Читаем Bérurier au sérail полностью

— Votre Sire est trop bon, renchérit Béru, maintenant on n’a plus qu’à aller se pêcher une grenouille dans les bras de votre station balnéaire.

— Non, fait Obolan, vous restez ici. Je vous ai fait préparer des appartements.

J’aime moins ça.

Pourtant, si on y regarde de plus près c’est une sacrée aubaine car je vais pouvoir étudier mon problème au cœur du palais.

Enfin, comme dit l’autre, ce célèbre inconnu : qui vivra verra.

L’essentiel étant de vivre.

CHAPITRE X

Somptueux, ils sont, les appartements.

Il fait décidément bien les choses, m’sieur Obolan. Ses chambres d’aminches valent celles du Plazza-Athénée. Il y a l’eau chaude, l’eau froide et l’eau de Cologne sur l’évier. Les lits bas sont en satin et tout est « à lavement », selon Béru.

Nous y passons une excellente nuit réparatrice après nous être fortement restaurés. Au menu : mouton rôti aux bananes, haricots rouges au piment et salade de blatchwitz. Le tout arrosé de thé.

Le lendemain, je suis d’une humeur de pucelle lâchée dans le printemps. Je bois un peu de sirop de cactus (l’huile de foie de morue du Kelsaltan) afin de me mettre en condition ; je prends un bain à l’extrait de feuilles de roses et puis, pour achever ma beauté, je me rase au moyen d’un rasoir à main qui pourrait servir d’enseigne à un pommadin de village.

Une fois beau comme un milord arabe, je passe voir mes camarades. Sirk est paré. Mais Béru et Pinuche, brisés par la fatigue du long voyage et les émotions de la veille, font un meeting d’aviation à eux deux.

— Viens, ordonné-je à Hamar, on va se baguenauder un peu.

Nous draguons (comme disent les Chinois) dans les magnifiques jardins de l’émir. Je voudrais bien rencontrer les deux mecs blonds aperçus la veille, mais je fais chou blanc.

— Allons en ville, décidé-je alors.

J’ai une légère appréhension en me dirigeant vers la grille. Je me demande dans ma Ford intérieure si Obolan n’a pas donné des ordres pour nous empêcher de sortir. Nous n’aurions, en ce cas, fait que troquer nos culs de basse-fosse pour des cages dorées. J’ai l’impression, soudain, qu’un regard pèse sur mes épaules. Ça fait ça à tout le monde, mais chez moi, le poids d’un regard est une chose qui me fait immédiatement tressaillir.

Je me retourne. À une fenêtre du harem, il y a la favorite d’Obolan, Lola. Elle se tient dans l’embrasure comme une statue. Elle fixe Sirk. Je le lui fais remarquer et il se retourne à son tour.

— J’ai idée que cette nana a des idées polissonnes sur ta personne, Mec.

Ça lui fait hausser les épaules.

— Dites, commissaire, charriez pas ; je tiens à mes bijoux de famille !

Nous voici devant la grille du palais. Des gardes montent la faction, l’air sévère avec leur moustache noire, terrible et calamistrée. Personne ne s’oppose à notre sortie.

Ouf !


Nous musardons un moment dans Aigou. Une certaine agitation règne dans les rues. On voit des camions de l’armée chargés de soldats munis de pelles passer dans un concert inutile de klaxons.

Inutile, car personne ne songe à leur chicaner la priorité.

Nous atteignons la haute ville et débouchons, Sirk et moi, sur la place de la mosquée de Kelbodar, le Saint-Sulpice d’Aigou. On y jouit d’une vue étonnante. À nos pieds, le désert s’étend sur des kilomètres et des kilomètres, pour ne pas dire plus.

Le sable, le sable, le sable ! Et puis le ciel, presque de la même couleur blanchâtre… Et la chaleur torride !

Un vertige !

— Qu’est-ce qu’ils fabriquent ? murmure Sirk qui regarde dans la direction opposée à celle que j’admire présentement. Je le rejoins. À environ deux kilomètres sept-cent cinquante de là, j’aperçois un fourmillement de soldats et des camions arrêtés…

— Ils vont peut-être construire une maison de la radio et de la télé, ricané-je.

Mais le boulot effectué par les gars en uniforme est pour le moins bizarre et ne procède pas de la construction. Ils œuvrent dans un très vaste quadrilatère entouré de barbelés. À l’intérieur dudit quadrilatère, le terrain est quadrillé à l’aide de rubans tendus sur des piquets.

— Renseigne-toi auprès d’un passant, ordonné-je.

Sirk m’obéit. Je le vois s’approcher d’un vieillard chenu et plus barbu qu’une tomme de Savoie oubliée dans un cellier.

Il revient au bout d’un instant.

— Il ignore ce que font les soldats. Tout ce qu’il a pu m’apprendre, c’est qu’un avion a atterri ici il y a quelque temps.

Je bondis.

— J’ai pigé, mon pote ! Ils sont en train de rechercher quelque chose dans le sable. Quelque chose qui ne doit pas être gros car ils passent le terrain au tamis, centimètre carré par centimètre carré. C’est pour se repérer qu’ils l’ont découpé en carré. Ils font chaque carré minutieusement, comme un chercheur d’or pour traquer les pépites…

Je me mets à gamberger, mais sous le soleil qui cogne sur nos nuques comme Guignol sur le gendarme, cette méditation solaire ne donne rien de bon.

Nous allons musarder du côté des fouilles. De loin je m’aperçois que des sentinelles espacées devant l’entrée de ce curieux camp en interdisent l’accès.

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