L'homme n'a pas encore perçu toute l'étendue de la miséricorde divine dans les processus de rachat et de réajustement.
Parmi les hommes, le criminel est soumis à des peines cruelles, que ce soit par la condamnation à mort ou pour supporter des souffrances prolongées.
La Providence, quant à elle, corrige en aimant... Elle n'envoie pas les coupables dans des prisons infectes et humides. Elle détermine uniquement que les comparses de sinistres drames changent d'habit charnel et retournent à la scène de l'activité humaine pour se rédimer les uns et les autres de leur fardeau.
Pour la sagesse magnanime, ce n'est pas toujours celui qui a failli qui est un scélérat, comme la victime n'est pas toujours pure et sincère. Dieu ne voit pas seulement la méchanceté qui apparaît à la surface du scandale ; il connaît le sombre mécanisme de toutes les circonstances qui ont provoqué un crime.
Le bourreau intégral comme la victime intégrale n'existent pas chez l'homme ; le Père, néanmoins, identifie les besoins de ses fils et les réunit périodiquement par les liens du sang ou dans le filet des engagements édifiants, afin qu'ils apprennent la loi de l'amour entre les difficultés et les douleurs de la destinée grâce à la bénédiction de l'oubli temporaire.
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Orienteurs du monde
Dans les milieux religieux, notamment dans les groupements spirites, il est très commun qu'apparaissent des orienteurs du monde qui réclament des preuves relatives à l'existence de l'âme.
Le temps viendra où de telles requêtes seront devenues puériles, car au fond ces mentors de la politique, de l'éducation, de la science demandent si eux-mêmes existent.
Bien qu'il se rapportât au problème de la réincarnation, la réponse de Jésus à Nicodème correspond parfaitement au sujet ; de sorte que de nos jours, les penseurs poursuivent leurs recherches quant aux réalités essentielles de la vie.
Prions Dieu qu'il assiste l'homme pour qu'il ne continue pas à vouloir pénétrer dans l'édifice du progrès par le toit.
Jusqu'à ce qu'il constate la vérité spirituelle, le médecin profane affrontera des expériences pénibles dans le domaine des réalisations qui le concernent. Dans son approche, l'enseignant, qui se limite à la théorie, se précipitera de nombreuses fois dans les illusions. L'administrateur improvisé restera exposé à d'énormes erreurs, jusqu'à ce qu'il s'ajuste à la responsabilité qui lui incombe.
De ce fait, la réponse de Jésus s'applique avec exactitude aux interrogations des instructeurs modernes. Transformés en investigateurs, ils s'adressent très souvent à nous avec ironie, et réclament la certitude de l'existence de l'esprit ; pourtant, ils guident les autres et s'introduisent dans la vie de nos frères d'humanité. En de telles circonstances et considérant un problème aussi essentiel en soi, il est raisonnable qu'ils ne fassent pas une telle demande, car ils doivent savoir.
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Comme Lazare
Le retour de Lazare à la vie active est un symbole grandiose pour tous les travailleurs de la terre.
Les criminels repentis, les pécheurs qui se tournent vers le bien, ceux qui « clivent » le cristal de la conscience, comprennent le sens merveilleux du verbe « recommencer ».
Non seulement Lazare était heureux de s'enduire à nouveau de la chair périssable, mais aussi de la possibilité de recommencer l'expérience humaine avec de nouvelles valeurs. À la tâche évolutive, chaque fois que l'esprit obtient du Maître divin l'occasion de retourner à la terre, il le détache de vigoureux liens ... l'exonère de l'angoisse, du remords, de la peur... La sensation de funestes impressions où il se trouvait, était un voile épais qui lui couvrait le visage...
Jésus, compatissant, s'exclama au monde :
- « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Ce passage évangélique est marqué d'une profonde beauté.
Précieuse est l'existence d'un homme, parce que le Christ lui permet de rompre ses liens criminels avec le passé, en le laissant retourner à la source de la vie humaine, de manière à reconstituer et à sanctifier les liens de sa destinée spirituelle par le don suprême du recommencement.
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N'oublie pas
L'Evangile de Jean nous dit qu'ils étaient nombreux à se rendre à Béthanie pour s'approcher du Maître, non seulement pour le voir, mais aussi pour découvrir le visage de Lazare, dès lors qu'il avait été retiré de la tombe. Dans ce mouvement de foule, beaucoup y allaient et revenaient transformés, irritant ainsi les cercles pharisiens.
Ce souvenir de l'apôtre nous est précieux.
Pourtant, la situation est la même de nos jours.