Читаем Bérurier au sérail полностью

— Annonce-toi, Gros, fais-je. Et toi aussi, Pinuchet.

Nous remontons dans nos appartements. Il n’y a personne dans les couloirs. Les larbins se pressent aux fenêtres pour mater les performances. C’est vraiment le bon moment.

La gosse Lola est assise sur mon plumard. En la découvrant, mes subordonnés insubordonnés écarquillent leurs obturateurs. Mais où ils sont complètement siphonnés, c’est quand ils voient la favorite se précipiter dans mes bras et me galocher tout en me faisant dans l’entrepont le coup du genou-pédaleur.

— Ah ! ben toi, alors ! bredouille l’Enflure, on te changera jamais. Partout où y a du cheptel, tu te sélectionnes le surchoix.

Pinaud, plus réaliste, murmure :

— C’est de la démence, San-A., tu sais ce que tu encours ?

Je rends à Lola la monnaie de son baiser avant de répondre car Félicie m’a appris qu’il ne faut jamais parler la bouche pleine.

— Pas de panique, mes enfants. Si on ne risquait pas sa vie par amour de l’amour, pourquoi la risquerait-on ?

— Vous êtes prêt ? me demande Lola.

— Je suis.

— Alors venez.

J’intime à mes preux chevaliers l’ordre de nous filer le train et je marche sur les talons de Lola.

Elle connaît ce palais comme la poche de mon kangourou.

Au bout du couloir, la voilà qui soulève une tenture et qui s’engage dans un escalier dérobé.

On se descend commako la valeur de trois étages, alors que nous sommes partis du premier. Ce qui revient à dire, je le précise pour ceux d’entre vous qui seraient faibles en mathématiques, que nous arrivons deux étages sous terre. Une porte de fer dont les barreaux ne sont pas rachitiques barre soudain l’escalier. Lola met un doigt sur ses lèvres et me désigne un garde assis sur un tabouret.

L’homme est en train de graisser un revolver gros comme une bombarde. Il fredonne une mélopée.

— C’est lui qui a les clés, me chuchote Lola. Et il y a deux autres gardes dans une pièce voisine.

Problème épineux. Que faire ?

Si je me mets à casser la cabane avant d’avoir assuré nos arrières, je risque fort de me faire bloquer dans une impasse. D’un autre côté, il est indispensable que je communique avec les prisonniers. Alors ?

— Tu parles kelsaltipe, chérie ? je demande à la souris.

— Couramment !

— C’est vrai que tu es douée pour les langues.

Je dégaine le pistolet et le coule entre les barreaux.

— Tu vas appeler l’homme à voix basse et lui dire de venir ouvrir, sans qu’il fasse le méchant, O.K. ?

— S’il appelle ? objecte la belle messaline.

— Il n’appellera pas deux fois. À ces profondeurs et avec le boucan qu’il y a dans le jardin, le bruit d’une détonation passerait inaperçu.

Elle est prête à tout, Lola. Pour une fille soumise c’est une fille soumise.

— Hé ! Houssékonsmé poûrsbékoté ! fait-elle.

Le garde cesse de chanter, lève la tête, nous voit, se dresse, empoté avec son revolver démonté. Il doit regretter d’avoir choisi ce moment pour lui faire sa toilette intime à son pétard.

— Féfissa ! lui lance Lola.

Il regarde en direction de la pièce où se tiennent ses potes. J’ai un petit mouvement du pistolet très opportun. Le gars, c’est pas le chevalier Bayard. Il s’approche jusqu’à la grille.

— Dis-lui qu’il lève les bras et chope la clé de la tirelire dans sa poche, beauté !

Elle exécute docilement mes ordres. Nous voici dans la place. D’un hochement de tranche, je signifie au Gros de s’occuper du garde. C’est pas au vainqueur de Tranche-Montagne qu’il faut faire un dessin pour lui apprendre la façon de mettre un zig K.O. en douceur.

Il l’étale d’une manchette en pleine glotte. De sa main libre, il le rattrape afin de freiner sa chute. Avant de le déposer à terre, il lui place un petit crochet sec comme un biscuit à la pointe du menton. Je connais la dose de Béru. Cette anesthésie va chercher dans les dix minutes.

— Surveille le type et la lourde, chuchoté-je dans la feuille de la Vieillasse. S’il y a du pet, tousse.

Silencieux comme l’ombre d’un sourd-muet sur du velours, je me dirige vers la porte de droite. J’entends parler à l’intérieur.

— À nous deux de faire, Mec, dis-je au Gros. On les cueille à la surprise. Je délourde brutal et chacun prend le sien, correct ?

— C’est parti.

Aussitôt dit, aussitôt fait. D’un coup de tatane, je virgule la porte. Nous découvrons un large couloir sur lequel s’ouvrent des cellules semblables à celles que nous occupâmes lors de notre arrivée chez Obolan.

Deux bonshommes jouent au troufignard-borduré en buvant du sirop dévogecazé. Leurs mitraillettes sont posées sur la table, près de leurs tasses.

Ils sont vifs. Notre brutale intrusion les paralyse deux secondes seulement. Les voilà qui empoignent leurs pétoires.

Le drame, comprenez-vous, c’est qu’ils sont à l’autre bout du fameux couloir et que nous avons une dizaine de mètres à faire avant de les atteindre. Je pige illico qu’on arrivera sur eux juste à temps pour morfler une giclée de dragées brûlantes dans le placard. Alors j’applique la jouvence extrême. Pas celle de l’abbé Souris, l’autre : celle du révérend Pan-pan.

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