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Mais en réalité, une à une il détruit tes richesses. Et tu refuses de mourir, donc d'aimer, et tu nommes ce refus exercice de l'intelligence quand tu es ignare et te donnes tant de mal pour défaire ce qui a été fait, et manger ton bien le plus précieux: le sens des choses.

Et lui en tire vanité, bien qu'il ne soit qu'un pillard puisqu'il ne construit point dans son acte comme construirait celui qui, en même temps qu'il polit sa phrase, forge le style qui lui permettra de polir plus loin. Il obtient un effet de surprise en cassant la statue pour te distraire de ses morceaux, car ce temple tu le croyais méditation et silence, mais il n'est qu'amas de gravier et ne mérite point que l'on meure.

Et quand il t'a enseigné cette opération qui tue les dieux il ne te reste rien pour respirer ni vivre. Car ce qui compte d'abord dans l'objet c'est la lumière dont le colore la civilisation que tu parles. Ainsi de la pierre du foyer qui est amour, et de l'étoile qui est du royaume de Dieu, et de la charge que je te confère qui est de la dignité royale. Et de l'écusson qui est de la dynastie. Mais que ferais-tu d'une pierre, d'une charge, d'un chiffre qui ne seraient point éclairés?

Alors de destruction en destruction tu glisses vers la vanité, car elle demeure seule coloration possible quand il n'est plus que résidu dont tu ne saurais te nourrir. Alors ton objet, son sens, faute d'un autre sens, il faut bien qu'il le tire de toi-même. Et voilà que tu demeures seul à colorer les choses de ta maigre lumière. Car ce vêtement neuf, il est de toi. Et ce troupeau, il est de toi. Et cette demeure plus riche qu'une autre, elle est de toi. Et tout ce qui est d'un autre que toi, ce vêtement, ce troupeau, cette demeure, te devient ennemi. Car il est contre toi un empire opposé et semblable. Te voilà bien obligé dans ton désert de te montrer satisfait de toi-même puisque hors de toi il n'est plus rien d'autre. Et te voilà désormais condamné à crier: «Moi, moi, moi» dans le vide, ce à quoi il n'est point de réponse.

Et je n'ai point connu de jardinier qui fût vaniteux si, simplement, il aimait son jardin.


XCIV


Apparition du dieu qui donne leur couleur aux choses.

Qu'elle s'en aille celle-là, et toutes les choses seront changées. Qu'est-ce que ce gain du jour s'il ne sert plus à embellir l'autre? Tu croyais pouvoir l'user pour saisir, et voilà qu'il n'est rien à saisir. Qu'est-ce que ton aiguière d'argent pur si elle n'est plus de la cérémonie du thé auprès d'elle avant l'amour? Qu'est-ce que la flûte de buis pendue au mur si elle n'est plus pour lui chanter? Qu'est-ce que les paumes de tes mains si elles ne sont plus pour contenir le poids du visage s'il s'endort? Te voilà comme une boutique où ne seraient qu'objets à vendre et qui n'ont point reçu de place en elle et donc en toi. Chacun avec leur étiquette et qui attendent de vivre.

Ainsi des heures du jour qui ne sont plus attente d'un pas léger, puis d'un sourire dans ta porte, lequel sourire est le gâteau de miel que l'amour loin de toi a composé dans le silence et dont tu vas te rassasier. Qui ne sont plus heures de l'adieu quand il faut bien que l'on s'en aille. Qui ne sont plus heures du sommeil où tu répares ton désir.

Il n'est plus temple mais pierres en vrac. Et tu n'es plus. Et comment renoncerais-tu, sachant même que tu oublieras et construiras un autre temple, car la vie est ainsi, qu'un jour, elle reprendra cette aiguière et ce tapis de haute laine et ces heures du matin, du midi et du soir, et de nouveau donnera un sens à tes gains et de nouveau donnera un sens à tes fatigues et de nouveau te fera près ou loin, ou t'approchant, ou t'éloignant, ou perdant, ou retrouvant quelque chose. Car maintenant qu'elle ne sert plus de clef de voûte, tu ne t'approches, ni ne t'éloignes, ni ne perds, ni ne retrouves, ni ne prolonges, ni ne recules quoi que ce soit au monde.

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