Читаем Avé, Christ полностью

Depuis la montée de Dèce au pouvoir, la métropole romaine et les provinces traversaient de terribles tourments.

Le nouvel empereur haïssait les postulats du christianisme, en conséquence, il avait déchaîné des persécutions atroces et systématiques contre les prosélytes du nouvel idéal religieux.

Des décrets sanglants, des dispositions rigoureuses et des missions punitives furent ordonnés tous azimuts.

Des menaces, des poursuites, des enquêtes et des emprisonnements furent perpétrés de toutes parts. Comme modes de flagellation furent communément utilisés le bûcher, les fauves, l'épée, des griffes de fer rougi, les chevaux de bois, les tenailles et les croix. Des récompenses furent offertes à ceux qui inventaient de nouveaux types de torture.

Et les magistrats, presque tous adonnés au culte de la peur et de l'adulation, se surpassaient dans l'exécution des désirs du nouveau César.

Dans Carthage, les familles chrétiennes souffraient de vexations et de lapidations ; à Alexandrie, les supplices augmentaient sans cesse ; en Gaules, les tribunaux vivaient pleins de victimes et de délateurs ; à Rome, se multipliaient les spectacles de mort dans les cirques...

Face à ces événements déplorables, la villa Veturius, à Lyon, était moins festive que dans le passé, bien que plus productive et plus fructueuse.

Depuis la mort de Varrus, Opilius s'était retiré en compagnie de Galba et vivait dans la capitale du monde, il n'avait plus jamais échangé un seul mot avec son beau-fils.

Les terribles surprises survenues depuis le suicide de Flavius Subrius avaient creusé entre eux deux des abîmes de silence et une froide aversion perdurait au fond d'eux-mêmes où les amères révélations obtenues comme des secrets inénarrables du cœur gisaient.

Depuis l'instant où il avait pris connaissance de la vérité allusive au passé, consterné, Tatien cherchait à noyer dans le travail les peines et les tourments qui le perturbaient intérieurement.

Dévoué à sa femme qui méritait toujours toute son affection, il essaya de concentrer sur elle ses penchants affectifs, mais Hélène était excessivement frivole pour comprendre son dévouement. Prise par des activités sociales nombreuses, elle voyageait fréquemment, rendant visite parfois à de vielles connaissances dans des localités frontalières ou allant voir son père et son frère à la métropole impériale. Elle avait trouvé étrange, au début, l'éloignement paternel dont elle n'avait jamais eu connaissance de la véritable cause, mais elle s'était finalement habituée à l'absence de Veturius, supposant que son père trouvait plus de joie à vieillir tranquille dans cette ville qui fut son berceau.

Toujours accompagnée d'Anaclette, son ancienne gouvernante, elle fréquentait assidûment le théâtre, le cirque, les courses et les jeux.

Malgré les demandes réitérées de son mari qui se consacrait à la méditation et à la dignité domestique, elle ne changeait pas de conduite.

Tous les jours, la jeune femme trouvait mille excuses pour s'absenter, esclave de l'opinion publique, des conventions, des modes et des frivolités inconvenantes à sa condition.

Veturius s'était réellement détourné de son beau-fils, pour autant il n'avait pas lâché prise sur les intérêts patrimoniaux et, afin de se protéger, il avait envoyé à l'exploitation agricole un grec libre qui avait toute sa confiance, du nom de Teodul à qui il avait conféré le droit de partager avec son beau-fils les services administratifs.

Teodul était un célibataire intelligent et astucieux toujours prêt à courber l'échiné pour obtenir des avantages en sa faveur. Il était devenu l'ami de Tatien, mais bien plus encore de sa femme, et creusait subtilement une distance entre eux deux.

Si la maîtresse de maison voulait se rendre à Vienne ou à Narbonne, il était le premier à se présenter pour l'escorter et conduire son voyage ; si elle désirait traverser la Méditerranée pour partir en excursion à Rome et dans les alentours, il était la personne indiquée pour la suivre de près, de sorte que son mari, à l'étonnement de sa femme, n'était pas amené à revoir son beau-père.

Malgré la vigueur juvénile de ses trente quatre ans, Tatien avait profondément changé.

Ce n'était plus le jeune homme d'autrefois.

Il s'était renfermé sur lui-même.

Puisqu'il ne pouvait trouver en sa compagne la confidente qu'il désirait, il vivait psychiquement isolé et investissait toute son énergie au service des champs.

Il ne pouvait se considérer comme étant riche puisqu'il était lié aux intérêts de Veturius, prisonnier de cette fatalité domestique.

La propriété rapportait des revenus substantiels, mais dans la famille sa situation le plaçait en position de subalterne économique, de sorte qu'au fond, Hélène était l'enfant légitime avec laquelle le propriétaire de l'exploitation agricole s'entendait directement en permanence par correspondance.

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