Читаем Cinquante ans plus tard полностью

Après une agonie poignante qui dura de longues heures pendant lesquelles la fille d'Helvidius vécut des moments d'ineffable émotion, le généreux Marin quitta le monde, après une longue existence peuplée de cauchemars terribles et pénibles. À la tombée du jour, une larme dans les yeux, il s'est éteint pour toujours. Religieusement, devant quelques rares personnes présentes, Célia lui a fermé les paupières dans un geste d'affection et s'agenouillant, comme si elle avait voulu transformer les brises de l'après-midi en messagères de ses appels au ciel, elle a laissé son cœur se noyer en larmes de nostalgie. Elle supplia Jésus de recevoir son bienfaiteur en son merveilleux royaume et de lui accorder un coin de paix où son âme épuisée pourrait oublier les pénibles tempêtes de l'existence matérielle.

Conformément à sa confession chrétienne, le vieux de Minturnes eut une sépulture plus que modeste que la fille du patricien remplit des fleurs de sa tendresse et se plongea dans l'ombre d'une solitude presque absolue.

Quelques jours plus tard, le préteur lui remit la petite somme que Marin lui avait laissée, et qui représentait un peu plus que ce dont elle avait besoin pour faire le voyage jusqu'à la lointaine Afrique. Par un radieux matin de printemps, portant en elle sa sérénité triste et inaltérable, la jeune femme chrétienne, après une prière longue et angoissante sur les humbles tombes du petit et de l'ancien à qui elle demandait leur protection et leur assistance, elle prit place sur une galère napolitaine qui emportait périodiquement des passagers en partance pour l'Orient.

Le visage mélancolique dans ses vêtements masculins, elle attirait l'attention de ceux qui lui tenaient éventuellement compagnie pendant sa grande croisière en Méditerranée, mais profondément désenchantée du monde, la jeune fille gardait un silence presque absolu.

Le débarquement à Alexandrie se fit sans incidents majeurs. Néanmoins, suivant les recommandations de son bienfaiteur, elle apprit auprès de ses connaissances en ville que le monastère se trouvait à quelques miles de distance et elle dût prendre un guide pour arriver jusqu'au lieu de recueillement.

Le monastère isolé était à plus ou moins dix lieues de la ville, soit un jour de marche presque, malgré les bons chevaux attelés au véhicule.

La fille d'Helvidius se retrouva devant le grand et silencieux édifice à l'heure crépusculaire, enthousiasmée par la vision de sa grandeur parmi la végétation en friche. Elle a ressenti alors un singulier repos mental face à cette imposante solitude qui semblait accueillir tous les cœurs désolés.

Elle tira la corde qui retenait la barrière d'entrée el au même instant elle entendit au loin les sons de lourdes sonnettes dont le bruit étrange semblait vouloir réveiller un géant endormi.

Quelques instants plus tard, les vieilles charnières grinçaient lourdement, laissant entrevoir un homme qui portait une tunique gris-sombre, il avait un visage grave et sombre et ce fut en ces termes qu'il interpella la jeune fille à la physionomie morose transformée en jeune homme :

Frère, que cherchez-vous dans notre retraite de méditation et de prières ?

Je viens de Minturnes et j'apporte une lettre de mon père, adressée à Monsieur Aufide Priscus.

Aufide Priscus ? - a demandé le portier admiratif.

N'est-ce pas lui votre supérieur ?

Vous faites référence au père Épiphane ?

Cela même.

Écoutez-moi - a réfléchi le frère portier complaisant -, n'êtes-vous pas, par hasard, le fils de Marin, le compagnon qui est parti d'ici il y a environ deux ans afin de vous ramener à notre retraite ?

C'est vrai. Mon père est arrivé, il y a bien longtemps dans les ports d'Italie, où nous nous sommes retrouvés, cependant, toujours malade, il n'a pas eu le bonheur de m'accompagner pour revenir à la solitude de vos prières.

Il est mort ? - a demandé l'interlocuteur très surpris.

Oui, il a rendu son âme au Seigneur, il y a plusieurs jours.

Que Dieu le garde sous sa sainte protection !

Une fois qu'il eut dit cela, il s'est mis à réfléchir un instant comme plongé dans de ferventes prières. Puis, il a dévisagé avec beaucoup de tendresse le jeune humble et triste, et s'exclama éloquent :

Maintenant que je sais d'où vous venez et qui vous êtes, je vous salue au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ !

Que le Maître soit loué - a répondu la fille d'Helvidius Lucius avec ses manières simples.

Pardonnez-moi si je vous ai reçu avec prudence, à première vue... Nous traversons une phase intense de pénibles persécutions et les serfs du Seigneur, dans l'étude de l'Évangile, doivent être les premiers à remarquer si les loups viennent à la bergerie portant l'habit de l'agneau.

Je comprends...

Je ne veux pas vous ennuyer avec des questions inconvenantes mais vous prétendez adopter la vie monastique ?

Oui - a répondu la jeune fille timidement -, et le faisant, je n'obéis pas seulement à une vocation innée, mais je satisfais aussi l'une des plus grandes aspirations de mon père.

Etes-vous informé des exigences de cette maison ?

Перейти на страницу:

Похожие книги