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Quand l'incendie menace, on use du contre-feu. J'ai fait de mes guerriers fidèles un cercle de fer et tout ce que j'y ai enfermé je l'ai écrasé. Génération transitoire, qu'importent les bûchers auxquels je t'ai réduite! Il faut sauver le temple de la signification des choses. Car me l'a enseigné la vie, il n'est point de torture véritable dans la chair mutilée ni même dans la mort. Mais le retentissement grandit selon l'envergure du temple qui donne leur sens aux actes des hommes. Et celui-là qui a été formé fidèle à l'empire, si tu le tiens hors de l'empire dans sa prison d'exil, tu le vois qui s'écorche aux barreaux et refuse de boire, car son langage n'a plus de sens. Et qui, sinon lui, s'écorcherait? Et celui-là qui a été forgé selon la morale du père, si son fils a chu dans le torrent et que tu le retiens sur la rive, tu le sens qui se tord dans tes bras pour t'échapper et il hurle, et veut se jeter dans le gouffre, car son langage n'a plus de sens. Mais ce premier, tu le vois enorgueilli et majestueux le jour de la fête de l'empire, et le second, tu le vois resplendir le jour de la fête du fils. Et, ce qui cause tes souffrances les plus graves, c'est cela même qui t'apporte tes joies les plus hautes. Car souffrances et joies sont fruits de tes liens, et tes liens des structures que je t'ai imposées. Et moi je veux sauver les hommes et les contraindre d'exister, même si je les touche par la voie même de ce qui les fait souffrir, comme de la prison qui sépare de la famille, ou de l'exil qui sépare de l'empire, car si tu me reproches cette souffrance à cause de ton goût pour la famille ou pour l'empire, je te répondrai qu'absurde est ta démarche puisque précisément je sauve ce qui te fait être.

Génération transitoire, dépositaire d'un temple que peut-être tu ne sais voir, faute de recul, mais qui fait l'étendue de ton cœur et le retentissement de tes paroles et les grands feux intérieurs de tes joies, à travers toi je sauverai le temple. Qu'importé donc le cercle des guerriers de fer?

On m'a surnommé le juste. Je le suis. Si j'ai versé le sang, c'est pour établir non ma dureté mais ma clémence. Car celui-là qui maintenant me baise aux genoux je le puis bénir. Et il est enrichi de ma bénédiction. Et il s'en va en paix. Mais celui-là qui doute de ma puissance qu'y gagne-t-il? Si je lève les doigts sur lui, versant le miel de mon sourire, il ne le sait point recevoir. Et il va, pauvre. Car ne l'enrichit point dans sa solitude de désormais s'écrier: «Moi, moi, moi…», à quoi il n'est point de réponse. S'il me basculait du haut des remparts, ce n'est point moi d'abord qui leur manquerais. Mais la douceur d'être des fils. Mais l'apaisement d'être bénis. Mais l'eau pure sur le cœur d'être pardonnes. Mais le refuge, mais la signification, mais le grand manteau du berger. Qu'ils s'agenouillent pour que je leur puisse être bon, qu'ils m'honorent dans ma grandeur pour que je les en puisse grandir. Qui donc ici parle de moi?

Je n'ai point fait servir les hommes à ma gloire car je m'humilie devant Dieu, et ainsi Dieu, qui la reçoit seul, les enveloppe-t-il tous en retour de sa gloire. Je n'ai point usé des hommes pour servir l'empire. Mais j'ai usé de l'empire pour fonder les hommes. Si j'ai prélevé comme mon dû le fruit de leur travail, ce fut pour le remettre à Dieu, afin de le répandre en retour sur eux comme un bienfait. Et voici que de mes greniers coule un blé qui est récompense. Ainsi, en même temps qu'aliment se fait-il lumière, cantique et paix du cœur.

Ainsi de toute chose qui concerne les hommes car ce bijou a sens de mariage, ce campement sens de la tribu, ce temple sens de Dieu et ce fleuve sens de l'empire.

Sinon que posséderaient-ils?


On ne bâtit pas l'empire avec les matériaux. On absorbe les matériaux dans l'empire.


XCIII


Il y avait des êtres et la fidélité. Je dis fidélité le lien aux êtres, comme la meunerie, ou l'empire, ou le temple, ou le jardin, car grand celui-là fidèle au jardin.

Vient alors celui qui ne comprend rien de ce qui seul compte et à cause d'une illusion de fausse science qui est de démonter pour connaître (connaître mais non contenir, car manque l'essentiel comme des lettres du livre si tu les as mêlées: ta présence. Si tu mêles tu effaces le poète. Et si le jardin n'est plus qu'une somme tu effaces le jardinier). Celui-là donc découvre comme arme l'ironie qui n'est que du cancre. Car elle est de mêler les lettres sans lire le livre. Et il te dit: «Pourquoi mourir pour un temple qui n'est que somme de pierres?» Et tu n'as rien à lui répondre. «Pourquoi mourir pour un jardin qui n'est que somme d'arbres et d'herbe?» Et tu n'as rien à lui répondre. «Pourquoi mourir pour des caractères de l'alphabet?» Et comment accepterais-tu de mourir?

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