Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Le vieux censeur le reçut avec un visible intérêt et, cherchant à s'isoler des personnes présentes, il lui a demandé dans un coin de la pièce :

Alors, quelles nouvelles m'apportes-tu ? Tout va bien?

Silain le regardait le regard glacial, comme prisonnier des plus atroces perturbations.

Mais que se passe-t-il ? - a insisté le censeur extrêmement mal à l'aise - es-tu malade? !... Qu'est-il arrivé?...

Fabius Corneille n'a pas pu continuer, parce que sans dire un mot, tel un halluciné pris d'une crise extrême, l'officier a rapidement dégainé son poignard et l'a enfoncé dans la poitrine du censeur qui est lourdement tombé en appelant à l'aide.

Avec sur le visage l'expression d'un fou, Silain Plautius regardait sa victime sans manifester le moindre signe de responsabilité... Dans son indifférence, il fixait le sang du vieil homme politique qui s'échappait de ses blessures à la gorge et à l'omoplate, tandis que le blessé, aux râles de la mort, lui adressait un terrible regard. C'est à cet instant que les nombreux gardes ont encerclé l'ex-protégé de Cneius Lucius, l'éliminant également en quelques secondes. En vain, l'officier voulut résister aux prétoriens et aux autres amis de l'assassiné mais en quelques minutes, il était abattu par les coups d'épée, il payait ainsi l'affront fait à l'État en perpétrant son crime.

La nouvelle a rapidement parcouru toute la ville.

Assisté par les amis qui lui étaient les plus dévoués, Helvidius Lucius eut besoin de rassembler toutes ses forces pour ne pas chanceler sous des coups aussi rudes.

Étant donnée la situation délicate de sa femme, il prit toutes les mesures nécessaires pour que les restes sanglants fussent transportés à sa résidence avec tous les soins requis, afin que le sinistres et douloureux tableau n'aggrave pas la maladie d'Alba Lucinie, dans l'hypothèse où elle se rétablirait après sa syncope prolongée.

Un messager fut rapidement envoyé à Capoue pour appeler immédiatement Caius Fabrice et sa femme à Rome.

Plongé dans les tourments les plus poignants et ne pouvant parler du poids qui oppressait son cœur à qui que ce soit, étant donnée les tragiques circonstances familiales en jeu, le fils de Cneius versait des larmes douloureuses aux côtés de sa femme entre la vie et la mort, tandis que Marcia assumait la direction de tous les protocoles sociaux dans la résidence et s'occupait de ceux qui visitaient les restes des deux personnes disparues.

Alba Lucinie se réveilla mais une expression d'aliénation balayait son regard.

Elle prononçait des paroles inintelligibles alors qu'Helvidius Lucius aurait donné sa vie pour les comprendre. On percevait qu'elle avait perdu la raison pour toujours. En outre, les syncopes se renouvelaient périodiquement, comme si les cellules cérébrales se brisaient lentement, une à une, sous la pression d'une force incoercible...

Obéissant aux impératifs de la situation, le tribun envoya des ordres pour que les enterrements de son beau-père et de son frère adoptif s'effectuent le plus rapidement possible, de sorte qu'une semaine après, Helvidia et son mari arrivèrent de Campanie sans avoir pu assister aux cérémonies funèbres. Ils n'entrèrent dans le foyer paternel que pour s'agenouiller au chevet d'Alba Lucinie qui, depuis la veille, avait sombré dans une affligeante agonie...

La présence de ses enfants apporta au tribun une douce consolation mais, à son esprit lacéré, il se disait qu'il ne pouvait y avoir aucun réconfort possible pour apaiser son cœur humilié et blessé.

Touché dans ses fibres les plus sensibles, il voyait lentement agoniser sa femme comme si un sicaire invisible avait crevé son cœur avec un poignard acéré. Face à la mort, tous ses pouvoirs cessaient, tous ses tendres dévouements s'envolaient. Submergé dans un océan de larmes, tenant les mains froides de sa compagne, Helvidius Lucius n'abandonnait pas la chambre, pas même pour s'occuper de ses enfants qui venaient d'arriver. Pressentant que la mort allait bientôt lui ravir sa femme idolâtrée, il restait à son chevet dominé par les pensées les plus atroces.

De temps en temps, il émergeait de l'abîme de ses réflexions et s'exclamait amèrement comme s'il avait la conviction qu'il était entendu par la mourante :

Lucinie, alors toi aussi tu m'abandonnes ? Réveille-toi, illumine à nouveau ma solitude !... Si je t'ai parfois offensée, pardonne-moi. Mais je n'ai fait que beaucoup t'aimer !... Allez. Réponds. Je vaincrai la mort pour te garder dans mes bras ! Je combattrai tout le monde! Près de toi, j'aurai la force de vivre en réparant les erreurs du passé ; mais que ferai-je seul et abandonné si tu pars pour l'inconnue ? Dieux du ciel ! Les ruines de mon foyer et les ravages de mon bonheur domestique pour me racheter à vos yeux, tout cela ne suffit-il pas ? Compatissez de mon malheur ! Qu'ai-je fait pour payer un si lourd tribut ?

Et contemplant le ciel comme s'il apercevait les divinités qui président aux destins humains, il désignait sa femme agonisante, répétant d'une voix étouffée et douloureuse :

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