Читаем Avé, Christ полностью

Intérieurement, le fils de Varrus Quint se disait alors que la présence de sa fille était peut-être le seul bonheur dont il jouissait sur terre.

De retour chez eux, brunis et pleins d'entrain, ils furent reçus par une grande agitation. Un message était arrivé de Rome et Tatien, déconcerté, savait qu'il s'agissait toujours d'un événement désagréable pour lui. Sa femme était plus exigeante et plus sèche.

En effet, dès qu'il fut entré, Hélène l'a invité à parler en privé lui présentant une longue lettre venant de son père. Opilius insistait pour que sa fille et ses petites-filles se rendent à la métropole. Elles lui manquaient beaucoup et, surtout, il était excessivement inquiet quant à la situation de Galba totalement livré, comme toujours, à des fréquentations indésirables. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée que le jeune homme était encore célibataire. Et, confidentiellement, il suppliait Hélène d'étudier avec son beau-fils la possibilité d'un mariage entre oncle et nièce. Lucile, la petite-fille qu'il avait vue naître, avait atteint ses quinze ans. Ne serait-il pas opportun de la rapprocher du célibataire tentant par là quelque réaction régénératrice, malgré la différence d'âge ?

La société romaine, disait le vieil homme, était en décadence. De grandes fortunes étaient dilapidées par manque de prévoyance des familles patriciennes traditionnelles.

Ne serait-il pas justifié, demandait-il, de vouloir préserver leurs biens avec une nouvelle union dans leur propre environnement domestique ?

Tatien a lu la lettre et montra sur son visage l'immense mécontentement qu'elle provoquait en lui, et il a commenté, ennuyé :

Le vieil Opilius respire certainement l'or. Il n'a d'autre idée en tête que l'argent, défendre sa fortune et la décupler. Je crois qu'il pourrait vivre tranquille en enfer dès lors que le royaume des ombres serait constitué de pièces de monnaie. Quelle sottise ! Quel bonheur pourrait surgir du mariage d'une jeune fille de quinze ans avec un libertin de la qualité de Galba ?

Bouleversée, sa femme devenue pâle l'exhorta :

Je ne tolère pas que l'on manque de respect à l'égard de mon père. Il a toujours été aimable et généreux.

Et regardant son mari, du haut en bas, elle a continué :

Que pourrions-nous offrir à Lucile dans une province pleine d'esclaves et de misérables ? En outre, le mariage de notre fille avec mon frère serait un acte d'une grande sagesse. Mon père sait toujours ce qu'il fait.

Le mari, au fond, aurait voulu éclater et crier sa révolte.

De quel droit décidaient-ils, ainsi, du destin de son aînée ? Elle était bien trop jeune pour faire un tel choix. Pourquoi ne pas confier ce cœur juvénile à la sagesse du temps afin d'en décider avec calme ? D'expérience, il savait que le bonheur ne serait jamais le fruit de la contrainte.

Néanmoins, il renonça à tout argument.

Entre lui et Veturius, il existait une mer de boue et de sang. Jamais, il ne l'excuserait du malheur de son père. L'amitié, qui les liait en d'autres temps, s'était convertie en une haine silencieuse. Cependant, sa femme était sa fille et par le sang de ses filles, il était obligé de le reconnaître comme étant de sa famille.

Il pouvait discuter, lutter, combattre, et pourtant, seul il était pauvre et ne réussirait jamais à vaincre le géant financier que le destin lui avait imposé comme beau-père.

Et plutôt que de lutter verbalement avec Hélène, ne serait-il pas préférable de se taire ?

Face au sombre mutisme de son mari, elle a continué : — Voilà plus d'un an que je ne vois pas mon père.

Maintenant, je dois y aller. Je n'ai pas d'autre alternative. Le bateau sera probablement à Massilia la semaine prochaine... Cette fois, je pense pouvoir compter sur toi. Mon père t'attend depuis plusieurs années...

Comme s'il se réveillait d'un cauchemar, Tatien a répondu avec humeur :

Je ne peux pas... Je ne peux pas...

C'est ça ! Chaque fois que j'ai besoin de ton concours pour un voyage important, tu t'illustres par ton absence. Nous avons à notre disposition un monde plein de joies et d'amusements, mais tu préfères l'odeur des chèvres et des chevaux...

Hélène, ce n'est pas vraiment cela — lui fit son mari gêné —, le travail...

Elle l'a alors sèchement interrompu, prise d'irritation :

Toujours le travail, l'éternelle excuse. Ne t'accable pas. J'irai avec Anaclette et Teodul, en compagnie des filles.

Le maître de maison s'est senti blessé rien qu'à l'idée de sa séparation avec sa plus jeune fille, et fit observer instinctivement :

Aurais-tu besoin d'une suite aussi grande ?

Ne te plains pas — lui fit sa femme, sarcastique —, chacun reçoit ce qu'il cherche. Si tu désires la solitude, ne t'irrite pas du manque de compagnie.

Son mari n'a pas répondu.

La fille de Veturius a commencé à s'organiser.

Des couturières, des fleuristes, des orfèvres et des artisans se sont mis à travailler avec

ardeur.

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