С семейством Бутурлиных, в доме которых был дан последний бал на масленице 1836 года, Пушкиных связывала давняя дружба, а потому в их доме Пушкин бывал ещё в годы послелицейской юности. Главою дома был генерал-майор Дмитрий Петрович Бутурлин (1790—1849), военный историк, впоследствии директор Публичной библиотеки, трудами которого пользовался Пушкин. Пушкин называл Д.П. Бутурлина, в отличие от других Бутурлиных, Жомини — именем известного французского историка и генерала. О посещении балов у Бутурлина сохранились свидетельства самого Пушкина. Так, 30 ноября 1833 г. Пушкин записал в дневнике: «Вчера бал у Бутурлина (Жомини). Любопытный разговор с Блаем». [Блай, Джон Дункан (1798—1872), полномочный посланник Великобритании в Петербурге]. Через год снова запись по поводу бала у Бутурлина 28 ноября 1834 года: «Бал был прекрасен». О бале у Бутурлина зимой 1835—1836 года и объяснении там в любви Наталии Николаевне тринадцатилетнего сына хозяев бала Петеньки Бутурлина вспоминал граф В.Соллогуб. Комичный этот случай он приводит как пример того, что все были без ума от неё. Про себя самого он писал:«Я с первого же раза без памяти в неё влюбился; надо сказать, что тогда не было почти ни одного юноши в Петербурге, который бы тайно не вздыхал по Пушкиной». Дантес явно не желал тайно вздыхать по Наталии Николаевне, и через некоторое время о его ухаживаниях заговорили в петербургских гостиных.
Тому же Соллогубу принадлежит рассказ, по времени относящийся к февралю 1836 года: «В ту пору через Тверь проехал Валуев и говорил мне, что около Пушкиной увивается Дантес».
XXI
Pétersbourg, le 6 Mars 1836
Mon cher ami, j'ai longtemps tardé à te répondre parce que j'ai eu besoin de lire et de relire bien souvent ta lettre. J'y ai trouvé tout ce que tu m'avais promis: du courage pour supporter ma position. Oui, il est vrai, l'homme a toujours en lui assez de forces pour vaincre ce qu'il a bien envie de vaincre, et Dieu m'en est témoin qu'à la réception de ta lettre mon parti a été pris de te faire le sacrifice de cette femme. Ma résolution était grande, mais aussi la lettre était si bonne, elle était remplie de tant de vérités, et d'une amitié si tendre, que je n'ai pas balancé un instant; et à partir de ce moment, j'ai tout à fait changé ma manière d'être à son égard: je l'ai évitée avec autant de soins que j'en mettais auparavant de la rencontrer; je lui ai parlé avec autant d'indifférence qu'il m'a été possible, mais je crois que si je n'avais pas appris par cœur ce qui tu m'as écrit, le courage m'en aurait manqué. Cette fois, Dieu merci, je me suis vaincu et de cette passion effrénée dont je te parlais dans toutes mes lettres et qui me rongeait depuis 6 mois il ne me reste plus qu'une dévotion et une admiration calme pour l'être qui a fait battre mon cœur aussi fort.
Maintenant que tout est passé, permets-moi de te dire que ton épître a été excessivement sévère, et que tu as pris la chose au plus tragique, et tu m'as puni sévèrement en voulant me faire croire, et en me disant que tu savais bien que tu n'étais rien pour moi, et que ma lettre était remplie de menaces. Si elle avait ce sens, je t'avoue que je suis bien coupable mais cependant mon cœur en est complètement innocent. Mais comment le tien ne t'a-t-il pas dit de suite que je [ne] te ferais jamais volontairement un chagrin, toi qui es si bon et si indulgent pour moi. Il a fallu que tu perdisses toute confiance dans ma raison, c'est vrai qu'elle a été bien basse, mais mon très cher, cependant pas assez pour pouvoir mettre ton amitié en balance et penser à moi avant de penser à toi. Cela serait plus que de l'égoïsme, cela serait de la plus noire ingratitude. Et la preuve de tout ce que je dis, c'est la confiance que je t'ai témoignée, je connais tes principes sur ce chapitre et m'ouvrant à toi je savais d'avance que ce ne serait pas des encouragements que tu m'enverrais. Je te demandais donc de me fortifier par tes conseils, sachant d'avance que cela serait le seul moyen de vaincre un sentiment auquel je m'étais laissé aller et qui ne pouvait pas me rendre heureux. Tu n'as pas été moins sévère en parlant d'elle, en disant qu'elle avait voulu faire le sacrifice de son honneur à un autre avant moi, car vois-tu ceci n'est pas possible. Qu'il y ait eu des hommes qui ont perdu la raison pour elle, je le crois, elle est assez belle pour cela, mais qu'elle les ait écoutés, non! Car elle n'a aimé personne plus qu'elle ne m'a aimé et dans les derniers temps les occasions n'ont pas manqué où elle aurait pu tout me donner, eh bien mon cher ami, jamais rien! au grand jamais!