Читаем Avé, Christ полностью

Cher bienfaiteur, voici le fils de mon âme !... c'est le doux garçon auquel je me suis rapporté lors de nos conversations passées à Rome... Il a grandi dans d'autres bras et s'est développé dans un autre environnement !... Oh, mon père, tu connais la longue et torturante nostalgie qui a lacéré mon cœur !... Tu sais combien j'ai aspiré à cette heure de compréhension et d'harmonie !... Cependant, pauvre de moi ! Ceux qui s'aiment profondément sur terre ne se retrouvent souvent qu'au moment de la grande séparation... Oh, cher père, ne me relègue pas à l'affliction que je porte dans ma poitrine oppressée... Calme mon esprit ulcéré, soutiens-moi dans ce voyage vers la mort !... Donne-moi des forces afin que je puisse suivre en paix, allant de l'avant sur le chemin que le Seigneur m'a tracé ! Ne permets pas que mes pas hésitent sur cette nouvelle route ! Je donnerais tout à cette heure pour rester et me révéler à mon fils inoubliable, cependant, notre Divin Maître m'a honoré de son témoignage de confiance !... Je dois partir en laissant en arrière ce corps fatigué qui m'a servi de tabernacle !... Je me console, cependant, de la certitude que nous continuerons liés les uns aux autres par le sublime amour qui de toute part est l'héritage glorieux de Notre Père Céleste !... Pardonne-moi l'insistance avec laquelle je m'attache à Tatien en ces minutes suprêmes de mes adieux sur terre !... Il est encore bien jeune et inexpérimenté... Il n'a pas encore suffisamment de grandeur spirituelle pour comprendre l'Évangile mais l'avenir nous assistera pour l'aider à triompher... Dévoué Corvinus, ne l'abandonne pas !... Aide-le à réfléchir à la grandeur de la vie et à découvrir la lumière de la connaissance chrétienne !...

L'agonisant a fait un long intervalle alors que le jeune homme lui caressait les mains, étouffant ses larmes.

Ensuite, il a repris la parole s'exclamant :

Je sais que la prière dans la magnanimité de l'Éternel devrait être à présent ma seule pensée... Je sais que seule l'Infinie Bonté du Seigneur peut remplir le vide de mon insignifiance, néanmoins... Tatien est mon fils et Jésus nous a promis son suprême pardon lorsque l'on aime beaucoup !... Tatien...

Le martyr semblait vouloir poursuivre et son fils l'écoutait anxieusement, mais la résistance de Varrus était arrivée à bout...

Le mourant devint muet.

Seuls ses yeux dans ceux du jeune homme angoissé disaient sans mots toute l'affection et l'inquiétude qui erraient dans son âme.

C'est alors que Silvain et la multitude de garçons qui l'accompagnaient ont entouré son pauvre lit et ont commencé à chanter...

Varrus Quint a entendu le vieil hymne simple et tendre qu'il avait lui-même composé pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs de son école, alors que les enfants répétaient :

Compagnon,

Compagnon !

Sur le sentier qui te conduit,

Que le ciel t'accorde dans la vie

Les bénédictions de l'Éternelle Lumière!..

Compagnon,

Compagnon !

Reçois en guise de salut

Nos fleurs de joie

Dans le vase de ton cœur.

Quand le chœur infantile se tut, Varrus s'est levé, admiratif.

Il a regardé son corps immobile, abattu et exsangue. Sa gratitude pour l'enveloppe amie qui lui avait permis tant de leçons, baignait maintenant son âme en prière. En quelques minutes, il a revu toutes les luttes et douleurs du passé avec une indéfinissable sensation de paix et de joie.

Corvinus l'étreignait avec toute l'affection d'un père pour un enfant qui lui serait cher, alors que plusieurs amis, au loin, lui adressaient des pensées d'amour.

Le prêtre désincarné se sentait au fond soulagé presque heureux, mais brusquement comme s'il se réveillait par un beau matin clair lui revinrent en mémoire quelques pénibles inquiétudes de la veille, il s'est senti dominé par une blessure invisible qui lui rongeait le cœur. Soudainement, il a fixé Tatien qui pleurait en silence et a reconnu en lui son unique douleur.

Il s'est penché, impulsivement, sur le jeune homme et l'a embrassé. Ah, la chaleur de ce corps semblait lui communiquer une nouvelle existence, les rayons des sentiments émis par ce cœur filial le pacifiaient intérieurement, apaisant son esprit tourmenté !... n l'a étreint contre sa poitrine avec une infinie tendresse ressentant une joie indicible mêlée d'amertume, mais le vieux Corvinus l'a enlacé doucement et lui a dit :

— Varrus, il est mille manières bien plus sages de l'aider au-delà des sentiments infructueux de tristesse ou d'affliction. Relève-toi ! Tatien est le fils de Dieu. Quantité de compagnons s'incarcèrent, après la mort, dans les toiles obscures de l'affectivité moins constructive tels des insectes prisonniers à la douceur du miel et se transforment en des bourreaux affectueux et inconscients de leurs propres parents... Relève la teneur de tes sentiments et marche. Tu reverras certainement ton fils et tu lui ouvriras tes bras robustes et généreux, mais pour l'instant, Jésus et l'humanité doivent être nos préoccupations essentielles de serviteurs de l'Évangile.

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