Seigneur aie la bonté de recevoir avec amour tes serviteurs et nos inoubliables amis ! Soutiens-les dans la gloire de ton Règne ! Ils nous ont orientés dans la difficulté, nous ont encouragés dans la tristesse, ils furent notre lumière dans l'ombre ! Oh Maître, permettez que nous puissions imiter leur exemple de vertu et de courage avec la même bravoure dans la foi ! Vestinus ! Basil !
Admirables bienfaiteurs ! Où que vous soyez, ne nous abandonnez pas ! Enseignez- nous toujours que seul le sacrifice nous permettra de construire avec Jésus un inonde meilleur!...
Aurèle s'est tu.
La prière s'était étouffée dans sa gorge noyée par de brûlantes larmes, meurtri dans son
cœur.
Mettant fin au silence qui se faisait pesant, Valérien s'est écrié, enragé :
En prison ! Conduisez ces hommes en prison ! Je ne veux pas de sorcelleries nazaréennes. Continuons notre chasse ! Il est indispensable que nous détenions tous les impliqués... Mobilisons les moyens dont nous pouvons disposer ! Ma patience est épuisée, j'ai attendu inutilement !...
Les partisans de la Bonne Nouvelle ont lancé un dernier regard aux restes sanglants et ont été emmenés dans les cellules immondes qui leur étaient destinées.
La persécution a continué, implacable.
Pendant la nuit, d'autres groupes ont été emprisonnés.
Une garde turbulente était constituée en grande partie d'éléments inférieurs dominés par la cruauté et la sauvagerie.
Le lendemain, très tôt, le représentant de Gallus était présent à l'inspection.
Il a émis de nombreux ordres, fait des plans, imaginé des rapports qu'il devait envoyer à la ville impériale de sorte à s'affirmer dans sa condition légitime de défenseur de l'État et de compagnon fidèle de l'empereur. Pour cela, Egnas a visité des dizaines d'incarcérés préparant d'habiles interrogatoires.
À la demande de Libérât comme dernière activité de la matinée, il est descendu jusqu'à la pièce où les jeunes femmes étaient entassées.
Dix jeunes filles abattues
Valérien les a regardées avec la méchanceté d'un loup maître du troupeau et s'arrêtant à Livia, il a demandé à l'assesseur :
D'où vient cette beauté singulière ? Libérât lui répondit à voix basse :
C'est la fille de l'un des vieillards exécutés hier.
Oh ! Oh !... Pourquoi ne l'ai-je pas su avant ? — a dit Egnas se grattant la tête intrigué — elle vaut plus que de nombreux vieux réunis.
Il a concentré toute son attention sur la jeune femme qui s'est sentie gênée par un tel privilège, et a demandé qu'elle soit transférée dans une cellule plus confortable, non loin de son cabinet particulier d'audiences.
Après quelques heures, la fille adoptive de l'accordeur, inquiète et découragée, s'est retrouvée dans une grande chambre agréablement meublée où le représentant de Gallus vint dans la soirée la voir de près.
Livia reçut sa visite effrayée.
Belle gauloise — a-t-il commencé, étrangement affectueux —, sais-tu qu'un dignitaire impérial est excusé de toutes demandes. Néanmoins, il me plait d'oublier les titres dont je me trouve investi pour me présenter à toi comme le plus commun des mortels.
La jeune femme a levé sur lui des yeux suppliants dont les larmes étaient prêtes à
couler.
Valérien a senti naître en lui un sentiment nouveau... Il a remarqué qu'une compassion inattendue atténuait sa cruauté virile. Surpris, il fit appel à sa mémoire pour se rappeler où il avait connu cette jeune femme, mais ce fut en vain.
Où pouvait-il l'avoir déjà croisée ? Il se sentait touché par des réminiscences qu'il n'arrivait pas à préciser.
Ton nom ? — a-t-il demandé avec une inflexion de voix proche de la tendresse.
Livia, Mon Seigneur.
Livia — a-t-il continué d'un ton presque familier —, m'as-tu déjà rencontré quelque part ?
Je ne m'en souviens pas, Mon Seigneur.
Cependant, pourrais-tu comprendre la soudaine passion d'un homme ? Sais-tu, par hasard, le type de sentiment que tu m'inspires ? Serais-tu disposée à accepter mes propositions de bonheur et d'affection ?
Mon Seigneur, je suis mariée...
Egnas a ressenti un grand malaise et lui fit :
Le mariage peut être un frein à nos égarements, mais jamais un empêchement insurmontable au véritable amour.
Il a marché, nerveusement, d'un côté à l'autre
Où se trouve le chanceux qui te possède ?
Mon mari est absent...
D'autant mieux — a insisté le légat à nouveau calme —, notre affection pourra être, dès aujourd'hui, si tu le veux une belle romance... Accepterais-tu mon invitation ?
Mon Seigneur, en plus d'être mariée, je suis aussi chrétienne...
Oh ! Le christianisme est la folie de Jérusalem qui prétend asphyxier la santé et la joie de Rome. Tu es suffisamment jeune pour renoncer à cette peste ! J'ai les moyens de suppléer à tes besoins. Un palais entouré de jardins et rempli d'esclaves sera tout naturellement le cadre riche
Remarquant que la brillante promesse ne modifiait pas l'expression physionomique de la prisonnière, il a ajouté, mordant :