Читаем Citadelle полностью

Car l'amour véritable ne se dépense point. Plus tu donnes, plus il te reste. Et si tu vas puiser à la fontaine véritable, plus tu puises plus elle est généreuse. Et l'odeur de cire est vraie pour tous. Et si l'autre la goûte aussi, elle sera plus riche pour toi-même.

Mais cet époux de chair de ta maison, il te pillera s'il sourit ailleurs, et te fera lasse d'aimer.

Et c'est pourquoi je te visiterai. Et je n'ai point besoin de me faire connaître de toi. Je suis nœud de l'empire et je t'ai inventé une prière. Et je suis clef de voûte d'un certain goût des choses. Et je te noue. Et c'en est fini de ta solitude.

Et comment donc ne me suivrais-tu pas? Je ne suis plus autre chose que toi-même. Ainsi de la musique qui construit en toi une certaine structure, laquelle te brûle. Et la musique n'est ni vraie ni fausse. C'est toi qui viens de devenir.

Je ne veux point de toi que tu sois déserte dans ta perfection. Déserte et amère. Je te réveillerai à la ferveur, laquelle donne et ne pille jamais car la ferveur ne revendique ni la propriété ni la présence.

Mais le poème est beau pour des raisons qui ne sont point de la logique puisque d'un autre étage. Et d'autant plus pathétique qu'il t'établit mieux dans l'étendue. Car il est un son à tirer de toi et que tu peux rendre mais non toujours de la même qualité. Il est de mauvaise musique qui t'ouvre des chemins médiocres dans le cœur. Et le dieu est faible qui t'apparaît.

Mais il est des visites qui te laissent endormie d'avoir tant aimé.

Et c'est pourquoi, pour toi qui es seule, j'ai inventé cette prière.


CXXIV


Prière de la solitude.

«Ayez pitié de moi, Seigneur, car me pèse ma solitude. Il n'est rien que j'attende. Me voici dans cette chambre où rien ne me parle. Et cependant ce ne sont point des présences que je sollicite, me découvrant plus perdue encore si je m'enfonce dans la foule. Mais telle autre qui me ressemble, seule aussi dans une chambre semblable, voici cependant qu'elle se trouve comblée si ceux de sa tendresse vaquent ailleurs dans la maison. Elle ne les entend ni ne les voit. Elle n'en reçoit rien dans l'instant. Mais il lui suffit pour être heureuse de connaître que sa maison est habitée.

«Seigneur, je ne réclame rien non plus qui soit à voir ou à entendre. Vos miracles ne sont point pour les sens. Mais il vous suffit pour me guérir de m'éclairer l'esprit sur ma demeure.


«Le voyageur dans son désert, s'il est, Seigneur, d'une maison habitée, malgré qu'il la sache aux confins du monde, il s'en réjouit. Nulle distance ne l'empêche d'en être nourri, et s'il meurt il meurt dans l'amour… Je ne demande donc même pas, Seigneur, que ma demeure me soit prochaine.

«Le promeneur qui dans la foule a été frappé par un visage, le voilà qui se transfigure, même si le visage n'est point pour lui. Ainsi de ce soldat amoureux de la reine. Il devient soldat d'une reine. Je ne demande donc même pas, Seigneur, que cette demeure me soit promise.


«Au large des mers il est des destinées brûlantes vouées à une île qui n'existe pas. Ils chantent, ceux du navire, le cantique de l'île et s'en trouvent heureux. Ce n'est point l'île qui les comble mais le cantique. Je ne demande donc même pas, Seigneur, que cette demeure soit quelque part…

«La solitude, Seigneur, n'est fruit que de l'esprit s'il est infirme. Il n'habite qu'une patrie, laquelle est sens des choses. Ainsi le temple quand il est sens des pierres. Il n'a d'ailes que pour cet espace. Il ne se réjouit point des objets mais du seul visage qu'on lit au travers et qui les noue. Faites simplement que j'apprenne à lire.

«Alors, Seigneur, c'en sera fini de ma solitude.»


CXXV


Car exactement comme la cathédrale est un certain arrangement de pierres toutes semblables mais distribuées selon des lignes de force dont la structure parle à l'esprit, exactement de même qu'il est un cérémonial de mes pierres. Et la cathédrale est plus ou moins belle.

Exactement comme la liturgie de mon année est un certain arrangement de jours d'abord tous semblables mais distribués selon des lignes de force dont la structure parle à l'esprit (et maintenant il est des jours où tu dois jeûner, d'autres où vous êtes conviés à vous réjouir, d'autres où tu ne dois pas travailler, et ce sont mes lignes de force que tu rencontres), exactement de même qu'il est un cérémonial de mes jours. Et l'année est plus ou moins vivante.

Exactement de même qu'il est un cérémonial des traits du visage. Et le visage est plus ou moins beau. Et un cérémonial de mon armée car ce geste-ci t'y est possible mais non cet autre qui te fait rencontrer mes lignes de force. Et tu es soldat d'une armée. Et l'armée est plus ou moins forte.

Et un cérémonial de mon village, car voici le jour de fête, ou la cloche des morts, ou l'heure des vendanges, ou le mur à bâtir ensemble, ou la communauté dans la famine et le partage de l'eau dans la sécheresse, et cette outre pleine n'est point pour toi seul. Et te voilà d'une patrie. Et la patrie est plus ou moins chaude.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Айза
Айза

Опаленный солнцем негостеприимный остров Лансароте был домом для многих поколений отчаянных моряков из семьи Пердомо, пока на свет не появилась Айза, наделенная даром укрощать животных, призывать рыб, усмирять боль и утешать умерших. Ее таинственная сила стала для жителей острова благословением, а поразительная красота — проклятием.Спасая честь Айзы, ее брат убивает сына самого влиятельного человека на острове. Ослепленный горем отец жаждет крови, и семья Пердомо спасается бегством. Им предстоит пересечь океан и обрести новую родину в Венесуэле, в бескрайних степях-льянос.Однако Айзу по-прежнему преследует злой рок, из-за нее вновь гибнут люди, и семья вновь вынуждена бежать.«Айза» — очередная книга цикла «Океан», непредсказуемого и завораживающего, как сама морская стихия. История семьи Пердомо, рассказанная одним из самых популярных в мире испаноязычных авторов, уже покорила сердца миллионов. Теперь омытый штормами мир Альберто Васкеса-Фигероа открывается и для российского читателя.

Альберто Васкес-Фигероа

Проза / Современная русская и зарубежная проза / Современная проза