Le Maître a été très clair dans son exposition. Pour que les disciples soient la lumière du monde, ils seront symbolisés par des villes construites sur la montagne où elles ne seront jamais cachées. Pour que l'ouvrier de Jésus soit une expression de clarté dans la vie, il est indispensable qu'il s'élève en donnant l'exemple, et se présente à tous en tant que construction chrétienne, malgré les difficultés de l'ascension angoissante. Un tel accomplissement est impérissable.
L'oscillation des passions ne renverse pas l'édification d'une telle nature, les lapidations la laissent intacte et, si quelqu'un la lacère, ses fragments constituent la continuité de la lumière en une sublime traînée qui se répand de toute part, car c'est ainsi que les premiers martyrs du christianisme ont semé la foi.
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Il convient de réfléchir
Analyser, réfléchir, pondérer sont les modalités propres à l'écoute. Il est primordial que la créature soit toujours prête à identifier le sens des voix, des suggestions et des situations qui l'entourent.
Sans observation, il est impossible d'exécuter la tâche la plus simple qui soit dans l'accomplissement du bien. Lors de son parcours évolutif, ce n'est qu'après avoir entendu avec attention, que l'homme peut parler de manière édifiante.
Celui qui entend, apprend. Qui parle, enseigne. L'un garde, l'autre répand.
Seul celui qui garde une bonne expérience répand avec succès.
Le conseil de l'apôtre a donc un caractère immortel.
Force est de convenir que, si l'homme doit être prêt à observer et prudent dans ses propos, il doit tarder à se mettre
en colère.Effectivement, le chemin humain offre quotidiennement des quantités de raisons qui nous poussent à réagir énergiquement ; néanmoins, aussi souvent que possible, il est bon de reporter au lendemain la manifestation de notre colère, car parfois apparaît l'occasion d'un examen plus sensé et le motif de notre emportement disparaît.
Gardons à l'esprit que tout homme naît pour exercer une fonction définie. En écoutant toujours, il peut être sûr qu'il atteindra sereinement les objectifs auxquels il se destine, mais en parlant, il est possible qu'il abandonne l'effort au milieu, et en perdant son calme, il ne réalisera probablement pas de grandes choses.
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Vérités et fantaisies
Le monde distingue toujours tapageusement ceux qui exposent des fantaisies.
D'ordinaire, on observe presque partout la victoire des hommes beaux parleurs qui promettent monts et merveilles. Les créatures leur donnent beaucoup de crédit. Il suffit qu'ils dissimulent la maladie, la faiblesse, l'ignorance ou les défauts des hommes pour mériter leur respect. La situation de celui qui cultive la vérité est tout autre, aussi simple soit-elle. À travers le temps, la société a réservé à ces derniers le feu, le poison, la croix, des punitions implacables.
Pour chercher à fuir l'angoissante situation spirituelle qui est la sienne, l'homme a inventé la « bonne aventure » en imposant aux devins le déguisement doré des réalités noires et dures. Le charlatan le plus habile à la fabrication de brillants mensonges sera le maître de la clientèle la plus nombreuse et la plus pompeuse.
Dans cet échange avec la sphère invisible, il est urgent que les nouveaux disciples se préviennent des dangers de ce genre.
La technique de l'éloge, la disposition à paraître meilleur, la manie de marcher devant les autres, la vanité à convertir des consciences sont de grandes fantaisies. Il ne faut pas croire en cela. Il est plus raisonnable de comprendre que le service d'illu mination est difficile, et qu'il commence par l'effort de régénération de soi. Les amis de la vérité ne sont pas toujours acceptés. Généralement, ils sont pris pour des fanatiques ou des mystificateurs, mais... par bonheur pour nous, la vérité doit être faite tant qu'il est encore temps.
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A chacun
En général, lorsque nous sommes incarnés, nous ne voyons que les estropiés, ceux qui ont perdu leur équilibre corporel, ceux qui se traînent péniblement par terre, et supportent de torturantes imperfections. Nous n'avons pas une vision suffisamment large pour identifier les malades de l'esprit, les infirmes de la pensée, les cœurs brisés.
Là où il n'existerait que des aveugles, la créature finirait par perdre l'intérêt et le souvenir de l'appareil visuel. Pour la même raison, sur la croûte terrestre, où une écrasante majorité de personnes est constituée d'âmes paralytiques, pour ce qui est de la vertu, rares sont les hommes qui ont connaissance de la disharmonie de leur santé spirituelle, et qui sont conscients de leurs incontestables besoins.