Вчера мы перебрались в летний лагерь[14], и я, собирая бумаги, что хотел взять с собой, совершенно случайно нашёл своё метрическое свидетельство, которое считал утерянным, и в нём прочёл, что, оказывается, моё имя не Шарль Жорж, как я всегда полагал, а Жорж Шарль. Уведомляю вас об этом открытии на тот случай, если вдруг вам потребуется, чтобы я вскрыл пакет и извлёк из него бумаги. Хотелось бы знать, не составит ли препятствий перестановка имён, но, кажется, и в этом случае есть способ поправить дело — отправьте мне со следующей почтой второй запечатанный пакет, где вы засвидетельствуете, что в таких-то документах, в которых я значусь под именем Шарль Жорж, вложенных в пакет, датированный 3/15 мая 1835 года в С.-Петербурге и находящийся у меня, вами допущена ошибка: следует читать Жорж Шарль; на втором пакете надобно пометить, что он должен быть вскрыт одновременно с первым, датированным 3/15 мая. Полагаю, тогда эта ошибка не будет иметь никакого значения как исправленная вами же. Дорогой друг, это всего лишь мой совет; возможно, я пишу чушь, но мне всё равно, раз уж мне было даровано отпущение не только уже сделанных глупостей, но и тех, что я могу наделать. (Конечно, в эпистолярном стиле.) Надеюсь, во всём прочем оно мне не потребуется.
Это письмо первое, в котором упоминаются непосредственно хлопоты, связанные с усыновлением Дантеса Геккереном. Метрическое свидетельство, о котором идёт речь в письме, нам неизвестно, но в позднейших бумагах, в частности, в документах военно-судного дела, Дантес значится по-русски как «Барон Георг Карл Де-Геккерен», что соответствует французскому Жорж Шарль, т.е. той именно последовательности имён, которая обозначена в метрическом свидетельстве, обнаруженном Дантесом.
III
Paulofski, le 20 Juin 1835
Mon cher ami, combien je suis heureux; je reçois à la minute une lettre de ma soeur qui m'annonce votre arrivée à Baden Baden et, ce qui est beaucoup plus intéressant pour moi, c'est que vous vous trouvez en parfaite santé. Mon pauvre vieux père est dans l'enchantement. Aussi écrit-il qu'il est impossible de porter plus d'affection que vous m'en portez, que mon portrait ne vous quitte pas un instant; merci, mille fois merci mon cher, et le seul désir qui [ne] me quitte jamais, c'est que vous n'ayez jamais lieu de vous repentir de vos bontés et des sacrifices que vous vous imposez pour moi; et j'espère faire une carrière assez brillante pour pouvoir flatter votre amour propre, persuadé que cela sera pour vous la plus grande récompense que votre cœur désire.
Vous ne pouvez vous imaginer, mon très cher, quelle fête l'on se fait à Soulz de vous voir. L'idée pour eux que vous y passerez quelques jours fait leur bonheur et dans ce moment toutes les têtes sont en fermentation pour savoir comment l'on vous fera passer le temps le plus agréablement possible! Mais rassurez-vous, par bonheur ils m'ont demandé conseil, de sorte que les plaisirs ne seront pas étouffants mais ils seront calmes comme vous les aimez et j'espère que vous [vous] rappellerez avec plaisir de votre séjour au milieu de ma famille qui vous regarde comme son chef.
Moi, depuis 3 semaines, je mène la vie la plus agitée de la terre: exercice sur exercice, grande manœuvre sur grande manœuvre, et avec tout ceci un temps affreux, jamais deux jours de suite le même temps, tantôt une chaleur à étouffer, et d'autres fois tellement froid que l'on ne sait où se mettre. Le 16 Juin nous avons eu une grande parade devant le Prince des Pays-Bas et au milieu de la cérémonie une pluie affreuse. Moi j'ai eu, pour mon compte, tout ce que j'avais de plus neuf dans un état déplorable; on ne pouvait deviner de quelle couleur était mon uniforme tellement il était couvert d'eau et de boue; c'est un plaisir qui coûtera bon à Sa Majesté car toute la garde avait été habillée à neuf pour ce jour. Nous devons quitter le camp dans quelques jours pour aller à Peterhoff pour le 1er Juillet où l'on dit que la fête sera plus brillante que jamais.
Mon cher ami, vous avez toujours des inquiétudes sur mon bien-être qui sont mal fondées; vous m'avez donné avant de partir de quoi me tirer honorablement et commodément d'affaire, surtout quand nous serons de retour en ville. Au camp il est vrai que je suis un peu serré, mais c'est seulement pour quelques mois, mais une fois rentré en ville je serai parfaitement à mon aise, et si je devais avoir un déficit dans ma caisse pendant les manœuvres (ce que je ne pense pas) soyez persuadé que je vous avertirai tout de suite de sorte que votre bon cœur peut être tranquille; si je ne demande rien, c'est que je n'ai besoin de rien.