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Mais si tu renforces son rôle et le charges de peser l'homme, ce que nul au monde ne saurait faire, et de te dépister le mal selon son propre jugement — et non de seulement observer les actes, lesquels actes sont de son ressort — alors comme rien n'est simple, comme la pensée est chose mouvante et difficile à formuler, et qu'en réalité il n'est point de contraires, seuls subsisteront libres et accéderont au pouvoir ceux qu'un puissant dégoût n'écartera point de ta caricature de vie. Car il s'agit d'un ordre qui précède la ferveur d'un arbre que prétendent construire les logiciens et non d'un arbre né d'une graine. Car l'ordre est l'effet de la vie et non sa cause. L'ordre est signe d'une cité forte et non origine de sa force. La vie et la ferveur et la tendance vers, créent l'ordre. Mais l'ordre ne crée ni vie, ni ferveur, ni tendance vers.

Et ceux-là seuls se trouveront grandis qui, par bassesse d'âme, accepteront le petit bazar d'idées qui est du formulaire du gendarme, et troqueront leur âme contre un manuel. Car même si haute est ton image de l'homme et noble ton but, sache qu'il deviendra bas et stupide en s'énonçant par le gendarme. Car il n'est point du rôle du gendarme de charrier une civilisation, mais d'interdire des actes sans comprendre pourquoi.

L'homme entièrement libre dans un champ de force absolu et des contraintes absolues qui sont gendarmes invisibles: voilà la justice de mon empire.


C'est pourquoi j'ai fait venir les gendarmes et leur ai dit:

«Vous ne jugerez que les actes, lesquels se trouvent énumérés dans le manuel. Et j'accepte votre justice car il peut être en effet déchirant que ce mur aujourd'hui ne soit point franchissable, lequel en d'autres occasions protège des voleurs, si la femme assaillie crie de l'autre côté. Mais un mur est un mur et la loi est la loi.

«Mais vous ne porterez point de jugement sur l'homme. Car j'ai appris dans le silence de mon amour qu'il ne fallait point écouter l'homme pour le comprendre. Et parce qu'il m'est impossible de peser le bien et le mal et que je risque pour extirper le mal d'envoyer le bien à la fournaise. Et comment y prétendrais-tu, toi dont précisément j'exige que tu sois aveugle comme un mur?

«Car déjà j'ai appris du supplicié que si je le brûle, je brûle une part qui est belle et se montre seule dans l'incendie. Mais j'accepte ce sacrifice pour sauver l'armature. Car pour sa mort je tends des ressorts que je ne dois point laisser fléchir.»


CXLI


Je commencerai donc mon discours en te disant:

«Toi l'homme, insatisfait dans tes désirs et brimé par la force, toi qu'un autre toujours empêche de croître…»

Et tu ne t'élèveras point contre moi car il est vrai que tu es insatisfait dans tes désirs et brimé par la force et qu'un autre toujours t'empêche de croître.

Et je t'emmènerai combattre le prince au nom de votre égalité.

Ou bien je te dirai:

«Toi l'homme, qui as besoin d'aimer, qui n'existes qu'à travers l'arbre qu'avec les autres tu composes.»

Et tu ne t'élèveras point contre moi car il est vrai que tu te connais le besoin d'aimer et n'existes qu'à travers l'œuvre que tu sers.

Et je t'emmènerai rétablir le prince sur son trône.

Je te puis donc dire n'importe quoi car tout est vrai. Et si tu me demandes comment reconnaître à l'avance laquelle des vérités se fera vivante et germera, je répondrai que c'est celle-là seule qui sera clef de voûte, langage simple et simplification de tes problèmes. Et peu importe la qualité de mes énoncés. Important est d'abord de t'avoir situé ici ou ailleurs. S'il se trouve que ce point de vue éclaire la plupart de tes litiges — et qu'ils ne soient plus — c'est toi-même qui énonceras tes observations et peu importe si, ici ou là, je me suis mal exprimé ou si même je me suis trompé. Tu verras comme je l'ai voulu car ce que je t'ai apporté ce n'est point un raisonnement mais un point de vue d'où raisonner.

Certes, il se peut que plusieurs langages t'expliquent le monde ou toi-même. Et qu'ils se fassent la guerre. Chacun cohérent et solide. Et sans que rien les départage. Sans qu'il soit non plus en ton pouvoir d'argumenter contre ton adversaire car il a raison autant que toi. Car vous luttez au nom de Dieu.

«L'homme est celui qui produit et consomme…»

Et il est vrai qu'il produit et consomme.

«L'homme est celui qui écrit des poèmes et apprend à lire les astres…»

Et il est vrai qu'il écrit des poèmes et étudie les astres.

«L'homme est celui qui trouve en Dieu seul la béatitude…»

Et il est vrai qu'il apprend la joie dans les monastères.

Mais il est à dire quelque chose de l'homme qui contienne tous tes énoncés, lesquels donnent naissance à des haines. A cause que le champ de la conscience est minuscule et que celui qui a trouvé une formule croit que les autres mentent ou sont dans l'erreur. Mais tous ont raison.


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