dans cette sollicitude de tous les instants, la tendresse familière que son caractère impulsif n'avait pu discerner...
Une profonde nostalgie mêlée d'une irrémédiable affliction blessait son esprit.
Sous le pallium des constellations matinales qui scintillaient d'une pureté immaculée,
Varrus
Quint s'est approché et lui a caressé le visage couvert de copieuses larmes.
Mon fils ! Mon fils !... — a-t-il dit l'étreignant — Dieu est amour infini ! Ne fléchis
pas !
L'occasion de rédemption ressurgit toujours avec la divine miséricorde !... Ressaisis ton cœur perturbé et lève-toi ! Notre bonne et sanctifiante lutte ne fait que commencer...
Ce ne fut pas avec les oreilles de la chair que le jeune homme a entendu ces paroles qui lui étaient adressées, mais sous forme de vibrations d'encouragement et d'espoir qu'il les
Se sentant inexplicablement soulagé, il a séché ses larmes et a regardé le ciel constellé de lumière.
Allons !... — a continué son dévoué père — ne gaspille pas inutilement tes forces!...
Doucement enlacé, sans savoir comment, le jeune homme s'est levé et soutenu par son bienfaiteur spirituel, il a repris le chemin de la maison pour se livrer au repos.
Tout en gardant ses mains apposées sur lui, le missionnaire invisible a prié à son
chevet.
Enveloppé des vibrations réconfortantes d'un doux magnétisme, Tatien s'est endormi...
Se soutenant à Corvinus, Varrus Quint s'est retiré heureux avec l'intime bonheur de celui qui a accompli un devoir sacré et beau.
Étreints, les deux amis se sont rendus au sanctuaire de paix et de réconfort qui leur servirait de résidence dans les sphères de la joie immortelle.
Tout autour, l'aube rougissait le lointain horizon... La lueur des étoiles s'évanouissait et les oiseaux matinaux annonçaient
Fin de la première partie
DEUXIEME PARTIE
I
EPREUVES ET LUTTES
De lourds nuages sombres pesaient sur l'année 250...