В четверг 6 августа состоялся долгожданный бал в помещении здания Минеральных Вод, открывший сезон на Островах. Наталия Николаевна с сёстрами были на этом балу, Пушкин, скорее всего, сопровождал их. К этому балу или к одному из последовавших за ним относится рассказ петербургского студента Н.М. Колмакова: «Помню, на одном из балов был и Александр Сергеевич Пушкин со своею красавицею женою, Наталией Николаевной. Супруги невольно останавливали взоры всех. Бал кончился. Наталия Николаевна в ожидании экипажа стояла, прислонясь к колонне у входа, а военная молодёжь, по преимуществу из кавалергардов, окружала её, рассыпаясь в любезностях. Несколько в стороне, около другой колонны, стоял в задумчивости Александр Сергеевич, не принимая ни малейшего участия в этом разговоре…»
И это впечатление стороннего человека, к свету не принадлежащего, было не единственным. Как писал позднее К.К. Данзас, «после одного или двух балов на Минеральных Водах, где были г-жа Пушкина и Дантес, по Петербургу разнеслись слухи, что Дантес ухаживал за женою Пушкина». Последовала и реакция Марии Барятинской, записавшей свои впечатления от очередного бала в Павлине 17 августа: «Вначале я веселилась». Потом следует 13 зачёркнутых строк, где речь явно идёт о Дантесе. После этого запись: «Раухи пригласили Александра Трубецкого и Геккерна сесть за наш стол. Я почти словом с ними не обмолвилась». И снова уже 34 зачёркнутые строчки.
XXIV
Mon cher ami, je voulais te parler ce matin, mais j'ai eu si peu de temps qu'il m'a été impossible de le faire. Hier j'ai passé toute la soirée par hasard en tête-à-tête avec la Dame en question, et quand je dis tête-à-tête, moi seul d'homme au moins pendant une heure entière, chez la princesse Viazemski. Tu peux te figurer mon état, enfin j'ai pris mon courage et j'ai assez bien joué mon rôle et j'ai été même assez gai. Enfin j'ai tenu bon jusqu'à 11 heures, mais alors mon énergie m'a abandonné et il m'a pris une telle défaillance que je n'ai eu que le temps de sortir de la chambre et, arrivé dans la rue, je me suis mis à pleurer comme une grande bête, ce qui du reste m'a beaucoup soulagé car j'étouffais, puis rentré dans ma chambre, je me suis trouvé une fièvre de cheval et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit et j'ai souffert moralement à en devenir fou.
Aussi suis-je décidé à avoir recours à toi et à te supplier de faire ce soir ce que tu m'as promis. Il faut absolument que tu [lui] parles et que je sache définitivement à quoi m'en tenir.
Elle va ce soir chez les Lerchenfeld et, en renonçant à la partie, tu trouveras le moment de lui parler.
Voilà mon avis: je crois que tu dois t'adresser franchement à elle et lui dire, de manière à ce que la sœur ne t'entende pas, que tu as absolument besoin de lui parler sérieusement. Alors demande-lui si, par hasard, elle avait été hier chez les Viazemski; et quand elle t'aura dit que oui, tu lui diras que tu t'en étais douté et qu'elle pouvait te rendre le plus grand service; tu lui diras ce qui m'est arrivé hier, comme si tu avais été témoin de tout ce qui m'était arrivé hier en rentrant, que mon domestique s'était effrayé et était venu te réveiller à deux heures du matin, que tu m'avais beaucoup questionné et que tu n'avais rien pu obtenir de moi et que tu avais été persuadé que j'avais eu une altercation avec son mari, et que c'était pour éviter mon malheur que tu t'adressais à elle (le mari n'y était pas). Cela prouvera seulement que je ne t'ai pas donné de renseignements sur la soirée, chose qui est excessivement nécessaire, car il faut que vis-à-vis d'elle, je me cache de toi et que ce n'est que comme un père qui prend intérêt à son fils que tu l'interroges, alors il ne serait pas mauvais que tu fasses entrevoir dans la discussion que tu crois qu'il y a des rapports beaucoup plus intimes que ceux qui existent, car en se disculpant, tu trouveras l'occasion de lui faire entendre qu'il devrait au moins en exister d'après sa conduite avec moi.
Du reste, le difficile, c'est de commencer et je crois que ceci est très bon car, comme je t'ai déjà dit, il ne faut pas qu'elle se doute nullement de ce coup monté, et qu'elle voie cette démarche comme un sentiment tout naturel qui doit t'inquiéter sur ma santé et sur mon avenir, et tu dois lui demander impérieusement le secret vis-à-vis de tout le monde et surtout vis-à-vis de moi. Cependant il serait prudent de ne pas tout de suite lui demander à ce qu'elle me reçoive, tu pourrais faire cela la fois prochaine, et prends garde aussi de ne pas te servir des phrases qui pourraient se trouver dans la lettre. Je te supplie encore une fois, mon cher, de venir à mon secours, je me remets entièrement entre tes mains car, si cela dure sans que sache où cela doit me mener, j'en deviendrai fou.
Tu pourrais aussi lui faire peur et lui faire entendre que