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Je me souvins de ce prophète au regard dur et qui par surcroît était bigle. Il me vint voir et le courroux montait en lui. Un courroux sombre:

«Il convient, me dit-il, de les exterminer.»

Et je compris qu'il avait le goût de la perfection. Car seule est parfaite la mort.

«Ils pèchent», dit-il.

Je me taisais. Je voyais bien sous mes yeux cette âme taillée comme un glaive. Mais je songeais:

«Il existe contre le mal. Il n'existe que par le mal. Que serait-il donc sans le mal?»

«Que souhaites-tu, lui demandai-je, pour être heureux?

— Le triomphe du bien.»

Et je comprenais qu'il mentait. Car il me dénommait bonheur l'inemploi et la rouille de son glaive.

Et m'apparaissait peu à peu cette vérité pourtant éclatante que, qui aime le bien, est indulgent au mal. Que, qui aime la force, est indulgent à la faiblesse. Car si les mots se tirent la langue, le bien et le mal cependant se mêlent et les mauvais sculpteurs sont terreau pour les bons sculpteurs, et la tyrannie forge contre elle les âmes fières, et la famine provoque le partage du pain, lequel est plus doux que le pain. Et ceux-là qui ourdissaient des complots contre moi, traqués par mes gendarmes, privés de lumière dans leurs caves, familiers d'une mort prochaine, sacrifiés à d'autres qu'eux-mêmes, ayant accepté le risque, la misère et l'injustice par amour de la liberté et de la justice, m'ont toujours apparu d'une beauté rayonnante, laquelle brûlait comme un incendie aux lieux du supplice, ce pourquoi je ne les ai jamais frustrés de leur mort. Qu'est-ce qu'un diamant s'il n'est point de gangue dure à creuser, et qui le cache? Qu'est-ce qu'une épée s'il n'est point d'ennemi? Qu'est-ce qu'un retour s'il n'est point d'absence. Qu'est-ce que la fidélité s'il n'est point de tentation? Le triomphe du bien c'est le triomphe du bétail sage sous sa mangeoire. Et je ne compte point sur les sédentaires ou les repus.

«Tu luttes contre le mal, lui dis-je, et toute lutte est une danse. Et tu tires ton plaisir du plaisir de la danse donc du mal. Je te préférerais dansant par amour.

«Car si je te fonde un empire où l'on s'exalte pour des poèmes, viendra l'heure des logiciens qui ratiocineront là-dessus et te découvriront les dangers qui menacent les poèmes dans le contraire du poème, comme s'il existait un contraire de quoi que ce soit dans le monde. Te naîtront alors les policiers qui, confondant amour du poème et haine du contraire du poème, s'occuperont non plus d'aimer mais de haïr. Comme si équivalait à l'amour du cèdre la destruction de l'olivier. Et ils t'enverront au cachot soit le musicien, soit le sculpteur, soit l'astronome, au hasard de raisonnements qui seront stupide vent de paroles et faible tremblement de l'air. Et mon empire désormais dépérira car vivifier le cèdre ce n'est point détruire l'olivier ni refuser l'odeur des rosés. Plante au cœur d'un peuple l'amour du voilier et il te drainera toutes les ferveurs de ton territoire pour les changer en voiles. Mais tu veux, toi, présider aux naissances des voiles en pourchassant, et en dénonçant et en exterminant des hérétiques. Or il se trouve que tout ce qui n'est point voilier peut être dénommé contraire du voilier, car la logique mène où tu veux. Et d'épuration en épuration tu extermineras ton peuple car il se trouve que chacun aussi aime autre chose. Bien plus, tu extermineras le voilier lui-même car le cantique du voilier était devenu chez le cloutier cantique de la clouterie. Tu l'auras donc emprisonné. Et il ne sera point de clous pour le navire.

«Ainsi de celui-là qui croit favoriser les grands sculpteurs en exterminant les mauvais sculpteurs, lesquels, dans son stupide vent de paroles, il dénomme contraire des premiers. Et je dis, moi, que tu interdiras à ton fils de choisir un métier qui offre si peu de chances de vivre.

— Si je t'entends bien, se hérissa le prophète bigle, je devrais tolérer le vice!

— Non point. Tu n'as rien compris», lui dis-je.


CXIX


Car si je ne veux pas faire la guerre et que mon rhumatisme me tire la jambe, il deviendra peut-être pour moi objection à la guerre alors que si je penchais vers la guerre je penserais le guérir par l'action. Car c'est mon simple désir de paix qui s'est habillé en rhumatisme, comme en amour peut-être de la maison ou comme en respect de mon ennemi ou comme en quoi que ce soit au monde. Et si tu veux comprendre les hommes, commence d'abord par ne jamais les écouter. Car le cloutier te parle de ses clous. L'astronome de ses étoiles. Et tous oublient la mer.


CXX


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